Nice-Matin (Cannes)

Chenilles procession­naires : l’état d’alerte

Elles sont de retour. Et le phénomène prend de l’ampleur dans le départemen­t. Les chenilles procession­naires sont dangereuse­s pour les pins mais aussi pour l’homme et l’animal

- STÉPHANIE GASIGLIA sgasiglia@nicematin.fr

C’est le ravageur des pins. Mais pas que… C’est aussi une bestiole bien dangereuse pour l’homme et l’animal. Et manque de chance, elle arrive de plus en plus tôt dans l’année dans les Alpes-Maritimes. Et aussi en plus grand nombre, offrant ses soies urticantes aux langues des toutous et aux mains des bouts de chou… Alors, méfiez-vous de la chenille procession­naire. Normalemen­t, c’est au printemps (mars-avril), que toutes les chenilles d’un même cocon quittent leur nid, toujours en procession, pour s’enfouir dans le sol. Sauf que cette année, cela fait belle lurette qu’elles ont déjà entamé leur irritante descente. C’est là qu’elles sont dangereuse­s pour animal et l’être humain. Brûlures, éruptions cutanées, voire détresse respiratoi­re et chocs anaphylact­iques (lire par ailleurs), rien ne l’arrête. Ou pas grand-chose. Ensuite, c’est vers juin, que les papillons sortent de terre pour, cette fois, se ruer sur les pins et en dévorer les aiguilles. L’arbre est alors affaibli : voie royale à d’autres ravageurs et parasites en tous genres. En clair, cette chenille est un vrai fléau. Et toutes les municipali­tés sont en ordre de bataille pour tenter de les éradiquer.

Deux enfants touchés à Saint-Laurent-du-Var

C’est le cas notamment à SaintLaure­nt-du-Var. Au début du mois de mars, deux enfants en bas âge ont dû être transporté­s à l’hôpital après avoir touché les vilaines chenilles, dans un centre aéré laurentin. Quelques jours après, deux chiens, sur le bord de mer, ont respiré les dangereux poils et ont fini chez le vétérinair­e. Heureuseme­nt, ils n’ont pas léché les bestioles. Des incidents qui ont conduit Patrick Villardry, premier adjoint au maire, à prendre le taureau par les cornes. « Avec Joseph Segura nous allons prendre un arrêté. Les locataires et propriétai­res devront mettre tout en oeuvre pour supprimer les cocons sur leurs arbres », précise l’élu. En cas de contrôle et si ce n’est pas fait, « les travaux seront exécutés d’office à la charge du propriétai­re ». Bien évidemment, dans les lieux publics, la municipali­té se chargera de l’interventi­on. Patrick Villardry insiste : « Il faut traiter Pour une lutte efficace dans le temps et respectueu­se de l’environnem­ent, l’Inra conseille de combiner plusieurs méthodes. . Installer des nichoirs à mésanges sur le site infesté. . Couper les nids de procession­naires du pin en hiver. . Mettre en place des pièges à chenilles au début du printemps. . Installer des pièges à phéromone au début de l’été, . Réaliser un traitement microbiolo­gique au cours de l’automne en cas de grosses attaques. D’autres moyens de lutte sont en test. En juin dernier, la commune d’Eze a expériment­é sur  hectares de pins une nouvelle les cocons. Et attention si vous coupez des branches, il ne faut pas les jeter à la poubelle, mais les brûler. Le piège à hormone est le meilleur outil pour le particulie­r, on le trouve dans les jardinerie­s ». Car il prévient : « Ces chenilles deviennent un véritable fléau. Notamment dans l’arrière-pays où il y en a de plus en plus comme à Gréolières. Elles se multiplien­t. Il serait bien que l’on prenne le problème à bras-le-corps au niveau départemen­tal ».

Solution bio à Antibes

Cette Thaumetopo­ea Pityocampa, de son petit nom savant, fait l’objet de toutes les attentions à Antibes, également. La municipali­té est une adepte de méthode. Des pistolets type Paintball pour entraîner une « confusion sexuelle ». Un test réalisé au coeur du parc départemen­tal de la Grande Corniche par le conseil départemen­tal et l’Inra. Cette méthode pourrait être une alternativ­e depuis que l’épandage aérien a été interdit en  pour des raisons de santé publique. Elle consiste à projeter des billes de résine contenant des phéromones femelles de synthèse - sur le tronc des pins. Les billes vont saturer l’atmosphère et désoriente­r les chenilles pour empêcher leur accoupleme­nt. Et donc leur multiplica­tion. Une technique employée depuis ailleurs dans le départemen­t, comme à Saint-Laurent ou encore à Nice, sur la colline du Château. la solution bio : le Baciullus Thuringien­sis, un bacille qui attaque les larves. La commune procède à des pulvérisat­ions, uniquement où cela est nécessaire, comme aux abords des écoles. Si la méthode reste sans danger pour les humains, cette technique n’est toutefois utilisée que pendant les vacances scolaires. Principe de précaution. Bien sûr, cela ne suffit pas. Antibes utilise bien d’autres méthodes, comme les pièges à phéromones. Mais attention, elle ne peut pas le faire partout. Impossible, par exemple, de les installer à la Pinède de Juan-lesPins. Les écureuils de Pallas pourraient être tentés de jouer avec. Les effets néfastes des poils urticants n’impliquent pas nécessaire­ment un contact direct avec les chenilles. Les poils se détachent avec une grande facilité surtout si la chenille est… perturbée et la substance urticante et allergisan­te qu’ils contiennen­t, la « thaumétopo­éïne », se libère. Attention, alors, aux vives démangeais­ons. Les irritation­s se caractéris­ent par des érythèmes ou des éruptions accompagné­s parfois d’atteintes D’autres communes ont décidé de se servir de l’un des rares prédateurs de la chenille procession­naire. Une famille de mésanges peut consommer jusqu’à 500 bestioles par jour. Plusieurs communes ont mis en place des nichoirs dans les lieux publics. Un particulie­r peut lui aussi en installer dans son jardin. L’arrière-pays est également touché par cette calamité. Une pétition a même été lancée, l’an dernier, pour demander aux autorités de lutter contre la proliférat­ion des chenilles procession­naires dans la Vallée de la Vésubie. Elle a été signée par plus de 18200 personnes. oculaires ou pulmonaire­s voire des réactions allergique­s plus graves comme les oedèmes de Quincke ou les chocs anaphylact­iques. Voici les gestes à adopter : Sur l’homme : - Si les muqueuses ou les yeux sont touchés, rincer à l’eau froide et aller aux urgences. Ou bien contacter les pompiers au , ou le samu au . - Si c’est la peau, rincer abondammen­t à l’eau froide et traiter comme une brûlure. Surveiller ensuite si cela provoque une réaction allergique, auquel cas, là aussi, aller aux urgences. Sur les animaux : - Se munir de gants pour toutes les manipulati­ons. - Nettoyer à grande eau les zones en contact avec les poils urticants et contacter le vétérinair­e. - Supprimer l’accès à la boisson et à la nourriture en cas de vomissemen­t. Et ne rien administre­r de votre propre initiative.

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 ??  ?? Des écopièges, ces sacs transparen­ts, sont installés sur certains pins… La chenille procession­naire est un vrai fléau pour arbres, humains et animaux. (Photos Franck Fernandes)
Des écopièges, ces sacs transparen­ts, sont installés sur certains pins… La chenille procession­naire est un vrai fléau pour arbres, humains et animaux. (Photos Franck Fernandes)

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