Nice-Matin (Cannes)

L’emblématiq­ue boutique Cliza baisse le rideau

- AURORE HARROUIS aharrouis@nicematin.fr

Sur les portants, les vêtements trônent encore fièrement malgré les belles remises affichées. Les cintres égrènent gilets, vestes, chemises et pantalons. Quelques paires de chaussures attendent leur Cendrillon. Au fond, les machines à coudre piquent leurs dernières retouches. Un ourlet par ci. Un cintrage par là. Dans quelques jours, il n’y aura plus rien. Cliza fermera ses portes. « Gérer ce magasin, c’était le métier de mon père, Jean-Pierre. Ni ma soeur, Claire, ni moi, ne savons faire ce travail comme il le faisait… », souffle sa fille aînée, Valérie.

À Tiragon depuis 

Après la disparitio­n brutale de Jean-Pierre, en août dernier, c’est pourtant elle qui a repris temporaire­ment la boutique dans la zone commercial­e de Tiragon. Afin de clore de la plus belle manière l’histoire de ce commerce lié à la Côte d’Azur depuis plus de 40 ans. « Tout a débuté le 1er novembre 1973, à Mouans-Sartoux, route Nationale, à la place de l’actuelle Banque populaire », retrace Valérie. À cette époque, Élisabeth et Pierre, les grands-parents de la jeune femme, fabriquent alors des vêtements pour femmes. Pierre est la quatrième génération de tailleurs. Élisabeth, quand ils se rencontren­t, tient un magasin de chapeaux en Suisse. C’est dans ce pays que les Monnin ouvriront leur premier magasin. L’histoire, ensuite, était cousue de fil blanc. Elle se poursuivra comme une évidence avec Jean-Pierre et sa soeur, Liliane. « Au plus fort de l’activité, la famille a eu 6 magasins », précise Valérie. À Lausanne. Genève. Cannes, rue Vagliano. Au Val de Mougins, en 1988. Les vêtements pour femmes d’un côté, ceux pour hommes de l’autre. Avant de les réunir dans la grande boutique de Tiragon, en 1991. Les Monnin fabriquent, font fabriquer et revendent. Seulement des habits de marque, de très bonne qualité et de fabricatio­n européenne.

L’étoffe d’un bon gérant

Déclinés dans toutes les tailles, même les plus grandes. Et quand le tombé n’est pas parfait, les retouches sont assurées. « Mon père faisait toujours très attention aux détails. Mais aussi aux accessoire­s. Il souhaitait que ses clients puissent s’habiller chez lui de la tête aux pieds », se rappelle Valérie. Jean-Pierre avait l’étoffe d’un bon gérant. Ses clients affluaient de tout le départemen­t. Mais de l’étranger aussi. « Je me souviens que l’un d’eux, qui vivait aux îles Fidji, ne s’habillait que chez Cliza », sourit Valérie. Le 31 mars, elle dira au revoir aux dernières employées : les deux Christine, Valérie, Brigitte, Annie… Le 31, quand le grand magasin sera vide, Valérie repartira avec quelques souvenirs. Des anciennes publicités dans lesquelles son père jouait le mannequin pour Cliza. Fière allure. Elle gardera aussi une petite enseigne. Pour y accrocher, en dessous, l’appellatio­n « guest house » quand elle accomplira son rêve d’ouvrir une maison d’hôtes. Comme un clin d’oeil à JeanPierre. Pour que l’histoire de Cliza ne perde pas le fil…

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(Photo A.H.) Valérie Monnin et Brigitte, entre les vêtements à prix remisés.
 ?? (Photo DR) ?? Jean-Pierre Monnin et ses filles, tout au fond.
(Photo DR) Jean-Pierre Monnin et ses filles, tout au fond.

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