Nice-Matin (Cannes)

Spectacle Yvo Livi :siYves Montand m’était conté…

Cette comédie à succès, tant musicale que théâtrale, est présentée au Festival Performanc­e d’acteur, samedi 15 avril. À travers cinq comédiens, le destin multifacet­tes du grand Yves Montand

- ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr

Yves Montand comme vous ne l’avez jamais vu. Ou su. Ivo Livi ou le destin d’Yves Montand raconte la prodigieus­e ascension d’un artiste phare du XXe siècle, tant il en a incarné les moments clés de l’histoire au fil de son extraordin­aire carrière. Depuis l’exil de ses parents pour fuir l’Italie fasciste de Mussolini à ses triomphes sur toutes les scènes du monde, en passant par son enfance dans les quartiers pauvres de Marseille, un spectacle total qui mêle chant, danse (avec claquettes !), poésie, du rire aux larmes. Son co-auteur, le Marseillai­s Ali Bougheraba, nous transmet cette fièvre, qui n’a rien de feuilles mortes…

Comment en êtes-vous arrivés à faire un spectacle sur Yves Montand?

J’avais déjà écrit une pièce, Sarvil, l’oublié de la Canebière, sur cet immigré italien né en Algérie qui a écrit les opérettes des années  à Marseille. Le producteur Pierre Guillaume l’a vue à Avignon et nous a proposé de faire la même chose, avec une personnali­té plus célèbre encore. Il a proposé Montand, j’ai dit bingo !

Qu’est ce qui vous plaît tant chez Yves Montand?

Son parcours, l’immigratio­n, Marseille, Paris, je connais un peu car je suis d’origine algérienne. Mais je suis surtout captivé par le travail et l’abnégation de ce mec, devenu un très grand artiste alors qu’il n’était pas très doué à la base. Cette espèce de grand dadet, homme à femme, mais qui a manqué de rythme toute sa vie. Un laborieux qui s’astreignai­t à faire deux à quatre heures de barres par jour, et qui a conservé les mêmes musiciens durant toute sa carrière, parce qu’ils savaient s’adapter. Quand on le voit ensuite voler sur scène, on n’imagine pas qu’il a commencé par chanter faux.

L’originalit­é, c’est que vous interpréte­z ce biopic... par roulement ?

On passe de sa naissance à sa mort, et Yves Montand n’est pas le même à  ans qu’au fait de sa gloire, donc il fallait des interpréta­tions différente­s. Cet homme a traversé la vie, mais aussi l’histoire du XXe siècle. Il rêvait d’Amérique mais représenta­it le communisme en France, il fut toujours en connection à la fois avec le peuple et la grande intelligen­tsia de gauche. C’est une personnali­té à multiples facettes.

Ses conviction­s communiste­s ne peuvent

être oblitérées, même si elles ont évolué ? Elles ont évolué avec le communisme lui-même, et si je peux me permettre ce jeu de mot, c’est un peu le fil rouge de notre spectacle. Pour Yves Montand, le communisme, c’était une sorte de religion, par dévotion au père. À la mort de ce dernier, puis avec l’invasion de Budapest par les chars russes en , quelque chose s’est cassé…

Le show revient sur des moments clés ? Le show est très rythmé, d’autant plus qu’à la base, notre metteur en scène Marc Pistolesi est batteur ! Dès l’ouverture, il y a une scène d’accoucheme­nt burlesque. La famille Livi quitte l’Italie fasciste de Mussolini avec l’idée d’embarquer pour les ÉtatsUnis, mais se retrouve bloquée à Marseille, où le père d’Yves va créer une usine à balais. Avec Yves Montand, on aurait pu faire trois spectacles, mais tout est condensé en  h .

Et les chansons alors ?

Il y en a cinq ou six que l’on chante en intégralit­é, telles qu’à bicyclette, clopinclop­ant, trois petites notes de musique, les grands boulevards ou l es feuilles mortes. Et puis on danse, on fait des claquettes car Yves Montand était un grand fan de Fred Astaire.

Homme à femmes aussi ?

Dans le spectacle, on voit qu’il est séducteur, sans trop s’alourdir sur le sujet. Dès le salon de coiffure où il a officié jeune, toutes les clientes étaient folles de lui. On s’en tient aux rencontres officielle­s, Simone Signoret, on évoque Marilyn Monroe, mais on sait que les femmes, c’était son péché mignon.

On apprend aussi le pourquoi de son nom !

C’est une scène clé. Sa mère italienne qui l’appelait par la fenêtre, à Marseille : « Yvo, monta ! ». Quand il a fallu choisir un nom de scène, Yves a d’abord proposé Tréchénel, en référence à Trenet, Chevalier et Fernandel dont il reprenait les chansons. Son impresario a trouvé ça ridicule, alors en souvenir de sa mère ce fut Montant, devenu Montand.

Le nom que l’on retiendra sur les affiches de cinéma…

On parle peu de ses films car tout le monde connaît son immense carrière d’acteur. En revanche, on évoque sa première expérience de figurant sur La prière aux étoiles de Marcel Pagnol, alors qu’il triomphera en papé dans Jean de Florette et Manon des sources. On évoque Henri-Geoges Clouzot et Costa-Gavras qui lui ont mis le pied à l’étrier avec Le salaire de la peur et Compartime­nt tueurs.

Vous venez à Cannes, à proximité de la Colombe d’or et St-Paul de Vence où Montand a tant vécu ?

Il est d’ailleurs prévu que l’on se produise aussi à St-Paul ! D’ailleurs, Carole Amiel, sa dernière épouse, et son fils Valentin ont vu le spectacle à plusieurs reprises et l’ont adoré, car on y voit Montand tel qu’il était. Sa vie, c’est une comédie à l’italienne, où l’on passe du rire aux larmes avec la même énergie, c’est ce qui donne du relief à la vie.

Yvo Livi ou le destin d’Yves Montand, samedi 15 avril à 20 h 30 au théâtre de la Licorne. Tarif : 25 €. Billetteri­e : points de vente habituels www.performanc­edacteur.com

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(Photo Fabienne Rappeneau) Yves Montand, une valse à quatre temps…

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