La Guyane au ralenti à la veille de la grève générale
La Guyane, touchée par un vaste conflit social, vivait toujours hier au ralenti, à la veille d’une grève générale lancée par les syndicats (1). Une quinzaine de barrages routiers y freinent la vie économique depuis jeudi. Une levée transitoire de ceux-ci a toutefois été décidée hier, pour permettre aux Guyanais d’aller en voiture se ravitailler en denrées alimentaires, et les commerces ont partiellement ouvert. Soutenus par la classe politique locale, des groupes très disparates nés en quelques jours conjuguent désormais leurs forces sous la bannière du collectif « Pou la Gwiyann Dekolé» («Pour que la Guyane décolle», en créole guyanais). Les Guyanais exigent d’être « enfin entendus » pour améliorer la prise en charge sanitaire, favoriser le tissu économique, la desserte en courant électrique, pour faire baisser le chômage et la déscolarisation qui touche les jeunes. «J’entends les Guyanais» ,a assuré la ministre des Outremer, Ericka Bareigts… qui a cependant remis à plus tard une éventuelle visite: «On pourra aller en Guyane lorsque les conditions seront réunies et que les choses auront bien avancé. » La délégation mandatée par le gouvernement et la préfecture demandent aux manifestants de leur remettre un «cahier de revendications » afin de traiter les demandes. Mais 13 des 22 maires de Guyane ont exigé «la venue des ministres et refusent de rencontrer la mission interministérielle». Une position partagée par le collectif « Pou la Gwiyann Dekolé ». A moins d’un mois du premier tour de la présidentielle, François Fillon, Marine Le Pen, Jean-Luc Mélenchon et Nicolas Dupont-Aignan se sont saisis du conflit. « Nous ne saurions tolérer l’instrumentalisation d’une crise sociale, ni à des fins de trouble à l’ordre public, ni à des fins électoralistes », ont dénoncé en réaction, hier soir, Ericka Bareigts et le ministre de l’Intérieur Matthias Fekl. 1. A noter : Air France et Air Caraïbes ont annulé leurs vols vers Cayenne aujourd’hui.