Nice-Matin (Cannes)

Giroud, outsider n°

Critiqué, sous-estimé, dans le dur à Arsenal et en équipe de France, Olivier Giroud finit toujours par marquer dans les matches officiels. Et à un moment, ça commence à compter

- MATHIEU FAURE

Olivier Giroud a encore marqué dans un match officiel avec l’équipe de France. Pourtant, ça ne suffira sans doute pas à faire basculer la cote de popularité de l’attaquant d’Arsenal du bon côté. À vrai dire, même s’il avait marqué le but vainqueur en finale du dernier Euro, Giroud ferait sans doute encore débat. L’attaquant reste et restera un joueur clivant. L’homme qu’on aime siffler, détester, celui qui doit prendre pour les autres et surtout pour Karim Benzema. Pour beaucoup, le double buteur face au Luxembourg doit sa place en équipe de France à la placardisa­tion de Benzema. Évidemment, il n’en est rien mais les raccourcis clavier ont la belle vie, surtout en football où les réseaux sociaux ont le luxe d’être aussi importants que l’avis du sélectionn­eur en personne. La France 2.0 réclamait Benzema mais surtout Mbappé. Au Luxembourg, c’est Olivier Giroud qui a débuté le match. Le joueur de 30 ans a encore frappé : un doublé dans son pur style. Dans la surface, en une touche. Pas de quoi en faire un joueur intouchabl­e en Bleu puisque certains trouveront toujours à dire « ce n’est que le Luxembourg » mais deux buts qui ont permis à la sélection de prendre trois points. « Il faut composer avec les critiques et avec les personnes qui sont un peu sceptiques. La meilleure solution est de répondre sur le terrain et de montrer une force de caractère, avec beaucoup d’humilité et c’est ce que j’essaye de faire. Je pense qu’on s’y fait. J’ai plutôt eu l’habitude, tout au long de ma carrière, d’aller chercher les choses, de toujours me battre. Rien n’a jamais été facile mais c’est aussi là-dedans que je me suis construit. », a-t-il d’ailleurs répondu à l’issue de la rencontre au micro de TF1. En gros, personne n’a jamais cru en lui.

Deschamps est pragmatiqu­e

Ce qui n’est pas totalement faux. Mais dans ce monde impitoyabl­e, Giroud a toujours pu compter sur le pragmatism­e de Didier Deschamps qui, au final, compte les buts et ce qu’ils rapportent aux Bleus. « C’est son mérite. Le poste d’attaquant est toujours un poste à charge, où beaucoup de critiques peuvent arriver. Parfois c’est injuste, comme avant l’Euro, et il a répondu pendant l’Euro. J’ai discuté avec lui. Il a conscience qu’il ne fait pas sa meilleure saison à Arsenal, et Arsenal non plus ne fait pas sa meilleure saison. Il a été embêté par des blessures, son temps de jeu s’est réduit, et malgré tout il marque des buts, c’est le cas aujourd’hui (samedi). Je lui fais confiance parce que je sais ce qu’il peut faire ». A l’automne, après un Euro plutôt réussi, Giroud avait perdu sa place en club mais aussi en sélection. La faute à des blessures ainsi qu’à un temps de jeu moindre à Arsenal. « Les absents ont toujours tort et quand j’étais blessé, Kevin Gameiro a bien fait le boulot, il faut l’accepter. Voilà, c’est un nouveau chamboule-tout. Ce n’est pas pour autant qu’il faut oublier tout ce qui s’est passé» ,lâchait-il récemment dans les colonnes de L’Equipe Magazine. Devenu remplaçant à Arsenal (8 titularisa­tions en 19 matches de championna­t), Olivier Giroud traverse une saison compliquée, à l’instar de son club. Pour sa cinquième saison à Londres, quelque chose semble s’être cassé avec Arsène Wenger. D’autant que les Gunners ont encore été éjectés de la Ligue des champions au stade des huitièmes de finale et ne gagneront pas le titre non plus (6e à 19 points de Chelsea, le leader). Pour autant, Olivier Giroud ne baisse pas les bras en club, pas plus qu’en sélection où il a toujours su apporter quelque chose. Dans son style, et avec ce profil, il est presque unique en équipe de France. Très bon dans le jeu dos au but, dans les remises et dans les airs, l’ancien joueur de Montpellie­r est aussi un redoutable finisseur dans la surface. Il est l’un des rares Bleus à pouvoir faire remonter le bloc dans une équipe où la vitesse et l’agilité ont pris l’ascendant sur le reste (Griezmann, Dembélé, Mbappé, Martial, Coman). Pour le reste, il suffit de se pencher sur l’idée véhiculée par son tatouage sur le bras : « L’Étoile est mon berger, je ne manquerai de rien ».

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(Photo AFP) Double buteur au Luxembourg, Olivier Giroud n’avait plus marqué en Bleu depuis septembre dernier.

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