Le fléau du XXIe siècle
« Le terrorisme oblige les démocraties à un équilibre difficile entre l’exigence de la sécurité des personnes et celle de leur liberté », écrit Philippe Tronquoy, rédacteur en chef de la revue Cahier français dont le dernier numéro est intitulté « Les Démocraties
face au terrorisme » (1). Il est vrai que depuis les attentas sanglants qui ont frappé Paris et Nice, la France n’avait jamais connu une situation aussi tendue, avec une forte implication de ses unités policières et forces militaires sur tout le territoire national. Pour comprendre comment on en est arrivé là, cet ouvrage collectif se propose d’aborder le terrorisme sous différentes facettes (origines, objectifs et lutte) et le dissèque dans des articles pertinents. Point de départ de cette pandémie du XXIe siècle : 1966-1968 où apparaît une phase de syncrétisme terroriste international, débouchant dans les années 1970-1980 au « terrorisme de la part de groupes très différents par leur nature et leurs objectifs mais qui opèrent ensemble » car ils ont tous un point commun : « leur hostilité aux démocraties occidentales » (cause palestinienne, organisations d’extrême gauche et néofascites, Daesh), analyse Jenny Raflik, un des coauteurs, maître de conférence en histoire à l’université de Cergy-Pontoise. Dès lors la lutte antiterroriste devra s’organiser en France et s’appuyer sur un embryon de coopération européenne. Ainsi sur le sol français sont créées différentes unités d’intervention et le « renseignement » est réorganisé car quelque peu affaibli par « certaines réformes organisationnelles et une coordination insuffisante entre les différentes agences », déplore Philippe Hayez, autre contributeur à la revue, coordonnateur des enseignements sur le renseignement à l’Ecole des affaires internationales de Sciences-Po Paris. Enfin, la lutte antiterroriste a pris un nouveau visage en France avec toute une série de lois modifiant nos Codes pénal (incriminations nouvelles et peines accrues) et de procédure pénale (collecte des renseignements pour prévenir les attentats). En France, il est urgent que l’éradication de cette idéologie soit menée, impérativement à sa source, en annihilant l’endoctrinement par l’affirmation plus vigoureuse de la laïcité dans les banlieues. Mais il ne faut pas négliger le volet financier, et la lutte doit aussi passer par la mise à mal des circuits de financements du terrorisme. Chantal Cutajar, directrice du Groupe de recherches approfondies sur la criminalité organisée à l’université de Strasbourg, explique quelles sont ses diverses sources de revenus et expose la politique menée à l’échelle internationale pour affaiblir ses capacités financières. Et avec l’état d’urgence décrété en France depuis 2015, la lutte contre le terrorisme revêt une dimension militaire. Une situation qui n’était plus arrivée depuis la guerre d’Algérie... Un ouvrage fort bien conçu qui permettra à tous ceux intéressés par leur devenir de bien comprendre les tenants et envisager sereinement les pistes menant aux aboutissants..