Nice-Matin (Cannes)

Estrosi : « Je ne rallierai pas Macron » 

Le président de la Région ne lâchera pas Fillon pour Macron. Mais il ne s’interdit pas la critique

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Des sifflets à son encontre lors du meeting de François Fillon, vendredi soir à Toulon, suivis d’une entrevue dès le lendemain matin avec Emmanuel Macron à Marseille… Il n’en fallait pas plus pour conforter l’idée que Christian Estrosi n’allait plus tarder à rallier le candidat « En marche ! ». Eh bien non ! S’il a reçu Emmanuel Macron, c’est par pure « courtoisie républicai­ne» pour un homme qu’il respecte, « le seul membre du gouverneme­nt à s’être bien comporté avec Nice après le 14-Juillet », indique le président de la Région. «Ce qui ne vaut, dit-il, ni accord électoral ni soutien politique », même s’il incite toujours François Fillon à rassembler davantage.

Comprenez-vous que vos électeurs soient quelque peu déroutés?

Mes électeurs sont ceux qui ont élu le maire de Nice ou le président de la Région et qui représente­nt un éventail bien plus large que le simple électorat des Républicai­ns. Ma priorité a toujours été ma ville, mon départemen­t et ma région. Je suis gaulliste depuis toujours. Je l’étais, je le suis et je le reste. Ma loyauté à l’égard de ma famille politique demeure entière, mais ma fidélité à ma terre passe avant tout.

Que ce soit clair : rallierez-vous ou non Emmanuel Macron ?

Il faut toujours être clair dans la vie politique. Ma famille est celle des Républicai­ns. J’ai soutenu Nicolas Sarkozy à la primaire puis parrainé François Fillon. Et je ne remets pas en cause ce parrainage.

Pour certains élus azuréens, il y avait visiblemen­t un flou qu’ils vous ont demandé de clarifier…

Ma majorité, à Nice comme à la Région, est faite de Républicai­ns, d’UDI, de MoDem et de gens issus de la société civile. Je ne suis pas homme à faire les choses à moitié. Si j’avais voulu soutenir un autre candidat que celui de ma famille politique, je l’aurais fait pleinement et librement. Mais j’ai pris l’engagement de soutenir le vainqueur de la primaire de la droite et je tiens toujours ma parole. François Fillon a gagné cette primaire et, même mis en examen, je le soutiens. Cela de manière désintéres­sée, car je ne cherche pas, comme d’autres, un portefeuil­le ministérie­l. Mon avenir, c’est Nice et rien d’autre. Je rappelle enfin que je fais campagne avec force dans une cellule de riposte au FN. Mon soutien est libre mais exigeant.

Dès début janvier, vous aviez critiqué le projet de Fillon, pas assez social à votre goût…

Les meilleurs soutiens sont ceux qui disent la vérité. Je crois possible la victoire de François Fillon, mais il doit pour cela parler à tous les Français, notamment aux classes populaires et moyennes. Je le redis, le mot social n’est pas un gros mot. L’IVG, par ailleurs, est un droit sacré et il ne faut surtout pas abroger la loi sur le délit d’entrave. Les clés de la

() campagne ne peuvent pas être confiées à la frange la plus extrême de notre famille politique. D’autre part, nous devons aller chercher les voix de droite qui ne sont pas forcément extrémiste­s mais qui sont parties vers Marine Le Pen. François Fillon ne doit plus laisser Marine Le Pen l’attaquer et lui donner des leçons. Il est temps qu’il se rebiffe. Plutôt que de se huer les uns les autres, il faut faire feu sur l’ennemi. Face au FN, il ne faut pas ressembler mais rassembler.

Que répondez-vous à ceux qui pensent qu’entre Eric Ciotti et vous, c’est la guerre pour un ministère ?

Si j’étais attaché aux ors de la République, je n’aurais pas quitté l’Assemblée pour donner la priorité à ma métropole et à ma région. Je ne suis en compétitio­n avec personne. J’ai fait le choix de me consacrer à ma terre et je m’y tiens. Chacun connaît son parcours et chacun sait qui l’a aidé à accéder à des responsabi­lités. Si certains sont sarkozyste­s le lundi, filloniste­s le mardi et juppéistes le mercredi, je me contente d’être fidèle à ma famille politique, sans excès de zèle. Le meilleur service à rendre à Fillon n’est pas d’instrument­aliser les militants pour les faire siffler.

Soyons clairs, encore une fois: vous jugez Eric Ciotti responsabl­e des sifflets contre vous à Toulon ?

En tout cas, ils n’étaient pas spontanés, et je ne pense pas qu’ils aient été suscités par Hubert Falco ou Jean-Claude Gaudin.

PROPOS RECUEILLIS PAR THIERRY PRUDHON

1. Interrogé par Jean-Jacques Bourdin hier matin sur RMC, François Fillon a confirmé vouloir abroger l’extension à Internet du délit d’entrave.

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