Deux ans de prison ferme à un marchand de sommeil
Un ancien assureur, marchand de sommeil récidiviste, a été lourdement condamné hier pour avoir loué à Nice des logements indignes à des étrangers, souvent âgés, en situation précaire
L’affaire dite des meublés du 5-6 rue Beaumont (1), à deux pas d’Acropolis à Nice, a conduit, hier, la justice à condamner Michel Hoff, le propriétaire bailleur, à quatre ans de prison dont deux avec sursis et une mise à l’épreuve. Relaxé pour faux et usage, il a, en revanche, été reconnu coupable pour une kyrielle de délits (abus de biens sociaux, escroquerie...). Il devra verser 10 000 euros d’amende et se voit frapper d’une interdiction de gérer pendant dix ans. La peine de prison du marchand de sommeil récidiviste est aménageable par le juge d’application des peines. Son épouse, coupable de recel d’escroquerie, a été condamnée pour sa part à un an de prison avec sursis.
Le retraité est un récidiviste
Il avait déjà été condamné en 2006 à trente mois de prison dont douze ferme, qu’il a purgés. Et ce, pour « soumission de personnes vulnérables à un hébergement incompatible avec la dignité humaine »... dans les mêmes meublés. Une vingtaine de chambres meublées insalubres, situées dans une bâtisse de la rue Beaumont à Nice, étaient louées 400 euros par mois. C’est Michel Hoff en personne qui a éveillé la curiosité de la justice quand il a déposé plainte contre X en novembre 2012 pour signaler des dégradations imputées à des locataires sans droit ni titre. Et se jeter ainsi dans la gueule du loup. Les policiers de l’Ariane avaient découvert les coulisses de la misère : ventilation obstruée par la crasse et les moisissures, sanitaires cassés, cabines de douches noircies, systèmes électriques pas aux normes... dans des chambres de 9 à 14 m2. Le bailleur, assureur à la retraite, exploiteur de misère, logeant pour la plupart des étrangers dans des situations sociales très précaires, interceptait les courriers de la Caisse d’allocations familiales pour encaisser directement les allocations logement qui venaient s’ajouter aux loyers. Plusieurs locataires, parties civiles, ont obtenu 5 000 euros de dommages et intérêts. « Cet homme a délibérément décidé de ne pas respecter la loi », avait stigmatisé lors de l’audience du 6 mars le procureur David Placette, qui a été suivi dans ses réquisitions. Devant le juge d’instruction, Michel Hoff avait reconnu dégager des logements qu’il louait, près 120 000 euros de bénéfices par an.