Nice-Matin (Cannes)

Deux ans de prison ferme à un marchand de sommeil

Un ancien assureur, marchand de sommeil récidivist­e, a été lourdement condamné hier pour avoir loué à Nice des logements indignes à des étrangers, souvent âgés, en situation précaire

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

L’affaire dite des meublés du 5-6 rue Beaumont (1), à deux pas d’Acropolis à Nice, a conduit, hier, la justice à condamner Michel Hoff, le propriétai­re bailleur, à quatre ans de prison dont deux avec sursis et une mise à l’épreuve. Relaxé pour faux et usage, il a, en revanche, été reconnu coupable pour une kyrielle de délits (abus de biens sociaux, escroqueri­e...). Il devra verser 10 000 euros d’amende et se voit frapper d’une interdicti­on de gérer pendant dix ans. La peine de prison du marchand de sommeil récidivist­e est aménageabl­e par le juge d’applicatio­n des peines. Son épouse, coupable de recel d’escroqueri­e, a été condamnée pour sa part à un an de prison avec sursis.

Le retraité est un récidivist­e

Il avait déjà été condamné en 2006 à trente mois de prison dont douze ferme, qu’il a purgés. Et ce, pour « soumission de personnes vulnérable­s à un hébergemen­t incompatib­le avec la dignité humaine »... dans les mêmes meublés. Une vingtaine de chambres meublées insalubres, situées dans une bâtisse de la rue Beaumont à Nice, étaient louées 400 euros par mois. C’est Michel Hoff en personne qui a éveillé la curiosité de la justice quand il a déposé plainte contre X en novembre 2012 pour signaler des dégradatio­ns imputées à des locataires sans droit ni titre. Et se jeter ainsi dans la gueule du loup. Les policiers de l’Ariane avaient découvert les coulisses de la misère : ventilatio­n obstruée par la crasse et les moisissure­s, sanitaires cassés, cabines de douches noircies, systèmes électrique­s pas aux normes... dans des chambres de 9 à 14 m2. Le bailleur, assureur à la retraite, exploiteur de misère, logeant pour la plupart des étrangers dans des situations sociales très précaires, intercepta­it les courriers de la Caisse d’allocation­s familiales pour encaisser directemen­t les allocation­s logement qui venaient s’ajouter aux loyers. Plusieurs locataires, parties civiles, ont obtenu 5 000 euros de dommages et intérêts. « Cet homme a délibéréme­nt décidé de ne pas respecter la loi », avait stigmatisé lors de l’audience du 6 mars le procureur David Placette, qui a été suivi dans ses réquisitio­ns. Devant le juge d’instructio­n, Michel Hoff avait reconnu dégager des logements qu’il louait, près 120 000 euros de bénéfices par an.

 ??  ?? Une vingtaine de chambres meublées insalubres de la rue Beaumont à Nice étaient louées  euros par mois. Le bailleur percevait en plus les allocation­s logement à l’insu de ses locataires. (Photo François Vignola)
Une vingtaine de chambres meublées insalubres de la rue Beaumont à Nice étaient louées  euros par mois. Le bailleur percevait en plus les allocation­s logement à l’insu de ses locataires. (Photo François Vignola)

Newspapers in French

Newspapers from France