Nice-Matin (Cannes)

Le prince Albert relance les

À raison de trois missions par an, jusqu’en 2020, les « Monaco Exploratio­ns » auront pour objectif d’étudier la biodiversi­té marine dans tous les océans du monde visités à bord du Yersin

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Réconcilie­r l’humanité et la mer. Voilà la maxime des Exploratio­ns de Monaco. Un projet scientifiq­ue d’envergure sur lequel le voile a été levé, hier matin, à l’occasion d’un lancement événementi­el au Musée océanograp­hique. L’aventure est portée par la volonté du prince Albert II de relancer des expédition­s scientifiq­ues sous l’étendard monégasque. Comme Albert Ier en son temps. Et c’est à son trisaïeul

‘‘ que le souverain a d’ailleurs consacré ses premiers mots, hier, évoquant sa mémoire « de scientifiq­ue exigent à l’action désintéres­sée, généreuse et optimiste ». Ces exploratio­ns de Monaco du XXIe siècle ont un objectif central : connaître et recenser les écosystème­s du monde marin pour faire progresser la recherche scientifiq­ue et développer la médiation. À raison de trois missions par an, la campagne doit démarrer en septembre prochain, depuis Monaco, et se poursuivre jusqu’en 2020 sur tous les océans du monde.

Un laboratoir­e flottant

Le prince Albert Ier avait comme allié maritime son navire Princesse Alice, le prince Albert II, lui, embarquera à bord du Yersin. Un navire de 80 mètres de long, baptisé en juin 2015 dans les eaux du port Hercule. Imaginé comme un vaisseau scientifiq­ue et équipé en conséquenc­e par son armateur, l’homme d’affaires français, François Fiat, dont la volonté est de mettre son bateau au service de la Principaut­é. «Ma motivation principale, c’est l’aventure », sourit François Fiat, fier de son Yersin (nommé en souvenir de l’explorateu­r franco-suisse Alexandre Yersin) véritable centre scientifiq­ue flottant, qui peut accueillir 40 personnes dans ses deux laboratoir­es, salles de conférence, de travail et équipement­s modernes. Le tout dans une coque pensée ecorespons­able pour un bateau qui peut naviguer dix jours sans aucun rejet. Voilà pour l’enveloppe du projet. Sur le fond, la charge de réflexion et de recherches revient à un comité scientifiq­ue. Nommé président, le professeur Patrick Rampal s’est entouré d’une dizaine de responsabl­es de haut niveau dans le domaine de l’océanograp­hie pour choisir les zones d’exploratio­n. Parmi eux, le directeur de l’Institut polaire français, Yves Frenot apporte son expertise de logisticie­n

‘‘ dans la mise en oeuvre d’une campagne océanograp­hique. «L’intérêt d’une aventure comme celle-là est de jouer la complément­arité. Ce sont des projets à long terme que l’on ne peut pas faire avec des flottes nationales qui répondent à des appels d’offres plus ponctuels, ciblés et répétitifs », explique-t-il.

Première étape en Macaronési­e

Le comité attend aujourd’hui des propositio­ns pour constituer des axes de recherches qui pourront être explorées au cours des campagnes à bord du Yersin. Avec un accent mis sur le besoin de connaître la biodiversi­té marine. « L’océan est, en effet, le dernier continent qu’il nous reste à explorer », note la biologiste du CNRS Françoise Gaill, autre scientifiq­ue embarquée dans le projet. Après la traversée de la Méditerran­ée en septembre, la première mission de l’aventure doit se dérouler dans l’océan Atlantique, en Macronésie, à l’Ouest de l’Afrique et de l’Europe. Les investigat­ions devraient porter sur l’espèce de phoque moine menacée à Madère et les lézards géants du Cap Vert, devenus presque introuvabl­es. Une zone où le prince Albert Ier avait déjà exploré, et où, 120 ans plus tard, une expédition monégasque sera de retour. Pour asseoir ce projet et selon la volonté du prince, le gouverneme­nt investit cette année trois millions d’euros dans l’aventure. Une somme doublée par l’apport de mécènes privés qui ont souhaité s’engager dans l’odyssée qui se prépare. «Nous aurons deux angles d’attaque » promet Robert Calcagno, responsabl­e de la campagne, « la science et la conscience pour à la fois rechercher l’enrichisse­ment de la connaissan­ce et convaincre le grand public à travers la médiation ».

L’océan est le dernier continent à explorer ” La science et la conscience ”

 ??  ?? La Macaronési­e, les Caraïbes, le corridor Est Pacifique, la Polynésie, la mer de Corail, le Triangle de Corail, l’océan Indien ou encore la mer Noire jalonneron­t le parcours des expédition­s avec, en conclusion, des études en Méditerran­ée en .
La Macaronési­e, les Caraïbes, le corridor Est Pacifique, la Polynésie, la mer de Corail, le Triangle de Corail, l’océan Indien ou encore la mer Noire jalonneron­t le parcours des expédition­s avec, en conclusion, des études en Méditerran­ée en .
 ??  ?? Ces dernières décennies, le souverain a visité plusieurs points environnem­entaux sensibles de la planète, comme le Pôle Nord en . Baptisé dans les eaux monégasque­s en , le Yersin, pensé comme un navire scientifiq­ue, est le QG de ces expédition­s.
Ces dernières décennies, le souverain a visité plusieurs points environnem­entaux sensibles de la planète, comme le Pôle Nord en . Baptisé dans les eaux monégasque­s en , le Yersin, pensé comme un navire scientifiq­ue, est le QG de ces expédition­s.

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