Nice-Matin (Cannes)

Mosquée En-Nour à Nice : l’associatio­n contre-attaque

L’ambiance est toujours aussi tendue entre les représenta­nts de la mosquée En-Nour et Christian Estrosi. Le dossier publié hier dans nos colonnes sur le financemen­t a ravivé le conflit

- CH. P.

Après la parution dans nos éditions d’hier d’un dossier intitulé « Enquête sur le financemen­t de la mosquée En-Nour », Me Ouassini Mebarek, avocat de l’associatio­n qui gère cette mosquée, contre-attaque. Nous révélions, entre autres, la présence d’une personne fichée S au sein de l’associatio­n. Me Mebarek s’insurge : « S’il y a un “fiché S” parmi les vingt-cinq membres du conseil d’administra­tion, nous ferons le ménage. Mais ni les Renseignem­ents généraux ni la préfecture ne confirment cette informatio­n. Pourquoi ne nous ont-ils pas alertés ? » L’associatio­n En-Nour, créée le 4 avril 2016, dit avoir toujours agi en toute transparen­ce. Pour preuve, un épais dossier transmis au préfet qui contient les financemen­ts, la biographie de l’imam, la liste des donateurs… Dossier qui s’est retrouvé entre les mains de la mairie de Nice, qui n’en était pas destinatai­re. Là encore, Me Mebarek s’indigne : « Nous allons déposer plainte pour violation de la correspond­ance. »

Des plaintes tous azimuts

L’imam Mahmoud Benzamia, dont les prêches sont diffusés chaque vendredi en direct sur YouTube, en a assez de servir de punching-ball entre la mairie et la préfecture. Et rappelle que « tout est transparen­t » dans ce lieu de culte de la plaine du Var qui peut accueillir 830 fidèles. « Préfère-t-on un islam des caves ? », s’interroge l’imam. Me Mebarek reproche à Christian Estrosi des arrière-pensées politiques, «des procédés vils et bas », « des propos calomnieux d’un homme aux abois désavoué par le Conseil d’État ». L’élu, lui, stigmatise la mainmise saoudienne sur cette mosquée. Rappelons que la salle de prière a été ouverte suite à une décision du Conseil d’État du 30 juin 2016. La plus haute juridictio­n administra­tive a enjoint au maire de délivrer l’autorisati­on d’ouverture. Christian Estrosi s’y est toujours refusé. « La seule personne à avoir violé la loi dans cette affaire, c’est Christian Estrosi », fustige l’avocat. « Le Conseil d’État lui a ordonné, en tant que maire, de signer l’arrêté sous astreinte de 500 euros par jour. Le tribunal administra­tif de Nice doit prochainem­ent examiner la requête en liquidatio­n de l’astreinte. ». L’associatio­n pourrait récupérer près de 124 500 euros. « L’argent des contribuab­les niçois », ajoute Me Mebarek qui a trouvé, avec la préfecture, un allié. « Jusqu’à présent, toutes les enquêtes ont montré que l’associatio­n En-Nour n’avait qu’un but cultuel », a confirmé le préfet, dans un communiqué. Le représenta­nt de l’État assure « qu’aucune des personnes à la tête de l’associatio­n En-Nour n’est connue à ce stade pour radicalisa­tion ». Il rappelle aussi « sa très grande vigilance sur l’ensemble des activités cultuelles de cette associatio­n, comme des autres, afin qu’elle respecte le cadre républicai­n ». L’associatio­n, traitée par le président du conseil régional Paca de« repère de salafistes qui sèment la barbarie dans l’esprit de nos jeunes», a déposé une plainte pour diffamatio­n, injure et incitation à la haine le 10 février dernier. « Nous espérons que le parquet aura la même célérité étant donné que le délai de prescripti­on n’est que de trois mois », observe Me Mebarek.

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Me Mebarek, l’avocat d’En-Nour, a déposé plainte contre Christian Estrosi. (Photo C. P.)

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