Nice-Matin (Cannes)

Olivier Bettati : « Redessiner la droite de demain… »

- RECUEILLI PAR TH. PRUDHON

Après avoir adhéré adolescent à ce qui était alors le RPR, Olivier Bettati, 47 ans, a fait le grand saut vers le Front national, sans toutefois y adhérer, à l’été 2015. Tout laisse à penser, même s’il ne veut pas encore l’annoncer, que le conseiller régional sera le candidat du FN dans la 4e circonscri­ption des Alpes-Maritimes aux législativ­es.

Cela fera bientôt deux ans que vous avez rallié le FN sans en prendre la carte. Pourquoi ne le faites-vous pas ?

Parce que je suis l’allié divers droite du Front national en Paca. Ça ne choque personne que Les Républicai­ns aient des alliés divers droite, que la gauche ait des alliés divers gauche, moi je suis celui du FN. Il est plus facile ainsi de conserver des relations et de dialoguer avec des élus des Républicai­ns. Depuis quelques semaines, ces contacts se sont multipliés et ils vont continuer à se multiplier. Mon job, c’est ça. Le problème pour Marion Maréchal-Le Pen n’était pas d’avoir une carte de plus dans le départemen­t, mais de pouvoir compter sur un allié.

Le reportage de C sur les coulisses du Front national azuréen et les propos teintés de négationni­sme tenus par Benoît Loeuillet ont donné du grain à moudre à ceux qui disent que le FN n’a pas changé…

Le Front national a vraiment changé. Si ce n’était pas le cas, je n’aurais pas continué ma route avec lui. Ensuite, on juge aussi un parti à sa capacité à réagir en cas de problème. En l’occurrence, Marion MaréchalLe Pen m’a réveillé à  h  du matin folle furieuse et monsieur Loeuillet a été exclu immédiatem­ent. Je considère, comme elle, que l’antisémiti­sme est la pire des choses. Ce qui a été dit est odieux. La caricature d’Emmanuel Macron sur le site des Républicai­ns est du même style. Tout le monde doit lutter contre de telles abominatio­ns.

La grande faiblesse du FN aujourd’hui n’est-elle pas de manquer de cadres et d’ouvrir ses portes aux opportunis­tes ?

En tous les cas, le FN travaille aujourd’hui à avoir des cadres plus structurés. Aux régionales, j’avais trouvé un préfet qui était d’accord pour venir travailler avec nous si nous avions gagné, deux sous-préfets également. C’est un peu compliqué aujourd’hui, mais je vois que l’on monte en qualité dans les cadres. Certains sont arrivés, d’autres vont le faire, c’est un travail de longue haleine qui commence à porter ses fruits.

D’aucuns au sein du FN estiment que les identitair­es y ont pris le pouvoir. Votre sentiment ?

Je pense que c’est ridicule. D’abord parce que ce n’est pas la réalité. Et puis, à la veille d’une élection présidenti­elle, il y a autre chose à faire que de régler ses comptes.

Les échanges aigres-doux entre Marine Le Pen et sa nièce ces derniers jours ?

C’est très surinterpr­été. Et ça reste de la broutille comparé à ce que Christian Estrosi dit d’Eric Ciotti. Au quotidien, tout se passe bien. Quoi qu’on en dise, Marion Maréchal-Le Pen fait le job et elle est très présente dans les meetings.

Vous serez le candidat du FN aux législativ­es dans la circonscri­ption de Menton ?

On n’en est pas encore là. La prochaine échéance est la présidenti­elle. On prendra vite des décisions pour celles qui suivront, mais pour l’instant je n’en ai pris aucune. Ce qui est vrai, c’est que beaucoup d’élus et cadres de droite, avec qui j’ai gardé des relations amicales à l’Est du départemen­t, se demandent si ça ne serait pas bien que je sois candidat. Dans cette circonscri­ption, un certain nombre d’élus ont envie de redessiner la droite de demain avec des gens comme moi. Ils ont envie d’une droite… droite dans ses bottes. Pas de celle que dessine aujourd’hui, par exemple, monsieur Estrosi. Selon nos confrères de l’AFP et du Canard Enchaîné qui publie l’informatio­n dans son édition de ce jour, le directeur de campagne de Marine Le Pen et sénateur-maire de Fréjus, David Rachline, serait visé par une enquête préliminai­re ouverte par le parquet de Lille. Celle-ci porterait sur des soupçons d’emplois fictifs au sein du groupe Front national du conseil régional Nord - Pas-de-Calais, présidé par Marine Le Pen, au cours de la période comprise entre 2010 et 2015. L’hebdomadai­re révèle que David Rachline a été salarié de ce groupe qui comptait alors 18 élus. « Le Front national employait 35 personnes », précise le Canard Enchaîné, qui s’attarde donc sur le cas de l’élu fréjusien. Car au moment des faits, Rachline était lui-même conseiller régional Paca et siégeait aux côtés d’un autre membre de la famille Le Pen, Jean-Marie. Hier soir, peu avant le grand débat présidenti­el auquel il assistait, le directeur de campagne de Marine Le Pen a pu brièvement s’expliquer sur le sujet face aux caméras de BFMTV… « Peut-être que le pouvoir, le système, a trouvé le moyen de mettre sur écoute le directeur de la campagne présidenti­elle de Marine. Ce ne serait pas très étonnant. En tout cas, on voit qu’on essaye d’impliquer l’entourage de Marine. C’est évidemment signé. On sait d’où ça vient. Ça n’a pas beaucoup d’importance là non plus. Plus c’est gros, plus ça passe avec les amis de Monsieur Hollande. » Lors de cette même interventi­on, David Rachline s’est aussi étonné de « l’agenda », ajoutant: « Nous expliquer qu’il est étrange que je travaille avec Marine et que j’ai pu travailler avec elle, j’en tombe de ma chaise. Cela fait au moins dix ans que je travaille avec elle. »

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