Guyane : les manifestants occupent le Centre spatial
La situation paraissait bloquée, hier, après la décision d’une trentaine de délégués de manifestants de se rassembler dans le Centre spatial guyanais (CSP) à Kourou
Nous ne bougerons pas d’ici. La situation est figée, la Guyane est bloquée. Vous êtes bloqués. Nous voulons les milliards que nous avons demandés », a affirmé Manuel Jean-Baptiste, un membre du collectif Pou La Gwiyann dékolé, s’adressant au directeur du Centre spatial guyanais (CSG) Didier Faivre. La situation semblait sans issue, hier, en Guyane, objet d’une grogne sociale sans précédent depuis deux semaines, après la décision d’une trentaine de délégués de manifestants à Kourou d’occuper le CSG, d’où décollent les fusées européennes Ariane.
« Votre bien est notre bien »
Didier Faivre avait accepté de recevoir la délégation, alors que plusieurs milliers de manifestants, se dirigeant vers le CSG pour affirmer leur « détermination », ont été bloqués à l’entrée du centre par un cordon de gendarmes. « Vous nous dites que le CSG est un bien de la République. Nous sommes la République. Votre bien est notre bien », a ajouté Manuel Jean-Baptiste. Les manifestants, dont les revendications sont de nature sociale, économique et sécuritaire, entendent aussi protester contre les propos de Bernard Cazeneuve qui a refusé lundi les exigences financières « irréalistes » de ceux qui, à Paris comme à Cayenne, « réclament des milliards ». Les manifestants étaient réunis depuis 9 h (14 h à Paris) dans cette ville symbole de la « fracture » guyanaise, où l’État, via le centre spatial, investit d’importantes sommes pour ce projet industriel, quand très peu d’infrastructures « sont faites en Guyane pour la population », a expliqué Youri Antoinette, un membre du collectif organisateur. De nombreux manifestants arboraient un t-shirt noir portant l’inscription « Nou bou ké sa » (« On en a marre »).
Un plan de plus d’un milliard d’euros
Lundi, le Premier ministre avait appelé à « poursuivre le dialogue » en Guyane, à l’issue d’une réunion rassemblant une bonne partie du gouvernement sur la situation dans cette collectivité. Au niveau financier, « je ne m’engagerai que sur ce quoi je sais pouvoir tenir », avait-t-il expliqué, douze membres du gouvernement à ses côtés, dont la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, et le ministre de l’Intérieur, Matthias Fekl, de retour de Guyane. Bernard Cazeneuve s’exprimait au lendemain de l’ultimatum des responsables du mouvement, qui avaient exigé dimanche 2,5 milliards d’euros « tout de suite ». Il a détaillé le plan de plus d’un milliard d’euros proposé par le gouvernement, dont les engagements doivent être « actés » aujourd’hui en Conseil des ministres.