Nice-Matin (Cannes)

Christian Estrosi : « Un rêve ! »

Artisan du retour du GP F1 au Castellet, le président de Région prévoit 65 millions d’euros de retombées économique­s par an et des bénéfices considérab­les en terme d’image

- PROPOS RECUEILLIS PAR DENIS CARREAUX dcarreaux@nicematin.fr

Dans un peu plus d’un an, la F fera son retour au Paul-Ricard. Qu’est-ce qui vous a conduit à vous battre pour que notre région retrouve le Grand Prix de France ?

Le Grand Prix de F quittait la France en . Il sera de retour, en effet, dix ans après, ici, chez nous, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, sur le Circuit Paul-Ricard. C’est une très belle victoire pour notre région et, plus que cela encore : c’est une victoire pour notre pays. Durant la campagne, j’avais pris cet engagement de me battre pour ce grand retour. Je savais que le combat serait difficile, mais l’ampleur des enjeux est telle qu’on ne pouvait ne pas engager la bataille. Ce sont des enjeux en termes sportifs naturellem­ent, mais surtout de lourds enjeux en termes de croissance et d’emploi, de rayonnemen­t pour notre région, comme pour notre pays. Au fond, le coeur même de ce que sont désormais les compétence­s de la collectivi­té régionale.

Quels ont été les principaux freins ?

Il y a eu, ces dernières années, un peu avant , des tentatives pour faire revenir le Grand Prix en France, mais aucune n’a abouti. C’est dire si le défi était de taille. N’oublions pas que les régions, les pays eux-mêmes, sont en concurrenc­e pour accueillir des événements d’un tel rayonnemen­t. C’est le défi de l’attractivi­té. Pour réussir, il faut savoir agir en gérant le silence, loin des effets d’annonce. Dès le lendemain de mon élection, j’ai réuni autour de moi une task force qui a travaillé en coulisse, avec le préfet Paul Mourier, mon directeur général des services et ancien préfet du Var, Eric Boullier, de l’écurie McLaren, l’avocat Arnaud Péricard, grand connaisseu­r de ces questions, et Gilles Dufeigneux, ancien délégué interminis­tériel aux grands évènements sportifs. Le  novembre , je me suis rendu en Suisse au siège de la Fédération internatio­nale, pour rentrer Jean Todt, puis Bernie Ecclestone. En quittant ce dernier, dans son regard, dans sa manière de me tendre la main pour me saluer, j’ai compris que nous avions gagné.

Que va y gagner l’image de la Région ?

Un rayonnemen­t incroyable. Un grand Prix de F, c’est une visibilité mondiale. C’est l’opportunit­é formidable de faire rayonner la capacité de notre région à accueillir des événements internatio­naux, avec ce que cela suppose de force de frappe en matière d’accueil touristiqu­e, mais aussi en matière économique. C’est l’ensemble des effets induits considérab­les pour l’attractivi­té économique de l’ensemble du territoire régional qui est en jeu.

Qu’apportera le Grand Prix de France en termes d’emploi et de retombées économique­s ?

Nous avons confié au cabinet Deloitte le soin d’évaluer très concrèteme­nt l’impact économique pour notre région. Les retombées économique­s sont estimées à pas moins de  millions € chaque année : nous avons signé pour cinq ans, cela représente ainsi plus de  M€ injectés dans l’économie régionale. Ce ne sont pas là que des chiffres, mais des emplois : Deloitte, sans même considérer les emplois indirects, estime à plus de  le nombre d’emplois créés dans notre région. Bref, le retour du Grand Prix est au coeur de la bataille pour la croissance et l’emploi que je mène à la tête de l’institutio­n régionale.

Vous souhaitez développer une filière d’excellence automobile. Comment ?

Et c’est là, précisémen­t, qu’il s’agit d’accompagne­r la création d’emplois indirects. Aujourd’hui, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, près d’un millier et demi d’entreprise­s sont liées au secteur automobile. Il s’agit, dès ces prochaines semaines, de les organiser en véritable filière. Activer l’ensemble des compétence­s de la Région, et notamment en matière d’apprentiss­age et de formation afin d’accompagne­r cette dynamique. Mais également d’encourager l’innovation, je pense en particulie­r au véhicule du futur, de manière à attirer l’implantati­on de start-up du secteur automobile dans notre région.

Comment garantir l’équilibre budgétaire du Grand Prix ?

C’est le Groupement d’intérêt public qui aura à présenter le business modèle du grand Prix. Mais les études que nous avons conduites décrivent les grandes lignes d’un équilibre budgétaire qui s’articule autour de l’engagement des partenaire­s et des recettes de billetteri­e.

De nouveaux partenaire­s ont-ils rejoint le projet ?

Je suis frappé par la dynamique et la mobilisati­on qu’a suscitée l’annonce du retour du Grand Prix le  décembre dernier. Les collectivi­tés sont, au premier chef, les partenaire­s naturels d’un projet d’une telle ampleur. Aux côtés de la Région, la Métropole Nice-Côte d’Azur, mais aussi, sous l’impulsion d’Hubert Falco, la Métropole Toulon Provence Méditerran­ée, ou encore le départemen­t du Var fort de l’engagement de Marc Giraud, la Chambre de commerce et d’industrie du Var dont le président, Jacques Bianchi, mesure assez les enjeux économique­s… Bref, les collectivi­tés sont au rendezvous. Mais nous aurons dans les prochaines semaines, des annonces fortes avec l’arrivée de partenaire­s privés.

Que dites-vous à ceux qui s’étonnent que les collectivi­tés investisse­nt dans un tel événement ?

S’en étonner encore, ce serait décidément se tromper d’époque. Chacun mesure assez les enjeux de rayonnemen­t, de dynamique touristiqu­e et économique, pour comprendre la mobilisati­on des collectivi­tés de notre territoire. Deloitte évalue l’effet de levier des financemen­ts publics à  pour , vous réalisez ? Il y a là de tels enjeux pour la croissance économique, pour l’emploi, et les collectivi­tés ne seraient pas au rendez-vous ? Qui pourrait le comprendre ? C’est notre devoir de répondre présent.

Dans un an, nous aurons deux GP F à moins de  km de distance, le Castellet et Monaco, ce qui est unique. Y aura-t-il des échanges entre les deux ?

C’est une chance formidable ! Une chance unique, en effet. De nombreux échanges ont évidemment d’ores et déjà eu lieu entre organisate­urs, afin d’enclencher toutes les synergies. Je suis vraiment frappé, d’ailleurs, par l’enthousias­me des monégasque­s avec ce retour du Grand Prix en France.

Que pensez-vous ressentir dans un peu plus d’un an, au moment du départ du GP de France ?

C’est un rêve ! Et, déjà, je crois, un mélange d’émotion et d’immense fierté pour notre région et pour notre pays. Puis, en quelques secondes après le départ, la passion du sport l’emporte et c’est cette forme d’émotion à nulle autre pareille qui devrait s’emparer de moi comme de chacun d’entre nous.

Quels sont vos plus grands souvenirs personnels sur le circuit Paul-Ricard ?

Je parlais d’émotion à l’instant ! Le premier souvenir qui me vient en tête est un souvenir très personnel. J’ai  ans et c’est sur le circuit Paul-Ricard qu’a lieu ma toute première course en  cm. Je cours sur une Kawasaki et, pour cette toute première, j’arrache une cinquième place. Tout commence ce jour-là, sur ce circuit magnifique. Ce qui nous pousse dans la vie, bien audelà du sport, le moteur qui permet d’avancer, de relever des défis, c’est cette passion que j’ai goûtée ce jour de  sur le Circuit PaulRicard.

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Le pilote Estrosi a pris les commandes du projet de renaissanc­e du Grand Prix de France au Castellet. Une bonne dose de persuasion et énormément de discrétion ont permis d’aller au bout. « Une très belle victoire pour notre région », estime le...
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