Nice-Matin (Cannes)

Attentat de Nice : une informatio­n judiciaire ouverte sur la sécurité

Deux juges d’instructio­n vont enquêter sur le dispositif qui avait été déployé le soir du 14 juillet. Une question essentiell­e pour les victimes et leurs proches

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Le risque avait-il été bien évalué ? Les policiers étaient-ils assez nombreux ? Et si ce n’était pas le cas, qui en est responsabl­e ? Près de neuf mois après l’attaque au camion bélier qui a fait 86 morts sur la plus célèbre avenue de la ville, la promenade des Anglais, beaucoup de questions demeurent auxquelles deux magistrats instructeu­rs ont été chargés de répondre. Une informatio­n judiciaire a donc été ouverte, hier, pour faire la lumière sur le dispositif de sécurité déployé avant l’attentat commis le 14 juillet à Nice, une question essentiell­e pour les victimes et leurs proches qui est au coeur d’une violente polémique entre les autorités locales et le gouverneme­nt.

« Mensonges et omissions »

« C’est une question délicate et importante, il n’y aura pas

trop de deux juges » ,acommenté le procureur Jean-Michel Prêtre qui avait luimême mené une enquête après une première plainte, finalement classée sans suite en janvier : le magistrat avait alors estimé qu’il n’y avait aucune preuve permettant de démontrer une quelconque responsabi­lité pénale de quiconque. Dans les heures qui avaient suivi l’attentat, une intense polémique avait éclaté entre l’ex-maire LR de la ville et premier adjoint en charge de la Sécurité Christian Estrosi et le ministre de l’Intérieur de l’époque Bernard Cazeneuve, autour du dispositif de sécurité mis en place ce soir-là pour protéger la foule de 30 000 personnes venues au feu d’artifice. L’élu accusait notamment l’actuel Premier ministre d’avoir menti sur les forces de police nationale déployées. Neuf mois plus tard, la querelle n’est toujours pas éteinte, et Christian Estrosi a de nouveau dénoncé mardi, évoquant au cours d’un point presse consacré à d’autres sujets, les « mensonges et les omissions du ministère de l’Intérieur qui menacent la sécurité des Français et des Niçois ». «Les caméras se tournaient vers moi pour dire “pourquoi polémiquez-vous ?” Cette question, vous ne me la poserez plus puisque maintenant vous savez que M. Cazeneuve

a menti », a-t-il asséné. Du côté des victimes, dans une ville encore très marquée par l’attaque survenue le 14 juillet, l’ouverture d’une informatio­n judiciaire a été accueillie avec satisfacti­on : « La démarche est la bonne. On n’a pas eu de réponses à beaucoup de nos questions », a salué la présidente de l’associatio­n de proches des victimes de l’attentat, Promenade des Anges, Émilie Petitjean. Le parquet de Nice avait été saisi, après le carnage, des plaintes de 23 victimes ou de leurs familles. Une seule d’entre elle, les parents d’un garçon de 4 ans, a souhaité aller plus loin dans la procédure, déposant une plainte avec constituti­on de partie civile avant Noël. Reprochant au parquet de faire « blocage », leur avocat Me Yassine Bouzrou a également déposé une demande de dépaysemen­t du dossier, sur laquelle le parquet général d’Aix-en-Provence devrait très prochainem­ent se prononcer.

« Dispositif inadapté »

Il demande pourquoi l’hypothèse d’un attentat avec un camion bélier avait été envisagée pour l’Euro 2016 de football, mais pas pour le soir du 14 juillet. « Même dans l’hypothèse étudiée par les autorités d’une attaque à l’arme lourde, le dispositif était de toute façon inadapté compte tenu de la faible présence policière au premier point de sécurisati­on rue Meyebeer – trois policiers dont un adjoint de sécurité de 22 ans – et de leur armement,de simples revolvers », affirme aujourd’hui Me Bouzrou qui accuse : « Il n’y avait pas de barrage au point Meyerbeer contrairem­ent à ce qu’a indiqué Bernard Cazeneuve. »

 ?? (Photo d’archives Jean-François Ottonello) ?? Près de neuf mois après l’attaque au camion bélier qui a fait  morts sur la plus célèbre avenue de la ville, la promenade des Anglais, beaucoup de questions demeurent auxquelles deux magistrats instructeu­rs ont été chargés de répondre.
(Photo d’archives Jean-François Ottonello) Près de neuf mois après l’attaque au camion bélier qui a fait  morts sur la plus célèbre avenue de la ville, la promenade des Anglais, beaucoup de questions demeurent auxquelles deux magistrats instructeu­rs ont été chargés de répondre.

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