Nice-Matin (Cannes)

Kyan Khojandi: moins Bref, mais tout aussi bon!

Cannes L’humoriste nous avait régalés de ses pastilles courtes sur Canal +. Il vient à Performanc­e d’Acteur avec Pulsions, premier one-man-show à succès: 1 h 30 de rire au lieu de 1,30 mn

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En 2012 sur Canal +, il avait déjà prouvé qu’on peut faire Bref, mais bon… Même avec une prestation entre lose et résignatio­n. Adulé des réseaux sociaux, Kyan Khojandi allonge la durée de son show, et fait grandir (un peu) son anti-héros. Un quotidien qui prête toujours à rire, où l’ordinaire ne devient pas banal. Question de Pulsions, son spectacle façon stand-up, qu’il nous livre pour Perf’ d’acteur. Après un rendez-vous décalé, on le réveille en pleine sieste (avec la cuisine, ce qu’il aime cultiver de ses racines iraniennes) durant un jour de repos. Mais Kyan sort volontiers de sa torpeur pour répondre à nos questions… lorsque son jeune chien ne tire pas sur la laisse. Bref…

On vous sort du sommeil ?

Eh oui, je ne suis pas un menteur, j’aime dormir un peu vers  h quand je suis au repos, ce sont mes origines iraniennes. Quant à la cuisine, je suis en train de l’apprendre avec ma mère.

Parlons-en de vos origines, à l’heure où l’on débat tant des migrants…

Je suis un fils de migrant, et alors ? C’est un faux problème, du grand n’importe quoi. Je comprends le mécanisme de la peur, mais il ne faut pas la déplacer là où elle n’a pas lieu d’être. La plupart de ces gens qui arrivent n’ont pas le choix. Moi, je sers d’exemple, rien qu’avec mon nom ! Je ne suis pas forcément activiste, mais j’aide une associatio­n, le Recho, qui distribue des repas de chef dans les camps de réfugiés. Je les soutiens comme je peux.

Et puisn, sur scène, vous exposez vos Pulsions ?

Comme dans Bref, je parle de moi, de manière introspect­ive. Mais c’est une façon agréable d’évoquer des tabous tels que le sexe, la bourse, l’amour, la vengeance, la violence… tout ce qu’on n’assume pas trop.

Du stand-up, à l’image de ces artistes américains que vous avez admiré plus jeune ?

Je suis un grand fan, c’est un art majeur. Arriver sur scène sans artifice, juste avec des idées, et sortir de sa bulle avec bienveilla­nce… Le rire, c’est ce qu’il y a de plus apaisant en cette période trouble. Un an et demi que je tourne avec ce spectacle, et je reçois un très bel accueil.

Dans votre rôle d’antihéros ?

Je vais vous révéler un truc : le héros n’existe pas, ce sont les actes qui sont héroïques. Même un super-héros en collant qui sauve un building, s’il attend  minutes à la Poste, vous verrez ! La normalité, ce sont plutôt les échecs, mais leur répétition peut mener à la réussite, si on sait y mettre un terme. Souvent, les gens qui ratent deviennent bons. Alors avec le public, je ne triche pas, j’assume qui je suis, tout ça.

Et la notoriété qui vous accompagne depuis Bref ?

Je suis très serein, parce que ce fut soudain, mais j’ai attendu dix ans, et j’ai un entourage sain. Mais c’est hypertouch­ant d’être reconnu pour le boulot que l’on fait.

Vous qui avez galéré avant, vous dites que «le RSA, c’est le dernier rempart de la dignité » ?

Oui. Aujourd’hui, je suis très heureux, l’argent donne un goût d’huile d’olive à la vie. Mais le RSA reste un bastion de notre société pour protéger les trop faibles, et il faut se battre pour conserver ce droit de rebondir après des moments difficiles.

Vous, vous êtes passé du droit en Fac… au devoir de rire ?

J’ai toujours été quelqu’un de passif alors, pour mes études, je ne savais pas. Et puis quand j’ai découvert un jour le Cours Simon, je me suis dit : «Ah, en fait, avant, je me faisais chier ! Ici, on ne fait que rire tout le temps ! ». Je me suis mis à lire Pinter, La Fontaine, Feydeau, Ionesco… Je suis devenu un geek de la comédie, et mon cerveau est entré en effervesce­nce. Comme si, avant, j’étais en veille !

Vous avez aussi expériment­é votre talent sur vos premiers collègues dans une banque. Vous pourriez faire rire Macron ?

(Rires) Je ne sais pas, c’est un financier ? Travailler dans une banque, c’était mon vrai challenge ! Mais c’est vrai que je ne fais pas beaucoup de sketches politiques…

Vous prenez toujours un thé vert détox et un Kinder au p’tit déj ?

Ah, c’est vieux ça. Là, je suis plus céréales müesli et bol de fromage blanc, c’est hypertenda­nce…

On vous attend aussi au cinéma dans l’adaptation d’Au revoir làhaut par Albert Dupontel ?

J’ai un troisième rôle, mais ce n’est pas un petit rôle. Je voulais vraiment travailler avec Albert, c’est une de mes inspiratio­ns, il a une folle passion. Après, j’ai lu le bouquin et rencontré Pierre Lemaître, c’est une grande intelligen­ce. J’aimerais vraiment faire mon film au cinéma, je laisse maturer.

Le Festival de Cannes ?

Je l’ai vécu trois fois. Une derrière les barrières de sécurité, une au Grand Journal délocalisé, une pour discuter boulot. Je connais bien le faux badge autour du cou, pour entrer sur une plage. Mais je n’ai jamais été trop Michel Paillettes ! Sur les marches, j’aimerais y emmener ma mère…

 ?? ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr ?? Kyan Khojandi, à Cannes pour Perf’ d’acteur: « Se cacher derrière le rire, c’est toujours une forme de pudeur ». (DR)
Pulsions, de Kyan Khojandi, dimanche 16 avril à 20h30 au théâtre Debussy pour Performanc­e d’Acteur Tarifs : 26 et 30 euros.
ALEXANDRE CARINI acarini@nicematin.fr Kyan Khojandi, à Cannes pour Perf’ d’acteur: « Se cacher derrière le rire, c’est toujours une forme de pudeur ». (DR) Pulsions, de Kyan Khojandi, dimanche 16 avril à 20h30 au théâtre Debussy pour Performanc­e d’Acteur Tarifs : 26 et 30 euros.

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