Un Festival “Joyeux et humain”
Le 70e Festival de Cannes (17-28 mai), dont la sélection officielle a été présentée hier, sera selon Pierre Lescure « Un moment suspendu ». On y parlera quand même de géopolitique et d’écologie
Comme le veut la tradition, c’est à Paris que Pierre Lescure et Thierry Frémaux, respectivement président et délégué général du Festival de Cannes, ont présenté hier la sélection officielle de la 70e édition, qui se déroulera du 17 au 28 mai prochains. Une sélection très attendue par la planète cinéma, mais qui a laissé un petit goût déceptif. Pour le 70e anniversaire du plus grand festival du monde, on s’attendait à quelque chose de grandiose. Or, même si elle doit encore être complétée de quelques films, c’est une sélection en demiteinte qui a été présentée hier. Aucun des grands films attendus d’ici la fin de l’année, comme le nouveau Alien, Dunkerque de Christopher Nolan, Blade Runner 2049 de Denis Villeneuve, Detroit de Katheryn Bigelow, Valerian de Luc Besson ou le prochain Starwars ne sera à Cannes. Idem pour quelques films français attendus comme ceux de Xavier Beauvois, Bruno Dumont, Claire Denis, André Téchiné ou du vétéran Jean Luc Godard qui devront se contenter des sélections parallèles (Quinzaine ou Semaine de la critique). Les traits tirés et moins à l’aise qu’à son habitude, Thierry Frémaux a expliqué que la sélection avait été «plus tendue et intense que d’habitude », que les films étaient arrivés « tardivement »et qu’elle s’était terminée « à 3 heures du matin ».
Première projection en réalité virtuelle
Entre compétition, Certain Regard, Hors compétition, Séances de minuit, Séances spéciales et Événements, 39 films ont été retenus sur plus de 1 900 visionnés. La France y est comme toujours bien représentée. Elle fera même l’ouverture avec Les Fantômes d’Ismaël d’Arnaud Desplechin. En l’absence de blockbusters, les États-Unis seront tout de même bien présents avec notamment Sofia Coppola (Les Proies), Todd Haynes (Wonderstruck) et quelques castings glamour pour les montées de marches (voir par ailleurs). Grosse présence aussi des pays de l’Est (Russie, Ukraine, Hongrie, Bulgarie), mais pas de Roumains cette année (2016 avait été leur année). Côté asiatique, la Corée et le Japon s’accrochent, mais toujours rien du côté de la Chine et de l’Inde. Coincé entre les élections présidentielles et législatives, ce 70e Festival essaiera d’être «Un moment suspendu, joyeux, festif et humain » selon les termes de Pierre Lescure. Qui a toutefois indiqué que les mesures de sécurité de
l’année dernière seraient reconduites, état d’urgence oblige.. Il sera aussi très politique et engagé, avec l’ex vice-président des ÉtatsUnis Al Gore qui viendra présenter son nouveau plaidoyer écologique (Une suite qui devrait surtout déranger Donald Trump), plusieurs films, dont celui de l’actrice Vanessa Redgrave, traitant du problème des réfugiés, et des migrants, et celui du vétéran Claude Lanzmann (Shoah) sur la Corée du Nord, intitulé Napalm .« Ce n’est pas nous qui sommes politiques,
ce sont les auteurs », s’est défendu d’avance Thierry Frémaux. Enfin, parmi les nouveautés de l’année, on notera l’arrivée en force des séries télé, avec la présentation de l’intégrale de la deuxième saison de Top of the Lake de Jane Campion et de deux nouveaux épisodes de Twin Peaks, réalisés par David Lynch. Après le numérique et la 3D, le festival inaugurera aussi la première projection officielle en Réalité Virtuelle : celle Chair et sable d’Alejandro G. Inarritu. Un court-métrage de 7 minutes, dont Thierry Frémaux a dit être ressorti « tremblant et impressionné ». On espère l’être de même par les autres films de cette édition anniversaire.