Ciotti apporte son soutien aux surveillants de prison
Le président du Département a reçu les représentants des maisons d’arrêt de Nice et Grasse, hier, au moment où un mouvement de colère embrase Fleury-Mérogis et Villepinte
Autre région, même malaise. Alors que le mouvement de colère des surveillants embrase les prisons de Fleury-Mérogis et Villepinte en Ile-de-France, la tentation de leur embrayer le pas est vive sur la Côte d’Azur. « Une grosse tentation, confirment les représentants syndicaux des maisons d’arrêt de Nice et Grasse. C’est sous le coude. Et ça peut se développer très rapidement... » Ils sont sept, hier après-midi, réunis à la table d’Eric Ciotti, au conseil départemental des Alpes-Maritimes. À dix jours du premier tour de la présidentielle, celui qui s’est imposé comme le « Monsieur Sécurité » des Républicains n’a pas manqué l’occasion d’inviter les surveillants en colère. D’entendre leurs doléances. Et d’apporter son soutien à ce « mouvement syndical qui s’organise partout en France ». C’est peu dire qu’Eric Ciotti joue en terrain connu. En 2011, le député azuréen remet à Nicolas Sarkozy un rapport sur l’exécution des peines, grand plan prison à l’appui. Voilà quelques semaines, il récidive en confiant à François Fillon cent propositions pour réformer les politiques sécuritaire et pénale. Plus que jamais, il dresse un portrait au vitriol de l’état des prisons françaises. Ces prisons à l’aune desquelles se juge une société, comme l’écrivait Albert Camus.
« Des cocottes-minute »
« Les établissements pénitentiaires sont soumis à une pression insupportable qui menace les personnels », assène Eric Ciotti. Et de brandir les chiffres locaux pour « souligner la gravité de la situation » : près de 200 % d’occupation à Nice, 120 % à Grasse. « La densité carcérale explose. Et la région Paca est la troisième où la surpopulation carcérale est la plus élevée, insiste Hervé Segaud, représentant FO à la maison d’arrêt de Grasse. En parallèle, on VÉHICULES ET CABINES* souffre du manque d’effectifs. L’équation? Elle est simple: plus de détenus, moins de surveillants, cela se traduit par l’asphyxie des établissements pénitentiaires ». Les agressions à répétition, comme celles qui ont mis le feu aux poudres à Fleury, ces agents connaissent. « On travaille dans l’insécurité *Offre soumise à conditions, renseignements et réservations dans votre agence de voyages ou sur www.corsica-ferries.fr permanente », déplore Cyril Lecharpentier, du syndicat SPS Nice. « Tous les établissements deviennent des cocottes-minute », renchérit David Mantion, de l’Ufap Unsajustice. Quant à prévenir la radicalisation ? « Impossible, ubuesque, tonne Nordine Souab, délégué du même syndicat à Nice. Cela fait des années qu’on n’a pas le temps de faire de la réinsertion. À peine de la garde! Alors, surveiller les changements de comportement... » Au moins, Eric Ciotti reconnaît au garde des Sceaux le mérite d’avoir lancé un plan de modernisation des prisons, « même si c’est un plan virtuel ». Il approuve le projet de Jean-Jacques Urvoas pour les Alpes-Maritimes (nouvelle prison à La Gaude, rénovation de Nice). Et tacle une fois de plus Christiane Taubira. Pour sa part, le zélé lieutenant filloniste appelle à « installer en France une nouvelle politique pénitentiaire. Ces agents sont un maillon essentiel de la politique de sécurité ! À ce titre, ils doivent bénéficier du soutien et des moyens qui vont avec. » Message bien reçu par les surveillants. Lesquels, las des promesses préélectorales sans lendemain, attendent à présent des actes.