Nice-Matin (Cannes)

Ciotti apporte son soutien aux surveillan­ts de prison

Le président du Départemen­t a reçu les représenta­nts des maisons d’arrêt de Nice et Grasse, hier, au moment où un mouvement de colère embrase Fleury-Mérogis et Villepinte

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Autre région, même malaise. Alors que le mouvement de colère des surveillan­ts embrase les prisons de Fleury-Mérogis et Villepinte en Ile-de-France, la tentation de leur embrayer le pas est vive sur la Côte d’Azur. « Une grosse tentation, confirment les représenta­nts syndicaux des maisons d’arrêt de Nice et Grasse. C’est sous le coude. Et ça peut se développer très rapidement... » Ils sont sept, hier après-midi, réunis à la table d’Eric Ciotti, au conseil départemen­tal des Alpes-Maritimes. À dix jours du premier tour de la présidenti­elle, celui qui s’est imposé comme le « Monsieur Sécurité » des Républicai­ns n’a pas manqué l’occasion d’inviter les surveillan­ts en colère. D’entendre leurs doléances. Et d’apporter son soutien à ce « mouvement syndical qui s’organise partout en France ». C’est peu dire qu’Eric Ciotti joue en terrain connu. En 2011, le député azuréen remet à Nicolas Sarkozy un rapport sur l’exécution des peines, grand plan prison à l’appui. Voilà quelques semaines, il récidive en confiant à François Fillon cent propositio­ns pour réformer les politiques sécuritair­e et pénale. Plus que jamais, il dresse un portrait au vitriol de l’état des prisons françaises. Ces prisons à l’aune desquelles se juge une société, comme l’écrivait Albert Camus.

« Des cocottes-minute »

« Les établissem­ents pénitentia­ires sont soumis à une pression insupporta­ble qui menace les personnels », assène Eric Ciotti. Et de brandir les chiffres locaux pour « souligner la gravité de la situation » : près de 200 % d’occupation à Nice, 120 % à Grasse. « La densité carcérale explose. Et la région Paca est la troisième où la surpopulat­ion carcérale est la plus élevée, insiste Hervé Segaud, représenta­nt FO à la maison d’arrêt de Grasse. En parallèle, on VÉHICULES ET CABINES* souffre du manque d’effectifs. L’équation? Elle est simple: plus de détenus, moins de surveillan­ts, cela se traduit par l’asphyxie des établissem­ents pénitentia­ires ». Les agressions à répétition, comme celles qui ont mis le feu aux poudres à Fleury, ces agents connaissen­t. « On travaille dans l’insécurité *Offre soumise à conditions, renseignem­ents et réservatio­ns dans votre agence de voyages ou sur www.corsica-ferries.fr permanente », déplore Cyril Lecharpent­ier, du syndicat SPS Nice. « Tous les établissem­ents deviennent des cocottes-minute », renchérit David Mantion, de l’Ufap Unsajustic­e. Quant à prévenir la radicalisa­tion ? « Impossible, ubuesque, tonne Nordine Souab, délégué du même syndicat à Nice. Cela fait des années qu’on n’a pas le temps de faire de la réinsertio­n. À peine de la garde! Alors, surveiller les changement­s de comporteme­nt... » Au moins, Eric Ciotti reconnaît au garde des Sceaux le mérite d’avoir lancé un plan de modernisat­ion des prisons, « même si c’est un plan virtuel ». Il approuve le projet de Jean-Jacques Urvoas pour les Alpes-Maritimes (nouvelle prison à La Gaude, rénovation de Nice). Et tacle une fois de plus Christiane Taubira. Pour sa part, le zélé lieutenant filloniste appelle à « installer en France une nouvelle politique pénitentia­ire. Ces agents sont un maillon essentiel de la politique de sécurité ! À ce titre, ils doivent bénéficier du soutien et des moyens qui vont avec. » Message bien reçu par les surveillan­ts. Lesquels, las des promesses préélector­ales sans lendemain, attendent à présent des actes.

 ??  ?? Eric Ciotti, hier au conseil départemen­tal, avec les représenta­nts syndicaux des surveillan­ts de Nice et Grasse. (Photo C. C.)
Eric Ciotti, hier au conseil départemen­tal, avec les représenta­nts syndicaux des surveillan­ts de Nice et Grasse. (Photo C. C.)

Newspapers in French

Newspapers from France