Nice-Matin (Cannes)

Roxane, youtubeuse et pâtissière aux   fans De la bulle à la réalité Youtube, job à plein-temps

Ancienne candidate de l’émission Le Meilleur Pâtissier en 2015, la Mentonnais­e de 30 ans régale, depuis, des centaines de milliers de gourmands, à travers des vidéos tournées dans son atelier

- THIBAUT PARAT tparat@nicematin.fr

Depuis l’été , Roxane a tourné pas moins de  vidéos dans son atelier. Certaines dépassent les deux millions de vues !

Bonjour les gourmandis­es!» Pas une de ses vidéos sur Youtube ne commence (1) sans cette douce ritournell­e. C’est par ce cri de ralliement, ce surnom affectueux, que Roxane s’adresse à sa nuée d’abonnés. Au dernier comptage : 565 788 en majorité des pitchouns et leur maman. Autant de fanatiques de la pâtisserie qui fondent devant ses recettes aussi simples que décalées. Des gaufres pour Mardi Gras, un cupcake XXL un matin, une pizza cookies le lendemain. Créative selon l’inspiratio­n du jour. Jadis auxiliaire de puéricultu­re à Monaco, puis cupcake designer à son propre compte un bref temps, la Mentonnais­e, tout juste trentenair­e, s’est fait connaître lors de son passage dans l’émission «Le Meilleur Pâtissier » diffusée en octobre 2015 sur M6. Quatre semaines de compétitio­n avant que la jeune autodidact­e ne soit écartée des fourneaux par le jury. L’éliminatio­n est dure à avaler pour son parterre

de gourmands admirateur­s. « Finalement, ça a été un mal pour un bien, avoue Roxane. Dans ma vie, il faut que je subisse quelque chose de négatif pour rebondir. » Sa chaîne Youtube, amorcée quelques mois avant l’émission, explose littéralem­ent. Le personnage très girly de Roxane plaît. Crinière blonde, sourire immaculé, étoiles tatouées au poignet, ongles manucurés virant au bleu turquoise… Son atelier, où elle se filme au moins trois fois par semaine, est à son image. Rose bonbon. Un brin « bisounours » comme elle l’avoue bien volontiers. «C’est un univers qui me ressemble. Les gens ont l’impression de faire partie de ma vie. » D’autant plus vrai que la youtubeuse a « engagé » comme commis sa fille de six ans, Louane (2), dans

la confection des recettes. Telle mère, telle fille. Un duo fusionnel qui crève la Toile mais dont Roxane ne souhaite pas qu’il frise la caricature. «Je ne veux pas être dépendante de l’image de maman de famille. Je suis aussi une femme », prêche-t-elle. Les internaute­s, eux, se prêtent au jeu. Quitte à mettre gentiment la pression à Roxane pour dévoiler l’identité du «papa mystère», dissimulé derrière la caméra. «Les abonnés s’attachent à notre famille», sourit-elle. Ce fut chose faite, il y a trois semaines, dans une vidéo au coeur de la rue piétonne de Menton. Les 500000 abonnés découvrent alors Loïc, 33 ans, mari de Roxane. Papa de l’ombre. « Un homme à tout faire », taquine volontiers la pâtissière 2.0 aux millions de vues mensuels. « Je gère l’achat des ingrédient­s, les partenaria­ts, les déplacemen­ts et événements, le développem­ent et le relationne­l sur les réseaux sociaux», confirme Loïc, plutôt craintif à l’idée d’une notoriété grandissan­te. Car pour être rémunérate­ur, le job de youtubeur se vit à plein-temps. Quitte à être un brin chronophag­e. « Ce sont des journées de treize heures. Aujourd’hui, ce n’est pas possible de couper une semaine. Il faut avoir une régularité dans le temps », explique Roxane, d’une simplicité sans égale, malgré le succès. Ma hantise, c’est que ça ne dure pas. C’est un peu un boulot instable. » Pour éviter un coup de mou fatal, Roxane planche sur la création d’un site internet, d’un livre de recettes exclusives. Sans oublier de faire vivre sa chaîne Youtube au quotidien. Aujourd’hui, lumière sur les cookies M & M’s chocolat. «Le pire, c’est que je n’aime pas trop les gâteaux. Je préfère le salé au sucré. » Un comble.  février. Le jour où Roxane a rencontré ses fans. Pour de vrai. Coup de foudre à Paris. En postant une vidéo pour donner rendez-vous au BHV Marais, la Mentonnais­e s’attendait à voir débouler une poignée d’admirateur­s. Ils seront finalement  à pousser les portes du magasin. Pour un câlin. Pour un cliché souvenir. Pour une dédicace. «Il y avait trois heures de queue, c’était dingue », se souvient le couple qui «prend alors conscience» d’une notoriété grandissan­te. Plus de caméra comme mur virtuel. La petite bulle qu’elle s’était construite autour de son atelier explose littéralem­ent. «Il y avait des petites qui pleuraient. Des gens qui avaient traversé la France pour me voir», raconte-t-elle, encore sur un petit nuage. Prise comme modèle par la jeune génération, Roxane comprend alors qu’elle se doit d’être exemplaire à l’écran. «Tout ce qu’on dit devant la caméra est important. On renvoie une image. Il faut faire attention au langage que l’on emploie.» En Europe, trois millions de personnes vivent de leurs contenus sur Youtube. En quelques clics, à peine, et sur la base du volontaria­t, ils monétisent leurs vidéos. Youtube alloue, alors, des spots publicitai­res pour chaque vidéo. « Plus il y a de vues, plus il y a de publicités, plus ça génère de l’argent », confie-t-on chez Youtube, sans pour autant livrer des chiffres précis sur ce que peut rapporter une activité de youtubeur. « Plus de  % des revenus publicitai­res vont au créateur des contenus. La monétisati­on commence dès la première vue ».

 ?? (Photos Michaël Alesi) ??
(Photos Michaël Alesi)

Newspapers in French

Newspapers from France