Al-Assad se défend après l’attaque chimique présumée
Pour le président syrien, son armée n’est pas responsable de la mort des 87 civils, dont 31 enfants, à Khan Cheikhoun, dans le nord-ouest de la Syrie le 4 avril
Il s’agit pour nous d’une fabrication à100%» , a déclaré hier le chef de l’État syrien qui s’exprimait pour la première fois depuis cette attaque qui a provoqué un vif choc dans le monde. « Notre impression est que l’Occident, principalement les États-Unis, est complice des terroristes et qu’il a monté toute cette histoire pour servir de prétexte à l’attaque » menée le 7 avril par les USA contre une base aérienne du régime syrien a expliqué Bachar al-Assad. Dans un entretien exclusif accordé mercredi à l’AFP à Damas, le président syrien a affirmé que son armée n’était pas responsable de l’attaque présumée qui a provoqué selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) la mort de 87 civils, dont 31 enfants, à Khan Cheikhoun – ville rebelle du nordouest – le 4 avril.
Regain des tensions
Depuis ce jour, de fortes tensions autour du conflit en Syrie sont apparues. Dénonçant une attaque « très barbare », le président américain Donald Trump a ordonné le bombardement de la grande base d’Al-Chaayrate, la première frappe américaine contre le régime depuis le début du conflit en 2011. « Notre puissance de feu, notre capacité
à attaquer les terroristes n’a pas été affectée par cette frappe », a indiqué le chef d’État syrien. Pour l’administration américaine, il n’y a « pas de doute » que le régime de Damas est responsable de l’attaque chimique présumée. Et le président américain a jugé « possible » que la Russie, principal allié de Damas, ait été au courant de cette attaque. Dans l’entretien, le président syrien
a assuré que son régime ne possédait plus d’armes chimiques depuis leur destruction en 2013. « Même si nous possédions de telles armes, nous ne les aurions jamais utilisées », a assuré Bachar al-Assad. Le regain de tension entre Américains et Russes a été palpable durant la première visite du secrétaire d’État Rex Tillerson à Moscou où il a rencontré mercredi le président Vladimir Poutine après le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Tillerson, ex-PDG d’ExxonMobil ayant été décoré par Vladimir Poutine en 2013, a déploré le « faible niveau de confiance entre [nos] deux pays ». « À l’heure actuelle, nous ne nous entendons pas du tout avec la Russie », a reconnu Donald Trump à Washington, en évoquant une « relation peut-être au plus bas (niveau) de tous les temps ». Mais hier, il s’est dit convaincu que les choses « vont s’arranger » avec la Russie.
Nouveau veto russe
Vladimir Poutine a, lui, estimé que les relations bilatérales s’étaient détériorées depuis l’arrivée à la Maison-Blanche du nouveau président américain qui avait pourtant prôné au début de sa présidence un rapprochement avec Moscou. Dans une autre illustration des divisions internationales sur la Syrie, la Russie a opposé mercredi à New York son veto à un projet de résolution du Conseil de sécurité présenté par les États-Unis, la France et le Royaume-Uni et réclamant une enquête sur l’attaque de Khan Cheikhoun. C’est la 8e fois depuis le début de la guerre que Moscou bloque toute action de l’ONU contre son allié syrien.