Le risque du torticolis politique
Pris dans l’incertitude inédite des sondages à quatre jours du premier tour de la présidentielle, sont exposés François au Fillon même et Emmanuelmal : le torticolis Macron politique. Ce sont, en effet, les deux seuls candidats contraints de chasser sur les deux flancs de leur électorat et, donc, menacés de se bloquer en se tournant sans cesse d’un côté et de l’autre. Les deux extrêmes, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, n’ont pas cette contrainte : leur discours étant univoque, la radicalité est leur seul registre. Ils ne se privent pas d’ailleurs d’en forcer le trait ces derniers jours. Fillon et Macron sont, eux, pris en étau et obligés de « ratisser » le plus largement possible. François Fillon, dont le rebond dans les sondages est encore trop faible pour être sûr de se qualifier, ne peut négliger la droite de la droite. Certes, il l’a déjà beaucoup labourée mais, pour grappiller encore quelques voix de droite extrême ou d’extrême droite, il tend ouvertement la main au pour tous. Sens Il commun,n’exclut plus émanationde lui ouvrirde La les mouvementManif portes du gouvernement s’il l’emporte le mai. Ce geste l’oblige, cependant, à se retourner dans le même temps vers le centre pour lui offrir de bonnes paroles : à partir trop à droite, il peut faire fuir des juppéistes, des centristes de l’UDI et Les Républicains les plus ouverts. C’est pourhier, à Nathaliequ’il cela voulaitqu’il Kosciusco-Morizeta jugé rassembler nécessairede en Sensde passant préciser, communpar François Baroin, affirmant que « tous ont vocation à faire partie de sa majorité ». Ce grand écart est, en général, un exercice de second tour. Mais Fillon n’a pas d’autre choix que de le pratiquer dès maintenant car sa base politique est étroite : % de l’électorat qu’il lui faut impérativement mobiliser pour franchir la haie du premier tour. Évidemment, dans cette manoeuvre, il peut faire fuir les uns en courant après les autres, et vice-versa, voire perdre sur les deux tableaux. Emmanuel Macron est placé sous la même menace. Son positionnement central, sa volonté de dépasser le vieux clivage droite-gauche, l’amènent maintenant à en appeler avec insistance aux électeurs de droite et de gauche. Mais lui aussi peut tomber dans ce piège du rassemblement à marche forcée : sa droite peut à droite.le trouverCette obligationtrop à gauchedu doubleet sa gauche message trop le conduit donc à gommer les aspérités de son programme pour ne heurter personne. D’où le sentiment de flou qui éclaire, peut-être, son tassement dans les sondages depuis une semaine. Reste que les deux hommes n’ont pas d’autre option. Pour l’emporter, la situation actuelle leur impose de se mettre en danger et de tenter un quitte ou double.