Une parenthèse avec Jarry pour les jeunes de Ranguin
Chaque année, Performance d’acteur organise des actions de médiation culturelle. Hier, ce sont les jeunes de la MJC Ranguin qui ont participé à un jeu d’énigmes avec l’humoriste Jarry
C’est d’une voix chevrotante qu’Agnès Bonnet, la programmatrice et productrice du festival Performance d’acteur, raconte l’après-midi qu’elle a passée avec l’humoriste Jarry et une douzaine d’adolescents de la MJC Ranguin à Antibes. « Je n’ai pas de mots, j’en ai encore les larmes aux yeux. Jarry vous racontera mieux que moi ce qu’il s’est passé », lâche-t-elle au bout du fil. L’humoriste Jarry, qui s’est produit mardi soir au théâtre Debussy, était déjà venu l’année dernière à Cannes. Et à chaque fois, il essaye de rencontrer les jeunes des “quartiers”. Appellation réductrice qui ne veut rien dire. Et c’est bien pour cela qu’à chaque festival, Agnès Bonnet organise une opération envers ces jeunes. « J’essaye modestement à mon échelle de donner un accès à la culture à tous ces jeunes qui se sentent parfois délaissés, mais ce que fait la MJC Coeur de Ranguin avec Aurélie, Nahla et Hamza, c’est beaucoup plus impressionnant que ce que l’on peut proposer », avouet-elle.
Le sens de la vie
L’humoriste Jarry est dans le même état psychologique. «Je suis vraiment épuisé émotionnellement, avoue-t-il. J’ai rencontré un groupe d’ados passionnés et passionnants, plein de questions pertinentes.» Et de poursuivre : « Ils m’ont demandé si je me sentais nul aussi quand j’étais ado ? Qui m’a aidé à réaliser mon rêve dans ce métier ? ». Autant de questions existentielles qui ont bouleversé l’humoriste. «Une jeune fille m’a dit qu’elle lisait Kant même si elle ne comprenait pas tout, je trouve ça vraiment beau d’avoir envie d’aller au bout de quelque chose, juste parce qu’on l’a décidé », confie le comédien. À son tour, Jarry a posé aux adolescents des questions sur leurs envies, leurs doutes, leur vision de la France, de Cannes… « J’ai demandé aux jeunes s’ils étaient contents de participer à ce genre d’action culturelle et l’un d’eux m’a répondu que c’était important d’être là pour rompre l’isolement. Ça vient vous chercher au plus profond de vous, ce genre de déclaration. » Lui, qui a grandi au milieu des vignes dans un petit village de 600 habitants, connaît bien l’isolement, la différence, le regard des autres. « Le plus compliqué dans ce genre d’exercice, c’est d’ouvrir des portes chez ces ados et de repartir juste après», reconnaît-il. « Il y a des gens dans la vie qui vous sortent la tête de l’eau, il ne faut pas avoir peur de leur faire confiance, de monter dans le bus pour aller à trois km de chez soi pour voir ce qu’il y a» , conclut l’humoriste. Ces jeunes de Ranguin ont pu voir, à Antibes, un jeu d’énigmes où il faut s’entraider pour se sortir d’une pièce. Une jolie métaphore de la vie.