Nice-Matin (Cannes)

Violences : le rôle de la mémoire traumatiqu­e

Une nouvelle procédure permet de prévenir le risque d’AVC chez certains patients qui ne peuvent bénéficier d’anticoagul­ants

- NANCY CATTAN ncattan@nicematin.fr 1. Elle est aussi pratiquée au Centre cardiothor­acique de Monaco.

L’interventi­on, très délicate, consiste à fermer l’auricule gauche, une zone particuliè­re du coeur, en forme de doigt de gant, située dans la partie inférieure de l’oreillette gauche, l’une des quatre cavités cardiaques. Et ils sont à ce jour, une petite dizaine seulement d’Azuréens à en avoir bénéficié. «Cela fait seulement quelques mois que la procédure est autorisée en France et prise en charge par l’assurance-maladie», justifie Claude Mariottini, cardiologu­e interventi­onnel et rythmologu­e à l’Institut Arnault-Tzanck de Saint-Laurent-du-Var. C’est, aujourd’hui, le seul établissem­ent dans la région Paca Est

(1) autorisé à pratiquer cette interventi­on à haut risque, requérant la présence sur place d’une équipe de chirurgie cardiaque.

Contre-indication­s majeures aux anticoagul­ants

Qui sont ces patients triés sur le volet? «Des personnes atteintes de fibrillati­on auriculair­e (FA) permanente ou paroxystiq­ue, qui les expose à un risque important d’accident vasculaire cérébral (AVC). Classiquem­ent, on traite ces patients par des anticoagul­ants oraux (ACO) pour prévenir ce risque. Mais des contre-indication­s majeures à ces ACO existent; ainsi tous les patients qui ont un risque hémorragiq­ue élevé, ou qui ont déjà été victimes d’une hémorragie, au niveau digestif, rénal ou encore cérébral, ne peuvent être traités.» C’est à ces personnes que cette nouvelle procédure s’adresse. «On sait que 90 % des caillots favorisés par la FA – et susceptibl­es de migrer dans des vaisseaux sanguins – ont tendance à s’accumuler au niveau d’une zone particuliè­re, l’auricule gauche, pour des raisons physiques.» L’idée est donc de fermer l’entrée de ce cul-de-sac. Deux systèmes d’occlusion, plus ou moins adaptés à l’anatomie du patient, sont à dispositio­n: «Le premier s’apparente à un disque qui va boucher complèteme­nt l’auricule, le second à une sorte de bouchon, équipé de petites ancres, et recouvert de grillages sur lesquels les cellules vont pousser et colmater complèteme­nt l’orifice.»

Retirer l’épée de Damoclès

Si l’interventi­on, utilisée depuis plus longtemps dans d’autres pays, a fait ses preuves en termes de réduction du risque d’AVC, elle n’est pas dénuée de risques; réalisée sous anesthésie générale, elle réclame «des précaution­s toutes particuliè­res, l’interventi­on d’équipes aguerries, et un environnem­ent médico-chirurgica­l resserré»: «Les patients qui relèvent de cette interventi­on sont souvent très fragiles et/ou âgés, et la zone que l’on traite est très fine, à peine l’épaisseur d’un papier journal.» Mais l’enjeu est majeur: retirer l’épée de Damoclès suspendue jusquelà au-dessus de la tête de ces patients. Chacune de leur journée était jusque-là obscurcie par le risque permanent d’être victime d’un AVC.

 ??  ??
 ??  ?? Le Dr Mariottini réalisant une fermeture d’auricule (en médaillon, les deux types de prothèses utilisées) (DR)
Le Dr Mariottini réalisant une fermeture d’auricule (en médaillon, les deux types de prothèses utilisées) (DR)

Newspapers in French

Newspapers from France