Martinez : 27 ans de clefs d’or
Chef concierge au Martinez depuis 1990, cette figure incontournable à l’accent transalpin chantant et au caractère trempé, a raccroché ses chères clefs d’or. Il manquera à beaucoup
Àla réception, son sourire enjôleur toujours pro. Son accent chantant fleurant bon la Vénétie. Sa rigueur incontestée flirtant avec une grande exigeance. En 27 ans, sa silhouette élégante en a accueilli, des stars ou des anonymes, satisfait des demandes les plus incongrues, laissé des centaines de messages et tu bien des confidences. Autant de qualités qui ont justifié une standing ovation des personnels du Martinez pour le départ à la retraite anticipée de Fabrizio Bozzolan, 59 ans. «Un sacré personnage», confiait une salariée de la direction financière. «Il a fait de moi ce que je suis humainement et professionnellement. Il incarnait la stabilité » glissait, l’oeil humide, un concierge de son staff.
« Exigeant, un peu casse-pieds »
Une page se tourne au Martinez. Un hôtel « à l’ambiance particulière qui est devenu ma deuxième maison », même s’il avoue ne pas l’avoir apprécié la première année. « C’était en 1989. Je venais de l’Hôtel du Cap. Du coup, je suis reparti ailleurs, pour revenir en 1990 ». Nommé alors chef concierge. Un métier que ce jeune Italien élevé à la campagne dans la plaine du Pô, découvre « par hasard ». L’Italie dont ce fan de vélo a conservé l’humour et le franc-parler. « Je ne manquais pas de qualité, mais il n’est pas facile de travailler avec moi. Je suis exigeant, un peu casse-pieds. Bagagistes, chasseurs, voituriers, on s’est parfois pris la tête... ». Beaucoup ne retiendront pourtant que son élégance, sa classe et son immense gentillesse. Ses capacités à rassembler aussi, comme représentant du personnel.
« Il veillait au grain »
« Il a fait bouger les choses au sein de l’hôtel. Une année, on a obtenu une augmentation de salaire grâce à lui. Il a toujours veillé au grain », confie une salariée de la DRH. « Merci pour tout ce que tu as donné », a déclaré le directeur de l’hôtel, Alessandro Cresta. Discret, ce père de famille de deux enfants reste avare d’anecdotes. « À l’impossible nul n’est tenu », glisse celui qui se pliait en douze pour satisfaire toutes les envies, « du moment que c’était légal »... Même celle, en urgence, d’un acteur qui, quelques heures avant la montée des marches, avait demandé à se faire livrer deux montres de grand luxe. Arrivées à temps de Paris à l’issue d’une rocambolesque épopée... Confronté à des problèmes de santé, Fabrizio Bozzolan a raccroché ses chères clefs d’or. À lui, les virées en moto et la retraite qu’on lui souhaite... dorée.