◗ Face au FN, le front républicain s’organise
La campagne du second tour, qui s’annonce intense, a débuté sur les chapeaux de roue hier
Le jour d’après. Alors que le séisme politique du premier tour de l’élection présidentielle (voir les chiffres définitifs ci-contre) n’était vieux que de quelques heures, la campagne pour le second tour – et, au-delà, la définition de stratégies pour les législatives, enjeu majeur – a commencé tôt hier matin. Les deux finalistes, invités par le chef de l’État à participer aujourd’hui à l’hommage national au policier tué dans un attentat sur les Champs-Elysées, préparent désormais le traditionnel débat télévisé de l’entre-deux-tours, prévu le 3 mai. Leurs entourages ont indiqué qu’ils avaient chacun l’intention d’y participer – en 2002, Jacques Chirac, avait refusé d’affronter JeanMarie Le Pen.
Le Pen dénonce « le front républicain tout pourri »
En attendant, Emmanuel Macron devait, selon son entourage, consacrer ses journées d’hier et d’aujourd’hui aux «négociations politiques» dans le but de former une majorité, en prévision des législatives des 11 et 18 juin. Critiqué pour avoir fêté le résultat du premier tour à La Rotonde, une brasserie du quartier de Montparnasse, le candidat d’« En marche ! » pourrait tenir un meeting dans sa ville natale d’Amiens avant le 7 mai. Il a aussi participé hier à une commémoration du génocide arménien. De son côté, Marine Le Pen est repartie dans son fief électoral du Pas-de-Calais, pour arpenter les allées du marché de Rouvroy. Alors que les ralliements à Emmanuel Macron se sont multipliés dès dimanche soir, la présidente du Front national a brocardé devant la presse «le vieux front républicain tout pourri, dont plus personne ne veut» et qui « essaie de se coaliser » contre elle. Pour ce second tour, «on est challenger, clairement», a jugé le vice-président du parti, Florian Philippot, qui a fait un appel du pied à Nicolas Dupont-Aignan, en lui demandant d’être « cohérent » et d’appeler à voter pour Marine Le Pen. Selon deux sondages réalisés dimanche soir, celle-ci serait largement battue par Emmanuel Macron : à 62%38% selon Ipsos Sopra Steria, à 64%36 % selon Harris Interactive.
Luttes internes au PS et chez les Républicains
Chez les deux grands partis traditionnels, les luttes internes entre clans n’ont pas tardé à éclater hier. Côté Républicains, on se divisait sur le fait d’appeler à voter explicitement ou non pour Emmanuel Macron (lire en page 4) et, au-delà, sur l’orientation globale du parti. Si Jean-Pierre Raffarin, ex-soutien d’Alain Juppé, a jugé « trop facile de trouver un bouc émissaire» en la personne de François Fillon, le maire de Tourcoing Gérald Darmanin, ex-soutien de Nicolas Sarkozy, a critiqué la « défaite personnelle » d’une «droite recroquevillée» sur «ses seules bases bourgeoises et conservatrices». Côté socialiste, Manuel Valls a voulu voir dans la défaite cinglante de Benoît Hamon, et la fuite massive de l’électorat PS vers Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon, « la fin d’un cycle» entamé en 1971 avec l’unification des socialistes par François Mitterrand au congrès d’Epinay. « Ceux qui ne partagent pas les mêmes idées, qui sont en désaccord notamment sur l’Europe, sur l’économie, sur l’entreprise, sur les questions de sécurité, peuvent-ils encore être dans la même famille politique ? Personnellement je ne le crois pas. Donc doit venir le temps, enfin, de la clarification », a prôné l’ancien Premier ministre, soutien de Macron dès avant le 1er tour.