Nice-Matin (Cannes)

◗ Une nouvelle donne pour les législativ­es ?

Entre dynamique Macron et risque de triangulai­re, la nouvelle donne politique de ce premier tour peut-elle menacer les députés Les Républicai­ns sortants des Alpes-Maritimes en juin prochain ?

- ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Lors de ce premier tour de la présidenti­elle, les cartes électorale­s ont été rebattues de manière inédite. Richard Perrin, référent du mouvement « En marche ! » parle de véritable « séisme ». «Reste à savoir comment les plaques politiques vont se remettre en place », souffle-t-il. La dynamique Macron va-t-elle se poursuivre au-delà du second tour? Au risque de menacer sur ses terres azuréennes une droite républicai­ne divisée par cet échec historique. Pour la première fois, la France a disqualifi­é ses deux principale­s forces politiques. Cela suffira-t-il, localement, à ouvrir les portes de l’Assemblée nationale à des candidats du Front national lors des prochaines législativ­es ?

Le FN en tête dans cinq circonscri­ptions

Ce dimanche, Marine Le Pen est arrivée en tête dans cinq des neuf circonscri­ptions du départemen­t. En 2012 elle avait dû, à chaque fois, se contenter de la seconde place face à Nicolas Sarkozy. Évidemment, pour Lionel Tivoli, le secrétaire départemen­tal du FN, cette montée en puissance ne peut être que de bon augure. « D’autant que mécaniquem­ent il va forcément y avoir des triangulai­res dans plusieurs circonscri­ptions », souligne-til. Si les électeurs revotaient exactement de la même manière le 11 juin prochain, il pourrait même y avoir des quadrangul­aires entre les candidats Républicai­ns, mélenchoni­stes, macroniste­s et FN dans les 1re, 2de et 3e circonscri­ptions. Seule celle de Jean-Claude Guibal – qui au demeurant ne se représente pas à Menton – se contentera­it d’un classique duel. Mais les jeux électoraux ne sont pas une science exacte. Et une inconnue pourrait bien limiter le nombre de candidats qualifiés pour le second tour des prochaines législativ­es: l’abstention. Si elle est, comme c’est généraleme­nt le cas, supérieure de dix points à celle de dimanche, nombre de postulants risquent de se heurter à la règle des 12,5 % des inscrits nécessaire­s pour se maintenir au second tour. Il n’en demeure pas moins que pour la plupart des observateu­rs politiques, de tout bord, l’hypothèse de plusieurs triangulai­res dans le départemen­t reste forte. Cette dispersion des voix suffira-telle à menacer les élus Républicai­ns sortants dont huit sur neuf ont été investis pour se présenter à leur propre succession ? Les ténors du parti en doutent et misent sur leur ancrage local. Tandis que les postulants à renouvelle­ment de l’offre politique dans les Alpes-Maritimes veulent y croire. Richard Perrin, le référent d’Emmanuel Macron, estime qu’au moins «deux circonscri­ptions sont gagnables ». Un avis que partage le secrétaire départemen­tal du PS, Xavier Garcia, à condition «de se montrer intelligen­t surtout sur des terres atypiques comme les AlpesMarit­imes ». Même s’il est « resté loyal à Benoît Hamon », il confirme n’avoir « aucune prévention à l’encontre du mouvement En marche !» et plaide pour des « alliances locales au-delà des appareils de parti ».

Candidats inconnus, résultat incertain

Xavier Garcia y voit une chance historique pour tenter de ravir quelques victoires sur ces terres hostiles à la gauche. Même s’il avoue, pour l’heure, « prêcher dans le désert » et redouter, du coup, que la Côte d’Azur offre des sièges à des députés FN. Lionel Tivoli y compte bien et espère tirer tout autant profit de la désunion de la gauche que des «dissension­s » entre les barons locaux de la droite : « Compte tenu des désaccords entre Ciotti et Estrosi, je n’exclus pas que Macron présente ici des candidats Estrosiste­s.» Pour l’heure le mouvement « En marche ! » n’a dévoilé qu’un seul nom, celui de Caroline Reverso-Meinietti qui se présentera face à Eric Ciotti dans la première circonscri­ption. Cette avocate de 31 ans fera alors ses premiers pas en politique. Atout ou handicap? Richard Perrin reconnaît que c’est « un pari » qui pourrait coûter cher au mouvement «En marche ! » mais assure qu’Emmanuel Macron tiendra néanmoins son engagement : «50% des candidats aux législativ­es seront issus de la société civile. » Autant de parfaits inconnus qui auront la lourde de tâche de défier dans leurs fiefs les barons de la droite locale. Chez Les Républicai­n on estime que la dynamique Macron ne pourrait, dès lors, pas suffire.

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Avec cette donne politique inédite le résultat des prochaines législativ­es s’annonce incertain. (Photo Frantz Bouton)

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