Nice-Matin (Cannes)

«Le cinéma relie l’intime au collectif»

Ollivier Pourriol, romancier et philosophe

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Dans le cadre des célébratio­ns du 70e festival du film, l’ancien chroniqueu­r éphémère du Grand Journal sur Canal +, « cinéphilos­ophe» dédicace son livre Une fille, un flingue et donne une cinéconfér­ence ce mardi à 19 h à l’Espace Miramar. Le thème: le cinéma est une fête.

Une ciné-conférence, c’est quoi?

C’est un mélange de conférence et de spectacle. À travers des extraits de films, je montre comment le cinéma peut être une fête. De Cinéma Paradiso, où la fête est dans la salle, à Taxi Driver où le chauffeur travaille la nuit et fréquente les cinémas pornos de jour, comme un lieu de solitude. Entre ces deux extrêmes, le cinéma est une manière de nous relier différemme­nt de la politique. Au cinéma, on est seul et tous ensemble à la fois. Durant la projection, il y a un moment de paix collective, où chacun est renvoyé à soi-même.

Cela relève presque de la communion sacrée?

C’est vrai. Ça ressemble aussi à la représenta­tion d’une tragédie grecque, même s’il n’existait pas de carte d’abonnement illimitée à l’époque: sur un écran, on peut nous séparer, mais la représenta­tion nous unit. C’est une religion laïque, qui ne dit pas son nom.

Vous venez à Cannes, cité symbole du mariage entre fête et cinéma?

Durant le Festival, il y a les deux. La fête extérioris­ée en soirées, mais la vraie fête est recueillie, pendant les projection­s de films. On la partage après, ça crée des liens d’une manière très particuliè­re, c’est une fête intime.

L’aura des stars participe de la fête?

Au départ, ce sont des employés, aliénés des studios, qui sont devenus autre chose grâce à leur passage sur l’écran. C’est le mystère de cet écran qui fait baigner tout le monde dans une ambiance onirique, où les stars sont des étoiles.

Un film fondateur pour vous ?

Quand on est ado, ceux qui nous forgent et paraissent irremplaça­bles: les films de Scorsese, Coppola, De Palma… Mais le premier film qui m’a vraiment marqué, à dix ans, c’est Z de Costa-Gavras : le sentiment d’injustice…

Un acteur, une actrice?

Depardieu et Deneuve, que je mets en scène dans mon dernier livre, pour l’imaginaire qu’ils suscitent. A. C.

Savoir + Ciné-conférence­d’OllivierPo­urriol,cesoir,à19 hà l’espace Miramar. Suivie d’une dédicace de son livre Une fille et un flingue (éditions Grasset). Entrée libre.

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