Nice-Matin (Cannes)

Deux ans au jeune routier niçois auteur d’un accident mortel sur l’A

- G. D.

Nicolas était dans le repentir, hier devant le tribunal correction­nel de Draguignan. Ce jeune conducteur de poids lourd niçois semblait aussi avoir perdu l’insoucianc­e de ses 19 printemps, et avoir pris conscience de la gravité de son comporteme­nt. Le 31 mars dernier à 13h25 sur l’autoroute A8, entre Fréjus et Les Adrets, revenant de Marseille au volant d’un camion de 33 tonnes pour livrer des produits à Grasse, le jeune homme avait percuté un automobili­ste en panne sur la bande d’arrêt d’urgence. Ce Fréjusien de 60 ans avait été tué sur le coup. Pour cet homicide involontai­re, Nicolas a été condamné hier à deux ans de prison, dont un avec sursis. Le tribunal n’a pas ordonné son maintien en détention.

Le téléphone sans cesse en main

Car Nicolas, s’il n’était sous l’influence ni de l’alcool ni de stupéfiant­s, et s’il observait rigoureuse­ment sa limitation de vitesse, était en train de lire un sms sur son téléphone portable au moment du choc. Une mauvaise habitude, comme l’ont constaté les gendarmes, qui ont relevé sur son téléphone pas moins d’une heure de communicat­ion et soixante-dix messages échangés au volant, pendant les six heures de son aller-retour Grasse-Marseille. Le seul moment où Nicolas avait posé son téléphone, c’était pendant sa sieste d’une demi-heure sur une aire d’autoroute de Brignoles. «Je suis impardonna­ble. Je m’en veux terribleme­nt. Plus jamais je n’enverrai de sms au volant. J’ai pris conscience que c’était très grave. »

La victime pas derrière la glissière

Avec retenue, Me Emmanuel Bonnemain a su trouver les mots justes pour décrire l’affliction des proches de la victime, « qui est morte pour un sms anodin, dans un monde que nous rendons dangereux par nos comporteme­nts aberrants ». Le procureur a indiqué que la voiture, en panne sur la bande d’arrêt d’urgence, mordait légèrement sur la voie de droite. Ce qui n’avait nullement empêché quarantede­ux véhicules d’éviter l’obstacle, avant la collision. En défense, Me Gérard Baudoux a sobrement fait observer que Nicolas, « un garçon de 19 ans sans passé judiciaire»,

aurait du mal à passer à autre chose. Il a demandé au tribunal « d’entendre le remords qu’il nourrit ». Le pénaliste niçois s’est aussi interrogé sur le conseil qui avait été donné à la victime, par l’opératrice qui avait pris son appel à la borne de secours. L’enregistre­ment de leur conversati­on a montré qu’elle lui avait recommandé d’attendre la dépanneuse dans sa voiture. «Alors qu’il aurait fallu se placer derrière la glissière de sécurité.»

Le tribunal correction­nel a également annulé tous les permis de conduire de Nicolas, avec interdicti­on de les repasser avant trois ans.

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