Nice-Matin (Cannes)

FOOTBALL Ben Arfa : et s’il rentrait

En situation d’échec avec le PSG, l’internatio­nal français fait partie des pistes envisagées par le Gym

- VINCENT MENICHINI (AVEC PH. C.)

Cela n’a duré qu’une saison. Une saison comme dans un rêve, au cours de laquelle Hatem Ben Arfa a porté haut les couleurs du Gym et rendu dingue les amoureux du club, et bien plus encore. Après tant d’exploits (17 buts en Ligue 1), « HBA » est redevenu l’objet de toutes les convoitise­s l’été dernier. Entre Nice, Séville et Paris, l’internatio­nal a longtemps hésité. A l’arrivée, il a fait le choix du coeur, celui du PSG, charmé par le discours d’Olivier Létang, alors directeur sportif, et les mots doux de Nasser El-Khelaifi. Dans son esprit, Paris a toujours été au-dessus de tout. Lui l’enfant de Clamart rêvait de disputer la Ligue des champions avec son club de coeur et, surtout, faire soulever le Parc des Princes, un stade qu’il chérit depuis sa plus tendre enfance et les exploits des Ginola, Weah et autre Rai. Moins d’un an plus tard, la belle histoire a tourné au vinaigre, déjà. Elle n’a jamais vraiment débuté, en réalité. Après avoir squatté le banc de touche durant de longues semaines, Ben Arfa vit désormais les matchs du PSG hors du groupe, en tribune ou chez lui, comme ce fut le cas contre Monaco, mercredi. Demain, il ne devrait pas être du voyage à Nice, alors qu’il se faisait une joie de « rentrer chez lui », comme il le confiait à ses proches. Un affront de plus pour un joueur à la carrière comme aucune autre. Son talent immense aurait dû lui ouvrir la voie d’un destin à la Messi, mais à 30 ans, le voilà de nouveau dans l’impasse. Une de plus... Entre Hatem Ben Arfa et Unai Emery, le divorce est consommé. Les deux hommes ne se supportent plus. « Sa vidéo, où on le voit réclamer une chance, a été la goutte d’eau », souffle un proche du club. (e Dans l’entourage du joueur, on préfère retenir la gestion du coach espagnol qui ne lui a jamais vraiment offert l’opportunit­é de donner libre court à ses qualités uniques en matière de percussion. « Il est arrivé avec deux kilos en trop cet été, confie un intime. Ok, mais ça n’arrive pas qu’à Ben Arfa ce genre de choses. Vous avez vu Higuain quand il est arrivé à la Juve ? » A écouter les arguments des deux camps, on comprend vite que les dés étaient pipés dès le début. Unai Emery ne l’a jamais voulu. L’été dernier, il a parfois été décontenan­cé par la portée médiatique du cas Ben Arfa, qu’il jugeait en méforme, mais qui faisait l’objet de toutes les attentions lors de chaque conférence de presse. A maintes reprises, mécontent de son investisse­ment, ce stakhanovi­ste de l’effort et du don de soi, lui aurait balancé des phrases du genre : « Tu t’es cru à Nice encore ? »

Jean-Pierre Rivère : « % de chances »

Au Gym, Ben Arfa a bénéficié d’un cadre idoine pour s’épanouir. Visionnair­e, Claude Puel avait eu le flair de construire un collectif taillé pour lui, ce qui ne pourra jamais être le cas à Paris. La semaine, à Charles-Ehrmann, il n’en faisait jamais plus que les autres, mais le week-end, il rayonnait, illuminait les rencontres avec des exploits retentissa­nts qui ont encore de l’écho. Sur la fin de saison, il s’est aussi laissé aller par moments, avec des colères qui résonnent encore dans le vestiaire de l’Allianz Riviera. Mercredi, Lucien Favre a confié à Nice-Matin qu’il n’aurait aucun mal à gérer le phénomène (voir page suivante). Selon nos informatio­ns, l’idée d’un retour sur la Côte d’Azur a germé en interne. Elle ne fait pas l’unanimité, en raison principale­ment du coup financier de l’opération. Mais Ben Arfa possède de solides appuis. Chez les supporters, qui lui vouent un véritable culte, l’empreinte qu’il a laissée reste indélébile (voir encadré). « Il y a 5% de chances que ça se fasse, a glissé, prudent, Jean-Pierre Rivère, avec lequel Ben Arfa n’a jamais cessé d’échanger tout au long de la saison. Je pense qu’il restera à Paris, car il a de la fierté. Il va s’accrocher jusqu’au bout à son rêve. » « On aura droit au fantasme de son retour lors de chaque mercato », glisse même une source interne. Son « come-back » n’a pourtant rien d’illusoire, d’autant que Jorge Sampaoli, qui le veut depuis l’été dernier et qui l’a encore appelé récemment, a de grandes chances de quitter le FC Séville pour prendre les rênes de la sélection argentine. De son côté, le PSG ne le retiendra pas à un an de la fin de son contrat. Or, il n’a pas non plus l’intention de le brader et encore moins de renforcer un club avec lequel il a lutté toute la saison pour le titre. Assis sur un salaire confortabl­e (entre 500 000 et 600 000 euros par mois), Ben Arfa espère que ses dirigeants facilitero­nt un départ, le jour où il aura décidé de s’en aller. Pour l’heure, sa décision n’est pas encore actée. Elle reste en partie liée à l’avenir d’Unai Emery sur le banc parisien, lequel demeure incertain en cas de perte du titre. Nice fait toujours partie de la vie de Ben Arfa. Il parle du Gym comme s’il n’était jamais parti, regarde tous les matchs, se languit des moments passés face à la Grande Bleue, de ses balades du côté du port ou encore des fins de repas sucrées au restaurant « Lou Pantail ». Allez, Hatem, c’est l’heure de rentrer à la maison !

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(Photo Sébastien Botella) Jean-Pierre Rivère a souvent échangé avec Hatem Ben Arfa cette saison.
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