Journée Souvenir des déportés : « Le risque est toujours là... »
C’est d’abord la petite silhouette de Guy Morand, frêle mais toujours solide, que soutient un élève de 1ère de l’Institut Stanislas. Entre le président du Comité cannois de la Résistance et de la déportation et son jeune accompagnateur, un pont salutaire entre les générations. Ce sont ensuite les mots de Blandine Ackermann, présidente des Déportés, internés, résistants et patriotes (ADIRP), sur un ton grave et solennel, empreint d’une passion indignée: « La dénonciation du nazisme n’a de sens que si elle s’accompagne d’un combat acharné contre ses résurgences… Imposer sa vision de l’identité conduit à l’exclusion de l’autre… N’en déplaise aux négationnistes, les chambres à gaz ont bien existé! Nous, qui avons connu le nazisme, on espère que vous ne connaîtrez jamais un régime d’extrême-droite». Dans le contexte électoral particulier de l’entre deux tours, il était évident que la journée nationale de la déportation (6 millions de juifs et tsiganes victimes du nazisme hitlérien, qui avait établi la démagogie et le racisme comme instruments de sa politique dans Mein Kampf) aurait une résonance particulière. Devant les autorités civiles et militaires (dont le sous-préfet de Grasse Philippe Castanet et le député Bernard Brochand), l’allocution du maire David Lisnard n’a fait que le confirmer. Evoquant Auschwitz, «ce voyage au bout de l’enfer reste une tache indélébile de notre histoire», assumant notre part de responsabilité: « La France a livré ses victimes à leurs bourreaux, cette réalité reconnue par Chirac n’a pas à être remise en cause dans d’inutiles et indécents débats » [NLDR : allusion à de récents propos de Marine Le Pen].
« Le risque est toujours là »
Le premier édile a ensuite rappelé la nécessité de s’opposer à «toutes menaces totalitaires», aux extrêmes de tous bords qui se nourrissent de bashing et dénigrement, avant d’en appeler à la conscience de chacun pour résister au présent. À commencer, sans doute, par dimanche prochain: « La tragédie de la Shoah nous adresse un message: le risque est toujours là, de s’endormir en démocratie, et de se réveiller en dictature».