« Mon objectif est de réunifier les droites »
Le leader de Debout la France, qui sera Premier ministre si Marine Le Pen est élue Présidente, dénonce en Emmanuel Macron « l’héritier de François Hollande » et veut réunifier les droites
Au moins c’est clair, même si c’est tout aussi virtuel : en cas de succès de Marine Le Pen dimanche, on sait déjà que Nicolas Dupont-Aignan sera son Premier ministre, en vertu du ralliement de Debout la France au FN intervenu vendredi dernier. Le candidat souverainiste, qui a obtenu 4,75 % des voix au premier tour, se pose aujourd’hui en trait d’union entre le Front national et l’électorat de droite qui ne veut pas d’Emmanuel Macron.
Y compris dans votre ville d’Yerres, des adhérents de Debout la France vous accusent d’avoir vendu votre âme au FN. Que leur répondez-vous ?
Il y en a très peu, en réalité. Quand on est un homme d’Etat, un responsable, il faut choisir. Chaque Français dans l’isoloir va devoir choisir, je n’avais pas le droit de me dérober. Et quand je vois le projet de M. Macron, qui est l’héritier de M. Hollande, cela voudrait dire cinq ans de plus d’un socialisme destructeur de la France, je ne peux pas l’accepter. De surcroît, Mme Le Pen a accepté de son côté un infléchissement de son projet, après une vraie négociation. Nous proposons donc un partenariat autour d’un programme de protection des Français, qui va je crois les rassurer.
N’avez-vous pas pris le risque de faire voler en éclats votre mouvement après le mai ?
Non, parce que nous avons reçu des milliers d’adhésions incroyables en quelques jours, en particulier de Républicains qui sont scandalisés que leurs leaders, après avoir combattu M. Macron, appellent à voter pour lui. Et moi, ma position est claire, je ne veux pas voir cinq ans de socialisme supplémentaires, en matière d’immigration, de sécurité, d’impôts avec la hausse de la CSG que prévoit M. Macron. Son élection serait une véritable catastrophe pour le pays, alors que nous avons avec Mme Le Pen un projet très sérieux et qui va, notamment en matière de sécurité, beaucoup mieux protéger les Français.
Vous dites vouloir rénover la politique. Mais vous aviez à plusieurs reprises par le passé rejeté tout rapprochement avec le FN. Comment justifiez-vous votre changement d’attitude ? C’est la logique des institutions et du second tour. Il y a un choix binaire à effectuer, qu’on le veuille ou non. Et je ne laisserai pas M. Hollande cinq ans de plus au pouvoir avec sa marionnette. En outre, Debout la France ne s’est pas rallié au Front national. C’est un parti indépendant qui aura des candidats partout aux législatives face au Front national, aux Républicains, aux candidats d’« En marche ! », etc. Les Français auront alors le choix. En attendant, je ne veux pas laisser continuer le saccage de mon pays par des gens qui sont ultra-minoritaires et qui se servent de la diabolisation du Front national pour se maintenir au pouvoir. Et j’ai trouvé en Marine Le Pen une écoute très sérieuse sur des points fondamentaux : l’annulation de la directive sur les travailleurs détachés pour éviter la concurrence déloyale, la baisse des charges sur les PME, le contrôle aux frontières indispensable pour lutter contre le terrorisme. Au premier tour on exprime sa préférence, et au second on élimine le danger.
Dans les sondages, votre accord avec Marine Le Pen ne produit aucun effet. N’est-il pas confus, voire ambigu ?
Au contraire, ce partenariat est très lisible. Et nous recevons des milliers de mails de félicitations, notamment des électeurs de droite qui en ont assez de la division des partis de la droite. Moi, je fais cette démarche pour réunifier les patriotes et les républicains. Et je veux dire à ceux qui s’apprêtent à voter de ne pas se laisser manipuler par une minorité socialiste qui reste au pouvoir uniquement à cause de la division stupide entre le parti des Républicains et le Front national. Mon ambition politique est de réaliser avec tous ceux qui le souhaitent une grande alliance patriotique et républicaine qui va mettre un terme à la dictature du politiquement correct. Les dirigeants des Républicains qui soutiennent Macron sont totalement inconscients.
Sur l’euro notamment, on ne sait plus très bien
sur quel pied vous et Marine Le Pen voulez vraiment danser… Tout est très clair, au contraire. Sur l’euro, nous avons simplement dit que sa transformation en monnaie commune [et non plus unique, Ndlr] ne devait pas empêcher de prendre les mesures de baisses d’impôts et de charges pour les PME, et que ce n’était plus un préalable. Nous savons que l’euro marche mal, nous voulons le faire évoluer, mais nous disons que la priorité absolue est la baisse des charges sur les PME, la libération de nos entreprises, la relance du pouvoir d’achat des retraités… Nous ne voulons pas que cette question de l’euro bloque dès le mai la mise en oeuvre d’un beau programme économique de soutien de nos PME, car ce sont les petites entreprises qui créent l’emploi. Quant à l’euro, on se donne juste un peu plus de temps pour négocier avec nos partenaires et permettre à la France de ne pas être étouffée par une monnaie.
Le patriotisme humaniste et gaulliste que vous défendez est donc compatible avec les idées du Front national ?
Totalement. Le patriotisme gaulliste et humaniste, c’est l’indépendance de la France, le contrôle nos frontières, le refus de la soumission à Bruxelles. Et puis, c’est aussi un droit du travail protecteur, en évitant ce que prépare monsieur Macron : tout casser dans notre société avec la suppression complète du droit du travail qu’il prévoit par ordonnances. Dernier point, nous voulons une baisse fiscale, alors que M. Macron souhaite, lui, une hausse de la CSG. Après avoir augmenté massivement les impôts sous Hollande, il va à nouveau matraquer les retraités.
Premier ministre, quelles seraient vos trois premières mesures ?
Nous le dirons avec Mme Le Pen. Mais les mesures essentielles seront bien sûr le contrôle des frontières pour arrêter l’insécurité, le terrorisme et l’immigration massive. Deuxième axe fondamental, la baisse des charges sur les PME pour leur permettre de créer de l’emploi en France en relocalisant au maximum. Et enfin, la relance du pouvoir d’achat, notamment des plus modestes, avec la baisse de l’impôt sur le revenu pour les trois premières tranches et une prime de euros par mois pour tous les retraités qui gagnent moins de euros.
Si Marine Le Pen était élue, qui feriez-vous entrer dans votre gouvernement ?
Ce n’est plus moi le candidat. C’est Mme Le Pen qui décidera, c’est elle la candidate, mais ce qui est sûr, c’est que le fait qu’elle m’ait choisi est la preuve qu’il n’y aura pas un gouvernement monolithique Front national, mais une alliance pluraliste. C’est un signal très important qui permettra de montrer aux Français qu’il existe une alliance. Je n’ai qu’un objectif : réunifier les droites pour sortir de cette aberration où, alors que % des Français sont hostiles à François Hollande, il persiste pourtant le danger d’élire son héritier !
La dictature du politiquement correct” Il n’y aura pas un gouvernement monolithique Front national”