Changer tout ou rien ?
Est-il raisonnable de subordonner le destin de toute une nation à un duel verbal de minutes entre un socialiste honteux et une droite refusant d’être qualifiée d’extrême ? Suffit-il que deux douzaines de vieux politiciens aillent à la soupe pour que millions de Français se sentent mieux dans leur assiette ? Les partis traditionnels dont la présidentielle a sonné le glas peuvent-ils ressusciter à la faveur des législatives ? Si la gauche et la droite désertent également l’hémicycle, les parlementaires encore fidèles à ce clivage devront-ils s’asseoir dans les tribunes naguère réservées au public ? Le non-cumul des mandats rendra-t-il plus inventifs les députés ayant préféré l’Assemblée nationale à un exécutif local ? Si son « chargé de discours » (sic) lui avait préparé une fable de La Fontaine, Mme Le Pen l’aurait-elle récitée sans citer le nom de l’auteur ? Un clin d’oeil peut-il durer près de deux minutes sans léser le nerf optique ? Etre l’héritier d’un président champion de l’impopularité prédispose-t-il à lui succéder ? Les « visages nouveaux » peuvent-ils remplacer à la glotte levée les anciens notables ? La cohue autour des statues de Jeanne d’Arc s’explique-t-elle par une recherche des voix autres que celles de Saint-Michel et de l’Ange Gabriel ? En un mot comme en cent, à l’oral comme à l’écrit, faut-il voter pour un candidat ou contre l’autre ?