Comme des fruits mûrs...

On ne soulignera jamais assez combien le droit de vote humanise les démocraties. Non seulement les princes qui nous gouvernent ou les dauphins qui souhaiteraient leur succéder nous courtisent, promettent la retraite à  ans et un salaire de p.-d.g. aux chômeurs mais encore leurs états-majors s’ingénient à faciliter notre vie quotidienne quatre dimanches tous les cinq ans. Particulièrement celle des vieux. Rebaptisés seniors, ils s’entendent proposer des « ramassages » réservés habituellement aux écoliers, aux turfistes et aux fruits mûrs. Avec, selon les cas et les finances des partis, des taxis qui passent prendre ceux dont la voix chevrotante peut faire basculer un scrutin ou des militants bénévoles qui ne s’arrêteraient pas toujours pour laisser traverser une aïeule sur un passage protégé mais qui lui téléphonent, s’enquièrent de sa santé, vont la chercher chez elle et la ramènent ensuite. Sans qu’on ait ouï-dire qu’en ce jour béni où le peuple redevient souverain, on en profite pour accompagner également les électeurs des e et e âges chez leurs enfants et leurs petits-enfants. Attention ! Les ramasseurs ne doivent pas influer sur le vote des ramassés. Il serait scandaleux et contre-productif de menacer un vétéran de l’isoloir en lui disant « papy, si tu ne mets pas le bon bulletin dans l’urne,

tu rentreras chez toi à pied ! »