Il exploitait une octogénaire
L’affaire est aussi glaçante que lamentable. Le 5 mai dernier, un automobiliste assiste à une invraisemblable scène. Non loin de la gare de Cannes, un homme fait traverser la rue à une octogénaire en la tirant par le nez. Il la gifle par deux fois. Elle est bossue, semble désorientée, et présente une apparence physique très dégradée. Ni une, ni deux, le conducteur prévient une patrouille Vigipirate, en l’occurrence des CRS de Saint-Cyr-AuMont-d’Or (Rhône). L’homme est interpellé. Sans vergogne, il explique : « C’est normal, je suis obligé de la frapper sinon elle ne comprend rien. » L’individu comparaissait hier devant le tribunal correctionnel de Grasse. M. Z., 59 ans, s’exprime sans avoir bien l’air de comprendre ce qui lui est reproché. Et pourtant! Les policiers ont perquisitionné l’appartement du Cannet où ils vivaient tous les deux. Le logement appartient à la dame, par ailleurs diabétique et incontinente. Une vision d’horreur. Un matelas couvert d’excréments, d’urine. Celui de l’octogénaire. Ce bon monsieur, en revanche, disposait d’un matelas propre. Une seule brosse à dents trônait dans la maison. Lui appartenant évidemment.
euros sur un compte en banque
L’enquête a révélé que l’homme habitait avec elle depuis six ans. Ils n’ont aucun lien de parenté. Il dit l’avoir rencontrée dans un jardin de Cannes. La dame dispose d’un confortable pécule de 400000 euros sur son compte en banque. Sans qu’on sache pour l’instant si M. Z. a pu en profiter. Sur lui, les policiers ont trouvé le passeport d’une autre dame, de 72 ans. Contactée par les policiers, elle se souviendra bien avoir été approchée sur la plage. « Il souhaitait venir s’installer chez moi. Je l’ai éconduit », a-t-elle déclaré aux enquêteurs. Pourquoi avoir tiré cette pauvre octogénaire par le nez, comme on le ferait avec un animal ? Le président du tribunal correctionnel, Marc Joando, cherche à comprendre. « Je lui ai pris le nez gentiment », se défend le prévenu. « Un geste mutin ? », ironise le président. « C’est ça, un geste mutin. » L’homme sera finalement jugé le 19 juin. Il a été placé en détention, conformément aux réquisitions du substitut du procureur, Manon Duthoit. Le temps pour la justice de retrouver un éventuel parent de la malheureuse et d’enquêter. L’octogénaire, incapable de témoigner, a été hospitalisée et va être placée en Ehpad. M. Z. sera jugé pour « violences habituelles sur personne vulnérable » .Ilencourt cinq ans de prison. Une enquête incidente a été ouverte pour des faits « d’abus d’ignorance ou de faiblesse ».