Nice-Matin (Cannes)

Un jardinier cannois jugé pour meurtre

Le corps de Bilel avait été retrouvé lardé de coups de couteau dans une voiture calcinée. Des méthodes du grand banditisme employées par .... un jardinier de 28 ans. Inoffensif, en apparence

- CHRISTOPHE PERRIN chperrrin@nicematin.fr

Quand les pompiers intervienn­ent dans la nuit du 7 au 8 janvier 2014 pour éteindre une voiture embrasée chemin des Primevères à Mougins, ils sont loin de se douter qu’un cadavre gît dans le coffre. Des riverains ont été réveillés par des détonation­s : en réalité, les pneus qui éclataient sous l’effet de la chaleur. Une fois le sinistre éteint, un caporal ouvre le coffre et découvre Bilel, 24 ans, carbonisé. Sa sacoche a miraculeus­ement échappé à la destructio­n contrairem­ent au reste de la Twingo, complèteme­nt calcinée. Les gendarmes y trouvent les papiers de la victime et la photo d’identité d’un inconnu qu’ils identifier­ont rapidement. Il s’agit de Christophe­r Bergia, un Cannois de 28 ans, jardinier-paysagiste, qui comparaît depuis hier, à Nice, devant la cour d’assises des Alpes-Maritimes pour assassinat et destructio­n volontaire par incendie. « On a tout de suite pensé à un règlement de compte. Un barbecue comme on dit dans le milieu », indique l’adjudantch­ef de la section de recherche de Fréjus.

Copains de cellule

Et pourtant les deux protagonis­tes n’appartienn­ent pas au grand banditisme, loin de là. Même l’avocat général Parvine Derivery, qui sera chargé vendredi de requérir une peine, en convient. Les deux amis ont certes sympathisé en prison. Bilel, alias « Moustique », surnommé ainsi en raison de sa constituti­on, avait été incarcéré courant 2013 quelques semaines pour des violences. Christophe­r n’a pas non plus l’apparence d’un gros dur sous sa chemise bleue et son visage d’étudiant, mais son appétence pour la pétanque et sa propension à prendre le volant sous l’effet de l’alcool l’avaient conduit en prison. Et la nuit du drame, il admet avoir porté treize coups de couteau à Bilel. Cinq heures plus tard, il tentait d’effacer toute trace de son crime en aspergeant d’essence sa victime. La raison d’un tel déchaîneme­nt de violence ? Le président Patrick Veron dispose de quatre jours pour répondre à cette question. Selon les gendarmes, Bilel reprochait à Christophe­r – à qui il avait confié un kilo de cannabis – de lui en avoir volé 340 g. Depuis des semaines, la victime le harcelait pour récupérer 2 000 €, correspond­ant à la marchandis­e disparue. Une hypothèse contestée par les proches de la victime, chez laquelle il a été retrouvé 400 g de cannabis et 4 200 € en liquide. Les deux hommes se sont donné rendez-vous le 7 janvier chez Christophe­r Bergia, boulevard du Riou à Cannes. Me Philippe Armani, avocat de la partie civile, insiste au moment de l’analyse de la téléphonie : « C’est M. Bergia qui a appelé le premier.» Sous-entendu, il avait déjà échafaudé le scénario macabre. Ce dernier a ensuite demandé à Bilel Ben Chalal de l’emmener chez sa mère à Mougins où il prétendait avoir de l’argent. Christophe­r Bergia serait revenu sans les 2000 € mais avec un couteau de cuisine. Les enquêteurs ont retrouvé l’arme sur une plage de Cannes. Elle semble appartenir à sa mère, si l’on en croit trois autres couteaux au manche caractéris­tique exposés par l’huissier d’audience. Le juge d’instructio­n et les gendarmes sont convaincus de la préméditat­ion du crime. Les proches de Bilel également. L’accusé, défendu par Me Mélanie Junginger-Sinibaldi, proteste, affirme avoir désarmé Bilel dans la Twingo avant de lui porter des coups en état de légitime défense. Il a fallu attendre la neuvième audition pour qu’il avoue son crime, « en sanglots », précise un gendarme. Pas vraiment de la graine de caïd, ce jardinier cannois qui travaillai­t dans l’entreprise familiale.

 ??  ?? Me Philippe Armani et les proches de Bilel Ben Chalal, la victime. Pour eux, la préméditat­ion du crime ne fait aucun doute. (Photo C. Perrin)
Me Philippe Armani et les proches de Bilel Ben Chalal, la victime. Pour eux, la préméditat­ion du crime ne fait aucun doute. (Photo C. Perrin)

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