Nice-Matin (Cannes)

Baroin et le « Rubimacron »

- Par DENIS JEAMBAR

Le tempête Macron est, bien entendu, avant tout politique mais elle est aussi génération­nelle. En même temps que l’affronteme­nt droitegauc­he, ce sont tous les quinquagén­aires, mis en couveuse depuis longtemps à droite et à gauche, qui prennent un coup de vieux et risquent de voir le pouvoir leur passer définitive­ment sous le nez. Toutes ces années à accepter la discipline partisane, à ronger son frein, à renoncer à ruer dans les brancards ! Tout ça pour rien ? Nul doute que François Baroin,  ans le  juin, aimerait bien fêter son anniversai­re en déjouant le sort qui le menace comme nombre d’autres. Il avait tant espéré au cours des derniers mois. D’abord dans le sillage de Nicolas Sarkozy, puis en se rangeant derrière François Fillon. Toutes ces couleuvres avalées pour rien ? Impossible. Pas question donc de rester l’éternel Harry Potter des Républicai­ns ! En quelques heures après le premier tour, il a donc changé de braquet et, pour la première fois, décidé de se mettre en danger en prenant la tête des troupes républicai­nes soudain sans chef. Ce n’est pas, loin de là, un néophyte de la politique : plus jeune député en , maire de Troyes en , sénateur depuis ,  fois ministres. Un beau curriculum vitae qu’il voulait compléter en s’installant à Matignon avant de songer peut-être, la soixantain­e approchant, à l’Elysée. Un plan de carrière balayé par Emmanuel Macron dont l’audace l’a réveillé. Le voici en chef de guerre de la droite pour les législativ­es, Baroin le prudent enfin à découvert. Peut-il relever ce défi électoral? Il a déjà réussi la première partie de son opération reconquête en évitant que les juppéistes ne partent en macronie. Le maire de Bordeaux tout comme JeanPierre Raffarin ont affirmé qu’ils ne franchirai­ent pas le « Rubimacron ». Tiendront-ils jusqu’au bout ? Y aura-t-il d’autres Bruno Le Maire ? Pour éviter l’hémorragie, François Baroin a tapé du poing sur la table : tout député Républicai­n ralliant la République en Marche aura contre lui un adversaire LR. En même temps, il a donné des gages à tous les juppéistes et aux centristes en amendant le programme Fillon : recul sur la réduction du nombre des fonctionna­ires, renoncemen­t à la hausse de la TVA, retour du paiement des heures supplément­aires. Il compte aussi sur la mobilisati­on des nombreux présidents de régions et maires de son camp élus en  et . Enfin, il estime à  les circonscri­ptions où les députés sortants sont bien implantés. Certes, son pari de l’emporter est loin d’être gagné mais, faute de Matignon, il peut encore espérer sauver la droite d’un nouveau naufrage et devenir le chef de l’opposition.

« Pas question donc de rester l’éternel Harry Potter des Républicai­ns ! »

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