Nice-Matin (Cannes)

 mai  :

Il y a 20 ans, l’OGC Nice, condamné à la descente en deuxième division, remportait aux tirs au but contre Guingamp la dernière finale de la Coupe de France jouée au Parc des Princes

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Le matin du 10 mai 1997, la France du foot fait la moue. Elle se moque éperdument de la 79e finale de la Coupe, la dernière jouée au Parc des Princes. Elle regarde l’affiche de loin. De haut. Comment peut-elle se passionner pour un match entre clubs d’en bas ! Guingamp est 12e et Nice dernier. Un anonyme et un condamné. Pour le Gym, c’est un arc-en-ciel après une saison de pluie. Le président Boïs, qui a toujours préféré s’en remettre à Dieu plutôt qu’à la météo, a fait un petit tour au Sacré-coeur avec Pancho Gonzalez. Une prière, un cierge, une hostie : ça ne mange pas de pain. Surtout quand il est béni. Nice a besoin de tout le monde. Jésus et Marie y compris. Quand on finit un championna­t avec 23 petits points, 5 victoires minuscules et 25 défaites cinglantes, on s’adresse au ciel autant qu’à son entraîneur. Des coachs, le Gym en a consommé trois (Emon, Sanchez, Takac). Quant au président Boïs, il s’apprête à passer la main au Croate Milan Mandaric qui vient de racheter une maison en carton-pâte. En attendant, c’est toujours ‘‘Dédé’’ le boss. Pas question de laisser la place un soir comme celui-là. Quand il arrive dans le carré VIP du Parc, André Boïs fonce vers Lionel Jospin. Celui qui sera nommé quelques jours plus tard Premier ministre de Jacques Chirac sous la cohabitati­on a annoncé la veille à la radio qu’il soutiendra­it Guingamp. A Nice, on n’a pas apprécié. «Jelui ai dit : ‘’Monsieur Jospin, vous avez fait une erreur. Guingamp est une ville de 16.000 habitants. A Nice, on est 400.000. Où les socialiste­s sontils les plus nombreux ?’’ Il m’a répondu : ‘’C’est pas faux...’’» raconte le premier défenseur de l’OGCN toujours taquin et babillard. ✓ Gardien de but. ✓  ans. ✓ Au Gym de  à . ✓ Entraîneur des gardiennes de l’équipe de France féminine et du SC Bastia (centre de formation). Dans le virage qui leur est réservé, les 7000 supporters niçois montés à Paris pour faire la révolution ne songent qu’à embastille­r tous les Bretons et leur chapeau rond. Ils font un boucan d’enfer. Imaginez : c’est la seule fois de l’année où ils vont pouvoir sauter, crier, s’embraser. D’habitude, les Niçois comme leurs adversaire­s regardent les finales devant la télé. Là, ils sont ✓ Défenseur (ou milieu). ✓  ans. ✓ Au Gym de  à . ✓ Travaille à l’aéroport de Nice (Air France). dans le poste comme on est dans un rêve. Silvester Takac qui aime le romantisme dans les livres et l’extravagan­ce chez les autres a bétonné son équipe (deux latéraux, trois défenseurs centraux, deux milieux récupérate­urs) et travaillé son plan de jeu. Savini, Gomis, Tatarian, ✓ Défenseur ✓  ans. ✓ Au Gym de  à . De  à . De  à . ✓ Vit au Beausset (Var) où il s’occupe des siens Salimi, Fugen, Gioria et De Neef ne sont pas sur le pré pour ramasser les marguerite­s et les glisser au bout du fusil. A la 21e, le Gym visite pour la première fois le camp d’en face. Corner de De Neef. Fugen prend de l’altitude. Son coup de tête est prolongé par la nuque de Salimi qui, sur l’action, a un frère siamois nommé Chaouch. But ! La suite, c’est l’égalisatio­n de Laspalles ✓ Défenseur. ✓  ans. ✓ Au Gym de  à . ✓ Manager de projet à l’académie de football de Jean-Marc Guillou au Maroc (à Agadir) (77e), la prolongati­on et les tirs au but. Takac qui a perdu, neuf années auparavant une finale aux ‘’pénos’’ avec Sochaux face à Metz a préparé ce moment toute la semaine. « Onorati était cuit. Avant même la prolongati­on, il demandait à sortir. Mais j’ai refusé. C’était notre premier tireur. Pas question qu’il soit remplacé ! », se souvient le petit coach au grand caractère. Onorati marque. Comme De Neef et Tatarian. Gomis rate le sien. Mais Valencony joue les héros, stoppant net les tentatives de Carnot et Michel. La balle de match est au bout du pied de Vermeulen. Le Hollandais a traversé la saison comme une ombre. Pourtant, c’est de lui que vient la lumière. Il claque. Son seul fait d’arme. C’est fini. Merci. C’est la folie. Nice remporte sa 3e Coupe de France après 1952 et 1954. On ne pleurera plus sur la finale perdue face au Nancy de Platini en 1978. Les derniers sont les premiers. Le relégué est Européen. Le Gym est en Coupe des Coupes. Il est surtout au septième ciel. Ce ciel vers qui il s’est tourné quand tout allait si mal. La joie est à la mesure de l’attente. Nice a retrouvé sa fierté, son honneur, son passé. On rit, on pleure. Ça va durer des heures. Des jours même. La fête aussi jouera la prolongati­on. C’était le 10 mai 1997. C’était hier. Aujourd’hui, Pancho Gonzalez et Jean-Luc Bailet sont partis. Revivre ce soir de gloire, c’est aussi penser à eux. Les autres sont là. Parfois las. Ils ont vécu, ils ont vieilli. Mais ils n’ont rien oublié. Vingt ans déjà. ✓ Défenseur ✓  ans. ✓ Au Gym de  à . ✓ Agent d’exploitati­on dans une société niçoise.

Dossier : Philippe CAMPS Photos : PIERGÉ ✓ Défenseur (ou milieu) ✓  ans. ✓ Au Gym de  à . ✓ Responsabl­e technique de la section jeune du Stade Bordelais.

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