Nice-Matin (Cannes)

Dddddd Eric Judor refait le monde Il était une foi... Le vrai Rocky

- PH. D. C. C. C. C.

D’Eric Judor (France). Avec Eric Judor, Blanche Gardin, Youssef Hajdi. Durée :  h . Genre : comédie. Notre avis : ★★

Jeanne (Célie Rosich) et Victor (Eric Judor) sont deux jeunes parisiens de retour de vacances. En chemin, ils font une halte pour saluer leur ami Jean-Paul (Michel Nabokov), sur la prairie où sa communauté a élu résidence. Le groupe lutte contre la constructi­on d’un parc aquatique sur la dernière zone humide de la région, et plus généraleme­nt contre la société moderne, la grande Babylone. Séduits par cet « art de vivre autrement », où l’individual­isme, la technologi­e et les distinctio­ns D’Alejandro Monteverde (USA). Avec Jakob Salvati, Emily Watson, Cary-Hiroyuki Tagawa. Durée :  h . Genre : comédie dramatique. Notre avis : ★★★

Alors que son père vient d’être appelé pour combattre le Japon pendant la Seconde Guerre mondiale, Pepper, (Jakob Salvati) petit garçon de huit ans à la croissance perturbée, qui avait avec lui une relation fusionnell­e, demeure inconsolab­le. Avec la naïveté de son âge, il est prêt à tout pour faire revenir son père coûte de genre sont abolis, Jeanne et Victor décident de rester quelques jours… sans se douter qu’une pandémie mondiale va bouleverse­r le cours des choses.

Eric Judor a beau ne pas être à l’origine du projet, ni signer le scénario, son humour absurde fait mouche. Ses aficionado­s retrouvero­nt sa patte tout du long d’un Problemos aussi inattendu que déjanté, qui derrière une apparente idiotie de tous les instants est pourtant bigrement intelligen­t dans son propos. La représenta­tion du groupe anarchiste jusqu’au boutiste – il ne s’agit pas seulement de refuser le concept de propriété, mais aussi d’idées tordues comme ne pas donner de nom à son enfant ou de refuser de savoir son sexe… – est simpliste que coûte. Même à faire ami-ami avec un vieux Japonais (Cary-Hiroyuki Tagawa) rejeté par toute la communauté, comme le lui conseille le curé de la paroisse…

Drame de guerre, comédie familiale, fantastiqu­e, film chrétien pour enfants… Le scénario de Little Boy mélange allègremen­t les genres et les thématique­s (exclusion, racisme, relations père-fils, spirituali­té…). Pourtant, le réalisateu­r Alejandro Monteverde, dont c’est le premier film, parvient quand même à en tirer une fable tout à fait regardable pour un public familial. Avec un traitement « à la Spielberg » (ou plutôt à la Luc Besson, genre Arthur et manque de réflexion pour mieux marquer les contradict­ions des personnage­s dans la seconde partie. Dès lors qu’ils sont livrés à eux-mêmes, dans un monde dénué de vie, la curieuse troupe réinvente le quotidien et se retrouve face à ses propres contradict­ions. Des règles apparaisse­nt, un chef s’impose, les inégalités pullulent par le biais d’un bricoleur se créant son habitat « moderne » troquant des douches d’eau chaude orgasmique contre un dur labeur… la variation sur le système, capitalist­e (ou pas) est maline en plus d’avoir le bon goût de ne pas se répéter. On est donc constammen­t surpris par le scénario au milieu duquel Eric Judor se sent de plus en plus comme un poisson dans l’eau, jusqu’à une fin, justement, faussement en queue de poisson… sans les Minimoys), un excellent casting (Emily Watson dans le rôle de la mère) et un peu de second degré, il réussit même à faire passer le prêchi-prêcha sur la foi « qui déplace les montagnes ». On se dit pourtant que la parabole va un peu loin lorsque le gamin, qui se croit doté de super pouvoirs et pense avoir provoqué un tremblemen­t de terre, se met en tête d’exercer sa force vers le Japon, où son père est retenu prisonnier. L’action se situe, en effet, en 1945 et le surnom du garçon (Little Boy) est aussi celui de la bombe qui a détruit Hiroshima… Mais ça passe (de justesse) et le film se termine en ode à l’amour filial et à la tolérance. De Philippe Falardeau (USA). Avec Liev Schreiber, Naomi Watts, Ron Perlman. Durée :  h . Genre : drame. Notre avis : ★★★ L’histoire vraie de Chuck Wepner (Liev Schreiber), négociant en alcools du New Jersey, qui a tenu 15 rounds contre le plus grand boxeur de tous les temps, Mohammed Ali, lors du championna­t du monde poids lourds en 1975, avant de finalement s’incliner par K.O. technique… Hormis les férus de boxe, peu se souviennen­t de Chuck Wepner qui en plus d’avoir été à 19 secondes de tenir un combat en intégralit­é contre la légende poids lourd, a inspiré un certain Sylvester Stallone dans la création du personnage de Rocky. Pas une anecdote pour le Canadien Philippe Falardeau qui évoque l’ascension puis la chute d’un sportif vivant par procuratio­n dans la peau des boxeurs fictifs représenté­s au cinéma. De Louis « Moutain » Rivera, Anthony Quinn, déchu dans Requiem pour un champion, film dont il connaît les répliques par coeur à l’étalon italien donc, double réussissan­t là où il a échoué, l’identifica­tion est quasi totale. Fort d’un tel propos, le ring passe au second plan : on ne voit d’ailleurs que des bribes d’affronteme­nts, pas réellement marquants… contrairem­ent à l’aspect drama, au portrait de cet homme tendre et touchant. Sa déchéance dans la solitude ou la drogue est d’autant plus poignante qu’elle est portée par l’excellent Liev Schreiber. L’acteur propulsé par Ray Donovan a, en effet, cette capacité d’incarner les losers magnifique­s, de passer du charisme au pathétique d’une scène à l’autre, comme peu savent le faire. Cette dualité, recherche évidente d’identité, de bonheur berce cette incursion au sein des seventies, période restituée avec grand soin.

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