Nice-Matin (Cannes)

Mandelieu: le magnétiseu­r avait les mains baladeuses

Un quinquagén­aire s’était hasardé sur le clitoris d’une lycéenne, dans son cabinet à La Napoule. Le tribunal correction­nel de Grasse l’a condamné à du sursis avec mise à l’épreuve

- CHRISTOPHE CIRONE ccirone@nicematin.fr

Je sais que tu es très coincée au niveau du vagin. Le sexe, c’est la base dans la vie. Il faut que je te pratique un massage des ovaires... » Étrange consultati­on que celle proposée par ce magnétiseu­r. Si peu orthodoxe que M. E., Marseillai­s de 54 ans, avait dans un premier temps été placé en garde à vue pour viol. Il a finalement été condamné pour agression sexuelle, mercredi, par le tribunal correction­nel de Grasse. Et ce, sous les yeux de sa jeune victime. La scène remonte au 16 octobre 2015. À l’époque, M. E. pratique depuis quatre ans l’activité de magnétiseu­r. Un « don » qu’il assure avoir hérité de son père. Chez lui, il a dédié une pièce à son « art », au centre de laquelle trône une table d’examen. Luimême se présente à ses patients vêtu de blanc de la tête aux pieds. C’est une bonne amie qui le recommande à Jessica (1), 18 ans. Cette lycéenne complexée, qui habite la région grassoise, est alors en proie à divers problèmes avec sa famille et son petit ami. Elle se rend en confiance chez le magnétiseu­r une première fois, puis deux, puis trois. Les premières consultati­ons sont plutôt concluante­s. C’est à la troisième que tout dérape.

« Chakra racine » et gestes déplacés

M. E. demande à la jeune fille de se dévêtir, afin de poursuivre plus avant son imposition des mains. Ses mains vagabonden­t alors vers la culotte de Jessica, puis en dessous, « pour lui masser le clitoris ». « Il fallait que je m’attaque à son “chakra racine” », justifiera l’intéressé face aux enquêteurs. Mais le quinquagén­aire ne s’arrête pas là. Prétextant être gêné pour atteindre le plexus solaire, il demande à Jessica d’ôter son soutiengor­ge. Il lui aurait alors caressé la poitrine, puis aurait sorti son sexe et demandé à la jeune femme de le masturber. Sur ce point, l’intéressé conteste le récit de la victime. La séance, en tout cas, a pris fin là. M. E. a incité Jessica à la discrétion - « ça reste entre nous... » Raté. Alertés, les gendarmes viennent l’interpelle­r. Un an et demi plus tard, le voilà à nouveau confronté à sa patiente. Au tribunal, cette fois. Avec cran, Jessica raconte à la barre le traitement très spécial que lui a administré ce magnétiseu­r. Le prévenu, lui, assure avoir agi pour son bien, en utilisant une technique à laquelle il n’avait jusqu’alors jamais recouru. « Pourquoi alors l’avoir pratiquée là? », feint de s’étonner le président Marc Joando. « Je pensais bien faire... », plaide M. E. Le magnétiseu­r avait-il conscience d’outrepasse­r sa fonction ? Réalisait-il que demander l’accord de la jeune fille relevait du préalable essentiel? Son défenseur Me Sylvain Pont s’interroge. Il assure que d’autres clientes s’étaient déclarées satisfaite­s. Quant aux compétence­s de son client pour exercer une telle activité, il ironise: « On n’a jamais demandé ses diplômes à Jésus quand il a guéri des malades ! » La justice des hommes, elle, n’absout guère de ses pêchés. Le tribunal inflige à M. E. 18 mois de prison avec sursis-mise à l’épreuve pendant deux ans, comme le réclamait le parquet. Il le condamne en outre à verser à sa victime 5 000 euros, et fait inscrire son nom au fichier des auteurs d’infraction­s sexuelles.

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La table d’examen sur laquelle le magnétiseu­r recevait ses patientes, chez lui. (DR)

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