Nice-Matin (Cannes)

Les Français en bonne santé

C’est ce qu’il ressort du dernier rapport de la Drees publié hier. Mais selon le niveau social, les inégalités restent fortes et agissent sur l’état de santé des population­s les plus défavorisé­es

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Les Français sont-ils en bonne santé ? Oui, globalemen­t, répond un rapport de référence, mais les inégalités sociales et régionales sont nombreuses et 30 % des décès avant 65 ans pourraient être évités en réduisant les comporteme­nts à risques, dont la consommati­on de tabac et d’alcool.

La vie s’allonge

Le rapport 2017 sur l’état de santé de la population a été publié, hier, par la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiqu­es (DREES) et l’agence nationale Santé publique France. Et il l’assure : « Les Français sont globalemen­t en bonne santé par rapport aux pays de niveau de richesse similaire. » Leur espérance de vie en 2015 est de 85 ans pour les femmes (parmi les plus élevées d’Europe) et 78,9 pour les hommes (dans la moyenne européenne). En dix ans, l’espérance de vie des femmes a progressé de 1,2 an et celle des hommes de 2,2 ans, même si ce phénomène tend à se tasser. En 2013, quelque 567 000 décès ont été enregistré­s en France (métropole et outre-mer). Les cancers et les maladies cardiovasc­ulaires sont les causes les plus fréquentes (27,6 et 25,1%), suivis par les maladies respiratoi­res autres que les cancers (6,6%) et les morts violentes comme les accidents ou les suicides (6,5%).

Vivre mieux pour vivre plus vieux

Sur ces 567 000 décès, 106 400 étaient des « morts prématurée­s », c’est-à-dire survenues avant 65 ans. Or, près d’un tiers d’entre elles (30%, environ 32 000) aurait pu être évité en réduisant les comporteme­nts à risques (tabagisme, consommati­on d’alcool, mais aussi conduite routière dangereuse et suicides). « Identifier les comporteme­nts des Français qui contribuen­t le plus à cette mortalité évitable, afin de réduire son poids, constitue un enjeu majeur de santé publique », assène le rapport de plus de 400 pages. Au premier rang de ces dangers, le tabac, qui « entraînera­it chaque année en France le décès de plus de 75 000 personnes ». Avec un motif d’inquiétude : la faible baisse du tabagisme chez les femmes, qui provoque chez elles une hausse de la mortalité associée à la consommati­on de tabac (+38 % entre 2000 et 2013, contre -27 % chez les hommes). La consommati­on d’alcool, elle, diminue régulièrem­ent (10 % des 1875 ans en consomment quotidienn­ement). Mais de plus en plus de gens sont concernés par le phénomène « d’alcoolisat­ion ponctuelle importante » (API, le fameux «binge drinking») : 38 % en 2014 contre 36 % en 2010. Enfin, « la moitié des adultes est en surpoids », dont un sur six souffre d’obésité. « La consommati­on de fruits et légumes et l’activité physique restent insuffisan­tes », déplore le rapport. Les risques du métier « Les classes les plus favorisées économique­ment et/ou les plus diplômées bénéficien­t d’un meilleur état de santé », note le rapport. Ainsi, un homme de 35 ans qui travaille comme cadre peut espérer vivre encore 49 ans, contre moins de 43 pour un homme ouvrier (53 et moins de 50 pour les femmes). L’état de santé dépend d’un grand nombre de paramètres : alimentati­on, activité physique, mode de vie (tabac, alcool...), conditions de travail... Or, « ce sont souvent les mêmes population­s, les moins favorisées (faible revenu, peu diplômées), qui cumulent les exposition­s aux différents facteurs de risque ». Par exemple, « le tabagisme quotidien est de 19 % chez les cadres contre 42 % chez les ouvriers non qualifiés ». Et en grande section de maternelle, « la proportion d’enfants souffrant d’obésité s’élève à 5,8% pour les ouvriers contre 1,3% pour les cadres».

Où vit-on le plus vieux?

Des écarts notables existent entre les régions, largement dus à des différence­s sociologiq­ues entre leurs population­s. « L’espérance de vie est en moyenne plus élevée dans la moitié sud de la France métropolit­aine, en Île-de-France et, pour l’outremer, en Martinique. Elle est en moyenne plus basse dans les Hautsde-France et, pour l’outre-mer, à Mayotte et en Guyane », souligne le rapport. En métropole, les écarts entre régions peuvent aller jusqu’à 4 ans pour les hommes (76,9 ans dans les Hauts-de-France contre 80,8 en l’Île-de-France) et 2 ans pour les femmes (83,6 ans contre 85,9 dans les mêmes régions). Outre-mer, ces écarts peuvent être de 3 ans pour les hommes et 6 ans pour les femmes.

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