Le titre à portée de main
Il y a quatre ans, Monaco remontait en Ligue 1, dix-huit mois après le rachat du club par Dmitry Rybolovlev. D’ici une semaine, le club peut devenir champion de France. Oui, déjà...
Hasard du calendrier, hier, on célébrait le quatrième anniversaire de la remontée de l’AS Monaco en Ligue 1. C’était à Nîmes et certains asémistes actuels étaient déjà dans le coup : Valère Germain, Nabil Dirar, Danijel Subasic et Andrea Raggi. Dix-huit mois après l’arrivée de Dmitry Rybolovlev au sein du club de la Principauté - qui connaissait alors une crise financière importante - l’AS Monaco connaissait alors sa première réussite avec un retour dans l’élite. Malgré un PSG omniprésent depuis l’arrivée du Qatar en 2011 (4 titres de champions, 4 Coupes de la Ligue, 2 Coupes de France et 4 Trophées des champions), Monaco pourrait - devrait - être le premier club à briser l’hégémonie parisienne. Ce n’est pas rien mais c’est aussi, quelque part, logique. Que l’ASM, qui a quand même investi 390 millions d’euros sur le mercato depuis l’arrivée de Rybolovlev, gagne un titre en France, cela n’a rien d’anormal. C’est plutôt la rapidité avec laquelle le club de la Principauté a mis fin à la tutelle du PSG en championnat qui est surprenante. Il y a un an, Monaco terminait à la troisième place, à trente points des Parisiens.
Un projet qui a changé... mais sans doute plus cohérent
Au coeur d’un été brûlant, le club aura vu son organisation interne se développer (départs de Campos et Makelele ainsi que certains membres du staff, arrivée de Cordon), son onze de départ complètement remodelé avec un quatuor défensif entièrement recomposé, une paire au milieu inédite, la confiance donnée en même temps à Lemar et Bernardo Silva, sans parler des trois offensifs qui n’étaient pas là l’an dernier (Falcao, Germain et Mbappé), le tout dans un nouveau schéma tactique. Au final c’est une équipe quasiment nouvelle qui s’apprête à devenir championne de France. Il y a une part de chance, forcément, mais beaucoup de talent et encore plus de travail derrière. Champions cinq ans après l’arrivée des Russes, compte tenu de la concurrence, est-ce un exploit ? Oui et non. En tout cas, ce titre probable s’inscrit dans la logique de renouveau du club de la Principauté. Un objectif avoué dès la prise de pouvoir de la direction actuelle. « L’ASM représente un des principaux symboles de la Principauté, sa fierté et ses traditions. Je crois que ce club a un énorme potentiel. J’espère qu’il saura le réaliser de façon pleine et entière tant au niveau national qu’au niveau européen » ,déclarait Dmitry Rybolovlev au moment de l’acquisition du club, en décembre 2011. Dix-huit mois plus tard, au moment de la remontée en Ligue 1, l’investissement du propriétaire monégasque se montrait à la hauteur des ambitions en misant 160 millions d’euros lors de l’été 2013. De cette fenêtre lucrative s’est bâtie une partie de l’ossature de l’équipe actuelle : Falcao, Joao Moutinho, Fabinho. Cette saison, forcément fabuleuse puisqu’elle se couple au développement d’un jeu séduisant, à l’émergence de nouveaux talents et, surtout, à des résultats probants avec une demi-finale de Ligue des champions, une autre de Coupe de France et une finale de Coupe de la Ligue, montre que le virage opéré à l’été 2015 a porté ses fruits. Entre 2013 et 2015, Monaco a investi des sommes énormes sur le marché des transferts, c’est encore l’époque de la tierce propriété ou TPO (1). Depuis, avec l’interdiction des TPO et la mise en place des sanctions du fair-play financier, Monaco a changé de projet. Ou, plutôt, il l’a réajusté, limitant les grosses sommes sur le marché des transferts - toutes proportions gardées - et misant surtout les jeunes à fort potentiel. Ainsi, Lemar, Silva, Fabinho, Bakayoko Jorge, Jemerson ou encore Boschilia sont arrivés en Principauté pour des sommes inférieures à 15 millions d’euros (ce qui pour, la plupart des clubs de Ligue 1, est un investissement infaisable il est vrai). Actuellement, ils valent, au minimum, le double. Monaco n’a pas la puissance financière du PSG, c’est vrai. Mais le club a des moyens et une fiscalité avantageuse. Malgré tout, le club a énormément travaillé, que ce soit dans le choix des recrues et dans la manière de les faire progresser. Au final, c’est surtout sur la durée que l’ASM a construit son succès actuel. Entre patience, talent et volonté de ne jamais paniquer dans les moments clés, comme ce fut le cas en fin de saison dernière. Un nouveau modèle et sans doute difficilement transposable ailleurs que sur le Rocher. M. FAURE