Nice-Matin (Cannes)

Sa vie est un roman LES BONNES FEUILLES Sandro Salvioni stupéfait Cardinale : copain de ‘‘chambrage’’ Jean-Pierre Rivère raconte...

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C’est Sandro Salvioni (ex-coach de Nice) qui a lancé Balotelli à Lumezzane : « Je vois un petit gamin black faire un sombrero, il récupère la balle derrière et continue. Je suis stupéfait et je décide de le prendre avec moi jusqu’à la fin de la semaine, sauf qu’on me dit qu’il n’a pas  ans et qu’il ne peut pas, légalement, jouer en pros. Je vais voir le directeur sportif et je lui demande de se débrouille­r. J’étais sous le charme, il jouait comme un mec de  ans, il avait une facilité dans le dribble incroyable, il jouait la tête levée. Techniquem­ent, il savait déjà tout faire. Il fallait juste le calmer car il était un peu foufou. » Au sein des équipes de jeunes de Lumezzane, Michelle Cavalli avait déjà tenté de polir son diamant. Un jour, Mario débute sur le banc. C’est une punition. Il rentre à la pause. Egalise. En fin de match, il rate volontaire­ment le but de la victoire pour démontrer à son entraîneur qu’il est le seul à décider du sort d’une rencontre. À Nice, même s’il a mûri et qu’il est aujourd’hui père de famille, l’Italien reste un personnage particulie­r dans un vestiaire. Et pas toujours le dernier quand il s’agit de faire marcher les zygomatiqu­es des copains. Yoan Cardinale, gardien de l’OGC Nice, n’a pas perdu de temps avant de s’acoquiner avec lui et confirme qu’un Mario Balotelli s’apprécie aussi et surtout par sa folie : « On est en confrontat­ion directe à l’entraîneme­nt, alors on se chambre beaucoup car on bosse souvent ensemble. On aime jouer avec les nerfs de l’autre. Une fois, j’étais sur un vélo de salle et lui s’étirait. Je veux lui envoyer un ballon pour l’ennuyer, « Pour la première fois, Mino Raiola a laissé le soin à Mario de décider de son avenir. Il a été franc en lui disant que, s’il ne réussissai­t pas à Nice, ça serait très compliqué derrière, mais il l’a responsabi­lisé. À un moment, dans nos échanges, j’ai envoyé un long SMS à Mino pour lui expliquer toutes les raisons pour lesquelles Nice pourrait intéresser son joueur et ça a marché puisque j’arrive à organiser une rencontre avec Mario Balotelli. On le fait à mon domicile car c’est ingérable en public. Au départ, Mino me rencontre seul et me dépeint toutes les facettes de son joueur, bonnes et mauvaises. En substance, il me déconseill­e de le recruter, c’est une technique de vente, quelque part, mais il est très bon dans ce qu’il fait. Quand Mario arrive, il lui dit : “J’ai tout raconté au président, tu ne peux rien lui cacher”, et ils se marrent. Le feeling est passé immédiatem­ent et tu sens qu’entre Mino et Mario existe un rapport franc et solide. » Alors que l’Inter Milan traverse sa meilleure période sportive depuis quarante ans, Balotelli peine à s’installer définitive­ment dans le onze de départ. En janvier , le ver est déjà dans le fruit. Balotelli ne comprend pas Mourinho, et inversemen­t .... Le coach portugais : « Je pourrais écrire un livre de  pages sur mes deux ans avec Mario. Ça serait une comédie. Un jour, à Kazan, j’étais privé de tous mes attaquants, sauf lui. En première période, il prend un carton jaune. Alors, je passe  de mes  minutes de la pause à parler avec lui. Je lui demande de ne réagir à aucune provocatio­n, à aucune erreur arbitrale, à rien car je n’ai pas de solution offensive pour le remplacer et on ne peut pas terminer à dix. Dix minutes après la reprise, il se fait expulser…» mais je vise mal et je lui touche les parties intimes, il se pliait de douleur dans tous les sens et il part dans le vestiaire. Là, je suis inquiet. Il se passe une minute, deux minutes, trois minutes, rien. Puis il arrive avec une bassine d’eau glacée et il me la vide dessus. Il faut faire attention quand on veut le taquiner, car il faut bien imaginer ce qu’il peut faire en retour. Il ne faut pas aller trop loin. En général, si vous cachez le tee-shirt d’un mec dans un vestiaire, en retour, il vous planque une chaussure. C’est dans cet ordre d’idées. Mario, lui, si vous lui planquez son tee-shirt, il va prendre les clés de votre voiture et la mettre à trois km. Il n’a aucune limite. » Adjoint de Lucien Favre, Fred Gioria : « Il est très à l’écoute, que ce soit à l’entraîneme­nt ou en match. Quand on revoit les matchs ensemble, vous n’avez pas besoin de lui montrer ses faiblesses, il les voit immédiatem­ent et vous donne la réponse avant même d’avoir entendu la question. Au quotidien, il est très agréable à entraîner, c’est quelqu’un qui parle beaucoup, il chambre. Il ne parle pas pour parler ; quand il a quelque chose à dire, ça a un sens. On gère différemme­nt Mario Balotelli par rapport à d’autres joueurs, tout en faisant attention à ce qu’il fait. Il ne faut pas qu’il sorte d’un cadre, mais Mario ne sort jamais du cadre.» W comme WhatsApp. La célèbre applicatio­n qui permet de dialoguer par messagerie instantané­e a servi de passerelle à l’attaquant pour se rapprocher de l’OGC Nice, pendant l’été . Et c’est Mathieu Bodmer qui a été le premier intermédia­ire. Le milieu de terrain raconte la genèse de l’arrivée de Mario sur la Côte d’Azur : « J’étais avec des amis durant l’été et mon téléphone sonne. Je ne connaissai­s pas le numéro. C’était Mamadou Sakho. Il me dit que Mario Balotelli a entendu que Nice se renseignai­t sur lui et il veut en savoir plus avant d’avancer dans les discussion­s. Je demande à Mamadou de me passer son numéro et on commence à échanger sur WhatsApp, en anglais .... Pendant trois semaines, on va échanger quotidienn­ement sur WhatsApp. Il prend des nouvelles de nos matchs, de notre manière de jouer, des recrues. J’ai tout de suite senti quelqu’un d’intéressé par le projet, par le fait de rejouer au football. Il faut le prendre comme il est, c’est un personnage, mais il n’a qu’une parole. Dès le premier message, j’ai senti un homme sincère et droit. »

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(Photos AFP, EPA/MaxPPP, Cyril Dodegny et Patrice Lapoirie)

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