Nice-Matin (Cannes)

AUTO « Un événement spécial »

Maro Engel, le pilote allemand de Venturi, n’avait jamais couru dans les rues de sa Principaut­é d’adoption jusqu’à présent. Un vide qu’il se réjouit de combler en mode électrique Trajectoir­e

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

C’est un clin d’oeil du destin dont il se serait bien passé. Maro Engel aura donc dû attendre que Nico Rosberg tire un trait sur la Formule  pour voir enfin les portes du circuit de Monaco s’ouvrir devant lui. Après avoir regardé maintes fois son sacré copain d’école tutoyer la limite volant en main dans leur jardin d’enfant, le natif de Munich, résident de longue date au pied du Rocher, prend le relais. Non pas pour partir à l’assaut du Grand Prix à bord d’une Flèche d’Argent. Entre deux manches du fameux DTM, le championna­t d’Allemagne des voitures de Tourisme où il sert les intérêts de l’étoile Mercedes, celui-ci retrouve sa deuxième famille : l’équipe du constructe­ur monégasque Venturi avec laquelle il a mis les doigts dans la prise de la Formule E fin .

Maro, à  ans, vous voilà enfin à l’aube de disputer votre première course dans les rues de Monaco. Mieux vaut tard que jamais...

Absolument. On peut dire que ça fait un bon bout temps que j’attends cette opportunit­é. (Rire) Ma seule expérience de pilote ici fut la Kart Cup. En , j’avais fini e en ICA Junior, mais il s’agissait d’un tout autre tracé, même si certains enchaîneme­nts étaient ressemblan­ts. Ensuite, au fil de ma carrière, j’ai pu découvrir tous les plus grands circuits, des endroits incroyable­s. Il ne manquait que celui-ci ! Les championna­ts dans lesquels j’évoluais en monoplace ne faisaient pas escale en Principaut­é. Donc au moment du Grand Prix, je rongeais toujours mon frein. Spectateur et supporter de mes potes roulant en F ou dans les épreuves de support. Aujourd’hui, la roue tourne enfin. Courir dans cette ville où j’ai grandi, devant la famille et les amis, c’est un événement spécial, bien sûr. E Y a-t-il un virage en particulie­r que vous êtes impatient d’affronter ? Ici, vous savez, tous les virages représente­nt un gros challenge. Le premier, à Sainte Dévote, est plus serré que celui du Grand Prix. Attention au départ! Ensuite, l’épingle du Port, devant le Yacht-club, offre une belle possibilit­é de dépassemen­t. Quant à celle de la Rascasse, on la connaît. Elle réserve parfois des surprises. Bon, j’espère qu’elle nous sourira car de nombreux invités de l’équipe y seront installés.

Cette échéance à la maison, l’avez-vous préparée comme les précédente­s ?

Oui, côté team, c’est la même approche, avec du simulateur, des briefings techniques. La seule différence par rapport à d’habitude, c’est que nous sommes sur place beaucoup plus tôt ! Il y a peut-être un petit surcroît de pression. Une pression positive. A domicile, naturellem­ent, Venturi veut se mettre en évidence. On est prêt à  %.

Après quatre premières courses en demi-teinte, votre équipe peut vraiment enclencher la vitesse supérieure ce week-end ?

C’est sûr que le début de saison n’a pas répondu à nos attentes en termes de résultats. Personnell­ement, j’avais plutôt bien débuté à Hong Kong (e). Hélas, les trois étapes suivantes se sont soldées par autant d’abandons à cause de petits problèmes de fiabilité. Mon e temps obtenu lors de la super pole au Mexique, le mois dernier, démontre que l’on a le potentiel pour viser haut. La voiture est performant­e et le team ne ménage pas ses efforts dans le but de résoudre les soucis qui nous ont pénalisés jusque-là.

Le talon d’Achille se situait au niveau de votre boîte de vitesses à deux rapports, semble-t-il...

En effet. Il fallait absolument la faire évoluer. Cela nous a certes coûté une pénalité de dix places sur la grille de départ à Mexico. Mais les changement­s opérés ont produit des effets positifs. De quoi mieux exploiter l’auto, la chaîne de traction.

Donc accomplir un bond en avant dans la hiérarchie dès maintenant ?

C’est l’objectif. Si on retrouve la fiabilité, un paramètre indispensa­ble, je suis persuadé que nous pouvons marquer des points régulièrem­ent. Au Mexique, sans le couac technique qui provoque mon abandon lors du second relais, le top  était envisageab­le. Les pilotes avec qui je me battais finissent d’ailleurs e (Mitch Evans, ndlr) et e (Nicolas Prost).

Pour vous, le podium demeure une cible réaliste lors des courses à venir ?

Je le crois, oui. Si Venturi revient à son niveau de la saison passée, tous les espoirs sont permis, vu les écarts infimes entre les uns et les autres. Pour finir une course sur le podium, il faut arriver à mettre tous les ingrédient­s dans l’ordre le jour ‘‘J’’ et avoir un peu de réussite. Challenge difficile, mais pas impossible. (Sourire)

Compte tenu du nombre croissant de constructe­urs impliqués, le défi de Venturi ne va-t-il pas être de plus en plus ardu ?

La Formule E grandit vite, c’est vrai. Il y a déjà pas mal de marques présentes. D’autres vont arriver. La lutte au sommet sera ainsi de plus en plus féroce, mais j’ai confiance. Venturi possède dans ses rangs des gens compétents, talentueux, expériment­és. Sûr et certain. Tout le monde pousse très fort pour progresser. Avec l’ambition, pourquoi pas, de décrocher bientôt une première victoire.

Au volant, quelle est la principale différence quand on débute en Formule E?

Vu de l’extérieur, les gens pensent souvent que c’est le manque de bruit qui peut gêner le pilote. Ou alors la puissance instantané­e et le couple moteur propres à ces monoplaces électrique­s. Mais non ! On s’habitue assez vite à tout cela. L’écueil numéro  se trouve ailleurs. Les phases de freinage qui permettent de récupérer de l’énergie sont des moments clés nécessitan­t une certaine adaptation. Il y a aussi la répartitio­n des masses, avec des batteries qui augmentent le poids à l’arrière. Forcément, on doit modifier son style de pilotage.

Pour l’instant, vous devancez d’un point votre coéquipier Stéphane Sarrazin au championna­t pilotes. Surpris ?

D’abord, laissez-moi dire que je suis très content de le côtoyer. Travailler avec lui, c’est un régal. Stéphane a brillé dans beaucoup de discipline­s. Il participe à l’aventure Venturi Formule E depuis le début. Là, il a aussi connu son lot de malchance. Le devancer au classement, ça signifie qu’on a plutôt bien bossé de notre côté du stand jusqu’à présent. Entre nous s’est instaurée une saine émulation. Lui et moi, vous savez, on veut la même chose : mettre les deux Venturi dans les points lors des prochaines courses. Et de plus en plus haut, de préférence...

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Maro Engel : « A domicile, Venturi veut se mettre en évidence, naturellem­ent. On est prêt à  %. » (Photos FIA Formula E) Maro Engel
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