Nice-Matin (Cannes)

Mougins :  ans pour le jardinier meurtrier

Christophe­r Bergia a été condamné pour le meurtre de Bilel Ben Chalal. Son corps avait été retrouvé dans le coffre d’une voiture incendiée. Le mobile de ce crime serait une dette de 2000 €

- ERIC GALLIANO egalliano@nicematin.fr

Il encourait la perpétuité. Christophe­r Bergia a finalement été condamné, hier, à 20 ans de réclusion pour meurtre. Les jurés de la cour d’Assises des AlpesMarit­imes n’ont pas retenu le caractère prémédité de cet homicide, thèse pourtant défendue par Me Armani, l’avocat de la famille de Bilel Ben Chalal. Dans la nuit du 7 au 8 janvier 2014, le corps de ce Cannois de 23 ans avait été retrouvé, transpercé de 13 coups de couteau, dans le coffre de sa Twingo. La voiture avait été incendiée sur le chemin des Primevères à Mougins. Un crime horrible qui semblait porter la signature du grand banditisme. La personnali­té de la victime, petit dealer à ses heures, aurait pu accréditer cette piste. Pourtant, ce n’est pas une figure du milieu qui est rentrée dans le box, mardi, pour répondre de ce crime, mais un jeune jardinier de 28 ans, qui a affirmé au cours des débats que Bilel le menaçait à cause d’une dette de 2000 €: « C’était lui ou moi ! »

« Par peur » ou « guet-apens » ?

Certes, Christophe­r Bergia a déjà eu à connaître la prison, mais ses faits d’arme se limitaient, jusque-là, à des conduites en état d’ébriété. C’est d’ailleurs en cellule que le jeune jardinier a fait la connaissan­ce de Bilel, une victime dont l’avocat général Pavrine Derivery n’hésite pas souligner, elle-même, la double personnali­té. Pour la représenta­nte du ministère public, Christophe­r Bergia a agi « par peur ». Elle ne croit pas à un acte prémédité. Me Philippe Armani a pourtant tenté d’en faire la démonstrat­ion dans sa plaidoirie. Selon l’avocat de la partie civile c’est bien l’accusé qui a pris « l’initiative » de ce funeste rendez-vous, c’est aussi lui qui aurait récupéré dans la batterie de cuisine de sa mère l’arme du crime. « Si ça ne ressemble pas à un guetapens que faut-il de plus?», lance à la cour Me Armani dont l’argumentai­re n’est pas seulement battu en brèche par l’avocate de la défense, Me Mélanie Junginger.

« Les faits n’en sont pas moins graves »

Même l’accusation réfute le chef d’assassinat pour lequel Christophe­r Bergia a pourtant été renvoyé devant cette cour d’Assises. «Mais quand j’écarte la préméditat­ion, les faits n’en sont pas moins graves», insiste l’avocat général Pavrine Derivery. Car, s’il n’y a pas dans le dossier d’actes antérieurs au meurtre qui prouveraie­nt sa planificat­ion, en revanche ilyades « actes postérieur­s » particuliè­rement « hor ribles et inutiles» qui accablent le jeune jardinier cannois. Il a tout fait pour tenter de dissimuler le crime. N’hésitant pas pour cela à demander le concours de sa famille. Claudette, sa mère, est également poursuivie dans cette affaire: elle a lavé les vêtements ensanglant­és de Christophe­r avant de les jeter. Michaël, un de ses frères, s’est quant à lui chargé de nettoyer la voiture et de dissimuler l’arme du crime. Le doute plane également sur son éventuelle implicatio­n dans l’incendie du véhicule. Autant de délits connexes pour lesquels la cour présidée par Patrick Véron, après en avoir délibéré, a également décidé d’entrer en voie de condamnati­on à hauteur d’un an de prison avec sursis pour Clodette, la mère de Christophe­r Bergia, etdeux ans avec sursis, pour Michaël son jeune frère. À l’autre bout de la salle d’audience une autre maman, celle de la victime, Bilel Ben Chalal, pleure en silence. Sa peine à elle ne peut s’aménager. Elle est à vie.

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Mes Mancel, Delanchy et Junginger, les avocates de la défense.
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(Photos C. P.) Me Armani, aux intérêts de la partie civile.

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