Le public survolté par
L’endroit est exceptionnel. Au sommet de la direction de course, inaugurée l’an dernier lors du Grand Prix de F1, les invités de l’Automobile Club de Monaco, en tout cas les plus VIP de tous, sont les mieux lotis de tous les spectateurs. Là-haut, ces privilégiés ont une vue sur l’essentiel du tourniquet monégasque, depuis la sortie du tunnel jusqu’à la ligne de départ, en passant par la piscine. Ces spectateurs triés sur le volet ont le bonheur d’assister à la course dans des conditions optimales. Hier, pendant le 2e Monaco ePrix, on pouvait croiser des anonymes et des personnalités monégasques, des passionnés d’automobiles et des novices. Le chef du gouvernement princier Serge Telle fait partie de la seconde catégorie. La casquette du Grand Prix vissée sur la tête, il n’en cachait pas moins son intérêt pour l’épreuve : « C’est peut-être ça, l’avenir de l’automobile. En tout cas, suivre la course d’ici est très agréable. » Un peu plus loin, une dame est assise au bar organisé en îlot central, devant un soda, les yeux rivés sur l’un des trois écrans de télévision qui diffusent la course. Léticia de Massy n’est pas n’importe qui. C’est l’arrière-petite-fille d’Antony Noghès, qui n’est autre que le fondateur du Grand Prix de Monaco. Un héritage lourd à porter ? « Je ne suis pas une spécialiste de sport automobile, confesse-t-elle dans un sourire, mais je trouve cette course magnifique pour l’avenir de la planète. En deux ans, l’ePrix a pris une dimension très importante. Regardez les tribunes. » Effectivement, elles sont bien garnies. Et d’ajouter : « Il est extraordinaire de voir que Monaco reste à la pointe dans le domaine automobile. » Près de 90 ans après la création du premier Grand Prix par son arrièregrand-père, en 1929…
« Le spectacle n’est pas le même » De l’autre côté de ce toitterrasse VIP, une coupe de champagne à la main mais les yeux sur la piste, attentifs au ballet des monoplaces silencieuses, deux passionnés de sport automobile devisent. Et délibèrent. L’un : « Sans le bruit, le spectacle n’est pas le même. La course n’est pas ultra-passionnante à suivre mais elle a le mérite d’exister et de promouvoir les technologies vertes. » L’autre : « Je dois avouer que le plateau est relevé. Je mets au défi quiconque de trouver un mauvais pilote sur la ligne de départ. Ils sont tous bons. » Plus loin, un blogueur spécialisé dans l’automobile a un avis plus tranché : « C’est beaucoup moins spectaculaire qu’un Grand Prix de Formule 1. Ça va moins vite, ça double moins, ça attaque moins. Le spectacle est moins intense. » Peut-être. Mais il aura été attractif. Hier, près de 18 000 spectateurs ont garni les tribunes monégasques. Un bon signe pour l’avenir du sport automobile… version électrique.