Nice-Matin (Cannes)

Sacre présidenti­el

Investi hier, le 8e président de la Ve République a insisté sur sa volonté d’insuffler un nouvel élan à un pays divisé, en proie au doute et aux menaces. Et annoncé « une extraordin­aire renaissanc­e »

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Emmanuel Macron a été investi, hier, comme le huitième Président de la Ve République, devenant, à  ans, le plus jeune de l’histoire de la France. Il a ensuite remonté les Champs-Elysées à bord d’un command car militaire, une première.

Qui l’eut cru il y a un an ? Huit mois seulement après son départ du gouverneme­nt, Emmanuel Macron est devenu officielle­ment hier, à 39 ans, le plus jeune président de la République jamais élu en France. Le nouveau chef de l’Etat a pris ses fonctions lors d’une cérémonie solennelle, sous les ors de la Salle des fêtes du palais de l’Elysée. «Je veux rendre aux Français leur confiance en eux, depuis trop longtemps affaiblie», a-t-il lancé dans son premier discours de chef de l’Etat, avec «la certitude intime que nous pouvons ensemble écrire une des plus belles pages de notre Histoire» (lire page ci-contre). Cette journée avait commencé lorsque le chef de l’Etat élu a remonté le tapis rouge de la cour d’honneur de l’Elysée devant un détachemen­t de la Garde républicai­ne, très lentement et solennelle­ment, rappelant la façon dont il avait rejoint la Pyramide du Louvre au soir de sa victoire, le 7 mai.

Une heure d’entrevue

Précédé de dix minutes par son épouse Brigitte, il a été accueilli sur le perron de l’Elysée par le président sortant François Hollande. Tous deux se sont entretenus pendant une bonne heure, bien plus que la demi-heure prévue. C’est là que le sortant devait livrer à l’entrant quelques secrets d’Etat, à commencer par les codes de l’arme nucléaire. Puis Emmanuel Macron a raccompagn­é François Hollande, son aîné de plus de 20 ans, jusqu’à sa voiture, l’applaudiss­ant avant qu’il ne quitte la cour d’honneur. Auparavant, Laurent Fabius, président du Conseil constituti­onnel, avait prononcé les quelques mots de l’investitur­e. « En cet instant précis, vous prenez vos fonctions », a-til dit, avant de prononcer un hommage très personnel. Puis Emmanuel Macron a été élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d’honneur, avant de se voir présenter le Grand collier de Grand maître de la Légion d’honneur. Parmi les 300 invités de cette investitur­e figuraient les corps constitués (Conseil constituti­onnel, bureau de l’Assemblée nationale et du Sénat, Cour de cassation...), des représenta­nts des partenaire­s sociaux, des prix Nobel, ainsi qu’une centaine de proches. Dont une petite Si le nouveau Premier ministre ne sera connu qu’ajourd’hui, contrairem­ent à ce qui avait été supputé ce week-end, la journée d’hier a été l’occasion de nommer à des postes clefs les proches du nouveau chef de l’Etat. Alexis Kohler 6 devient ainsi secrétaire général de l’Elysée. Cet énarque de 44 ans a notamment travaillé à l’Agence des participat­ions de l’Etat, avant d’être le directeur adjoint de cabinet de Pierre Moscovici au ministère des Finances, puis de diriger le cabinet d’Emmanuel Macron au ministère de l’Economie (2014-2016). Il va dizaine de «marcheurs» de la première heure (Richard Ferrand, Christophe Castaner, Renaud Dutreil, Gérard Collomb, Sylvie Goulard...) et de nombreuses personnali­tés dont Nathalie Kosciusko-Morizet, Pierre Gattaz ou Elisabeth Guigou.

Hommage à Xavier Jugelé

Emmanuel Macron avait également invité le compagnon de Corinne Erhel, députée des Côtes-d’Armor succéder à Jean-Pierre Jouyet, ami proche de François Hollande et ancien secrétaire d’Etat de Nicolas Sarkozy. Patrick Strzoda 5 a lui été nommé directeur de cabinet du nouveau Président. Agé de 64 ans, énarque lui aussi, ancien préfet de la région Bretagne, il fut brièvement directeur de cabinet du Premier ministre Bernard décédée le 5 mai lors du dernier meeting de la campagne, et celui de Xavier Jugelé, le policier tué le 20 avril sur les Champs-Elysées lors d’une attaque djihadiste – auquel il a ensuite rendu hommage en faisant une halte sur les lieux de son assassinat. La cérémonie s’est poursuivie dans les jardins de l’Elysée, où le nouveau président a passé en revue les troupes, tandis que 21 coups de canon étaient tirés depuis l’Esplanade des Invalides. Puis Emmanuel Macron est sorti pour remonter seul les ChampsElys­ées à bord d’un command car militaire – une première – jusqu’à la place de l’Etoile, escorté des motards et des cavaliers de la Garde républicai­ne. Comme le veut la tradition, il a ravivé la flamme sur la tombe du Soldat inconnu, sous une pluie battante qui n’était pas sans rappeler celle qui avait accompagné François Hollande cinq ans plus tôt. Près de 1 500 policiers et gendarmes étaient mobilisés, leurs nerfs mis à rude épreuve par le premier bain de foule du nouveau président sur les Champs-Elysées. Pour son premier déplacemen­t officiel, le jeune Président a ensuite rendu visite à des soldats français blessés au combat, à l’hôpital militaire Percy de Clamart. Il s’est ensuite dirigé vers l’hôtel de ville de Paris, pour la traditionn­elle réception elle aussi très solennelle. Cazeneuve, nommé à Matignon en décembre dernier, avant d’être nommé préfet de la Région Ile-de-France entre les deux tours de la présidenti­elle. Actuel ambassadeu­r de France en Allemagne, Philippe Etienne 3 , 61 ans, a été nommé conseiller diplomatiq­ue. Egalement énarque, il fut notamment directeur adjoint du cabinet de Hervé de Charette, ministre des Affaires étrangères d’Alain Juppé de 1995 à 1997, puis directeur de cabinet de Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères de Nicolas Sarkozy de 2007 à 2010. Il fut, de 2009 à 2014, représenta­nt permanent de la France auprès de l’Union européenne à Bruxelles. Ismaël Emelien 1 , 30 ans, a quant à lui été nommé conseiller spécial du président, fonction notamment occupée par Aquilino Morelle sous la présidence de François Hollande, ou encore par Henri Guaino sous celle de Nicolas Sarkozy.

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(Photos AFP et IP) Poignée de mains chaleureus­e entre l’ancien et le nouveau chef de l’Etat.
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Hollande attendant l’arrivée de son successeur. Arrivée de la Première dame à l’Elysée. Les  coups de canon tirés depuis les Invalides.

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