TENNIS Sur un air de samba « Il fallait être patiente »
Un cran au-dessus durant toute la semaine, la Brésilienne Haddad Maia a su décrocher hier le titre le plus clinquant de sa carrière face à la Suissesse Jil Teichmann
Elle était retombée amoureuse de Cagnessur-Mer il y a une dizaine de jours en y débarquant pour la deuxième année de suite. Son premier séjour n’avait duré que deux tours de qualifs’. Cette foisci, l’idylle naissante s’est concrétisée de la plus belle des manières. Beatriz Haddad Maia nous avait gratifiés de quelques jongles du pied gauche lors de sa demifinale. Un relent de sa jeunesse lorsqu’elle taquinait du ballon à Sao Paulo. Hier, l’imposante gauchère (1,83m) a assuré le spectacle autrement mais que ce fut productif. La Suissesse Jil Teichmann s’est retrouvée dans les cordes sans même comprendre. La faute au service de mammouth de la Brésilienne qui cantonna son adversaire à faire l’essuie-glace tout un set (63). « Je connaissais sa façon de jouer mais elle a su de nouveau trouver les solutions, résuma la vaincue du jour. Lorsqu’elle sert, la marge de manoeuvre est très faible. » C’est peu de le dire. Un service extérieur par-ci, un autre sur la ligne intérieure par-là, Haddad Maia a un répertoire fourni. Et face à une homologue qui finit par perdre un peu ses nerfs, l’intrigue n’a laissé que peu de place au suspense. Teichmann a bien repris l’ascendant l’espace de vingt minutes (2-0 puis 2-3 dans la seconde manche), le vent lui était de toute façon contraire. Et ce ne sont pas ses quelques montées au filet habilement négociées qui purent effacer l’ardoise. La Suissesse a surtout « dû jouer contre ellemême » et dans ces cas-là, le scénario est rarement positif. Et Haddad Maia ne préférant par s’éterniser sur l’ocre, la gauchère scella l’histoire d’une ultime diagonale coup droit (6-3).
Dans le Top
Gaich German qui la drive depuis deux mois ne pouvait que bercer dans l’euphorie du moment. « C’est la conclusion d’une semaine où son niveau de jeu n’a fait que croître au fur et à mesure des matchs. Elle a toujours su rester sereine y compris quand Teichmann enchaîne trois jeux dans le second set. J’ai l’impression qu’elle a vraiment franchi un cap ». Délicat de le contredire. Beatriz Haddad Maia, 115e mondiale lorsqu’elle posa ses valises sur la Côte d’Azur, devrait intégrer ce matin le top100. Rien de plus normal au sortir d’une semaine immaculée (aucun set perdu). Quelque chose nous dit que son retour au pied du Corcovado, dans la baie de Rio où elle a ses quartiers, se fera à coup sûr avec des petits pas de samba... Après une flopée de selfies et d’autographes, Beatriz Hadad Maia s’est posée quelques instants et refait le film d’une semaine parfaite.
Vous avez rarement tremblé lors de cette finale...
Honnêtement, je n’ai pas joué mon meilleur tennis. Mais je suis resté suffisamment concentrée. Il fallait être patiente et ne pas trop réfléchir comme j’ai pu le faire en début de second set. Chaque point d’une finale apporte une pression supplémentaire. Et puis ça n’était pas facile de s’adapter. Jil (Teichmann) et moi sommes toutes les deux gauchères.
Et votre coach a bien joué le coup en vous préparant une séance d’entraînement juste avant la finale...
Lorsqu’on joue chaque jour, on n’a pas vraiment le temps de disséquer ce qui ne va pas. Là, on a pu travailler pendant une heure peu avant la rencontre et pu ajuster quelques points comme mon revers.
Comment résumer une semaine aussi idéale ?
C’est un séjour incroyable. Hormis le temps qui n’a pas toujours été au rendez-vous avec le vent et parfois de la pluie, j’ai senti mon niveau de jeu s’améliorer au fil des tours. J’ai gagné en agressivité et en gestion du stress.
Le Top mondial, vous y pensiez en arrivant ici ?
Mon but était surtout de retrouver la forme et de maintenir un niveau de jeu régulier. C’est clairement le cas. Alors intégrer les meilleures joueuses de la planète, ça n’est que du bonus. Maintenant, j’attends avec impatience les qualifications de Roland-Garros.
Propos recueillis par F.C