Un dispositif de sécurité sans précédent
Jamais le festival de Cannes n’aura connu un tel dispositif de sécurité. Hors norme, tant sur le plan des effectifs mobilisés que des technologies déployées.
Tout dispositif de sécurité doit avoir sa part de mystère pour rester efficace», annonce d’emblée le préfet Georges-François Leclerc. Pas question dès lors de dévoiler, à la veille de la “quinzaine”, l’intégralité du dispositif très spécial qui a été déployé à l’occasion de ce e festival du film. Une mobilisation sans précédent. Le préfet l’assure: « Jamais le niveau de sécurité n’aura été aussi élevé », pour une édition du Festival de Cannes. Même si le nombre de policiers, gendarmes et militaires déployés reste top secret, le maire de la ville, David Lisnard, en atteste: «Le dispositif mis en place cette année est proche de ceux réservés généralement aux grands sommets internationaux». Comme lors du G de . Car, souligne Pierre Lescure, «c’est non seulement la sécurité des festivaliers qui est en jeu, mais l’image de la France et sa capacité à organiser de tels événements internationaux ».
❑ Menace générale, mais pas spécifique
Si des moyens sans précédent, tant sur le plan humain que technique, sont déployés pour ce 70e festival, c’est bien parce que la menace, elle aussi, n’a jamais été aussi forte. Un risque d’attentat qui cible la France en général. Mais pas Cannes en particulier. Le préfet en tout cas l’assure : les services de renseignement n’ont pas fait remonter, à ce jour, de menace spécifique ou projet d’attentat visant la Croisette.
Cercles concentriques
Le principe général du dispositif de sécurité mis en place à Cannes et celui des « cercles concentriques », déjà expérimenté lors du carnaval de Nice. Le palais sera bien sûr au coeur de ce dispositif. Pour y accéder il faudra passer les portiques de sécurité tenus par 400 agents privés. Même les véhicules officiels autorisés à pénétrer dans la « bulle » devront ouvrir leur coffre et baisser leurs vitres teintées. Mais la surveillance débutera bien en amont et s’opérera dans tous les quartiers de la ville.
❑ Souriez, vous êtes scanné
Parce que « la menace vient toujours de quelque part », comme le souligne Georges-François Leclerc, le dispositif a été conçu pour tenter de la détecter le plus tôt possible. Ainsi plusieurs « Lapi » vont être déployées sur les routes d’accès à Cannes. Ce sont ces véhicules aux caméras embarquées capables de scanner les plaques d’immatriculation dans le flot de la circulation.
❑ Hélicoptères d’interception
Mais, comme la menace ne vient pas forcément que de la terre, des dispositifs d’interception garantiront également la sécurité des airs. Une zone d’exclusion a ainsi été arrêtée. Elle va du Trayas à l’hippodrome de Cagnes, remonte au nord jusqu’aux portes de Grasse et englobe au sud les îles de Lérins. Tout aéronef qui pénétrerait dans cette bulle aérienne risque fort de se heurter aux hélicoptères d’interception de l’armée qui ont également été déployés dans le département.
Système antidrones…
Et comme l’invention des drones à fait émerger, côté ciel, une menace d’un genre nouveau, un système de brouillage spécifique sera également mis en place au-dessus du palais afin d’éloigner ces oiseaux de mauvais augure.
Mais avions espions
Pour autant, des drones il y en aura bel et bien dans le ciel cannois. Mais uniquement ceux déployés par l’armée elle-même, à des fins de surveillance. Celle-ci sera également opérée depuis le ciel par les avions de la Marine nationale qui survolent quotidiennement le territoire, et ceux de la police aux frontières et de la gendarmerie tout spécialement engagés. Un poste de commandement dédié coordonnera d’ailleurs ces différents avions espions.
Forces aéronavales
En mer aussi, d’importantes forces navales ont été déployées : un aviso de la Marine nationale, un patrouilleur et trois vedettes de la gendarmerie maritime, ainsi que celles des douanes, des affaires maritimes ou encore des CRS. Audelà des bâtiments de guerre positionnés plus au large, cette petite flotte navale surveillera le plan d’eau cannois. La vitesse y a été limitée à 5 ou même 3 noeuds au plus près du rivage, afin de pouvoir identifier toute menace. Même un acte de piraterie ou une prise de d’otages sur un yacht ont été envisagés. Dans ce cas, c’est « un outil d’intervention rapide de la gendarmerie » doté d’une « unité spécialisée type commando marine ou GIGN » qui interviendrait.
❑ Physionomistes dans la foule et en soirée
Néanmoins, le scénario le plus probable reste l’intrusion d’éléments hostiles dans la foule des festivaliers. C’est pourquoi des effectifs en civil ont été appelés en renfort de toute la région pour jouer les physionomistes, sur la Croisette mais aussi lors des fameuses soirées cannoises qui agrémentent le festival.
❑ La garde républicaine à cheval et snipers CRS
Même la Garde républicaine a été mobilisée. Ses équipes montées devraient faire sensation au bord de mer. Mais au-delà du décorum, ces unités à cheval ont une réelle utilité pour le colonel Grégory Vinot. Les cavaliers étant au-dessus de la foule ont une meilleure visibilité et en cas de besoin, leurs montures se frayent plus facilement un passage. Prendre de la hauteur, c’est aussi ce que feront les observateurs tireurs d’élite dont sont désormais dotées les compagnies de CRS… Et ces unités de forces mobiles, élément sans doute le plus visible du dispositif, « seront elles aussi en nombre », annonce le préfet Leclerc.