Une Azuréenne dans le gouvernement
Dix-huit ministres et quatre secrétaires d’État, autant de femmes que d’hommes, une large place à la société civile: le premier gouvernement du nouveau quinquennat est plutôt fidèle aux engagements du Président
Avec un jour de retard, certes, mais ça y est : le premier gouvernement du quinquennat Macron a été dévoilé hier. Une équipe de 22 membres – 18 ministres et 4 secrétaires d’État –, relativement resserrée donc, paritaire, qui fait le pari de la société civile et traduit la recomposition promise avec des ministres issus de la droite, comme de la gauche et du centre. A noter, toutefois, que le premier gouvernement Fillon était encore plus réduit : il avait battu un record sous la Ve République, avec seulement 15 ministres, quatre secrétaires d’État et un Haut-Commissaire.
Onze hommes et onze femmes
Au sein de ce gouvernement dont la moyenne d’âge est de 54 ans, plusieurs figures de proue de la société civile se distinguent : l’escrimeuse Laura Flessel, ministre des Sports, l’éditrice Françoise Nyssen, ministre de la Culture, ou encore Muriel Pénicaud, ministre du Travail, passée par Danone et Dassault Systèmes. La parité est par ailleurs parfaitement respectée, avec onze femmes et onze hommes et autant de ministres de plein exercice de l’un comme de l’autre sexe. «Emmanuel Macron voulait que les femmes occupent des ministères de premier plan et ne soient pas reléguées à des portefeuilles qui leur sont traditionnellement dévolus ou moins importants », note l’entourage du nouveau Président. Avec, aussi, un savant panachage de tendances politiques. Parmi les ministres figurent en effet quatre socialistes (mais dont deux avaient rejoint « En marche ! »), deux radicaux de gauche, trois centristes et deux Républicains, les autres provenant de la société civile.
Les cordons de la bourse à la droite
D’un côté, les quatre ministères régaliens ont été dévolus à deux socialistes – Jean-Yves Le Drian, l’un des deux rescapés du quinquennat de François Hollande, qui passe de la Défense à l’Europe et aux Affaires étrangères avec le Commerce extérieur dans ses attributions, et Gérard Collomb, « marcheur » de la première heure, qui prend l’Intérieur – et à deux centristes – François Bayrou à la Justice et Sylvie Goulard aux Armées. Mais de l’autre, avec Bruno Le Maire à l’Economie et Gérald Darmanin à l’Action et aux Comptes publics, Emmanuel Macron donne le tout-puissant Bercy à la droite. Un sacré gage, alors que celle-ci a déjà Matignon... et une façon, du coup, d’encourager les divergences en son sein. «A titre personnel », François Baroin, chef de file des Républicains pour les législatives, a d’ailleurs aussitôt regretté ces ralliements, estimant qu’il ne s’agissait pas d’une « recomposition » mais d’un « dynamitage » politique. « Cautions de gauche mais Matignon et Bercy à droite », a tweeté de son côté le premier secrétaire du PS, JeanChristophe Cambadélis.
Nicolas Hulot une vraie prise
Autre fait marquant : la nomination de Nicolas Hulot, qui occupe une place de choix dans l’organigramme. Deuxième dans l’ordre protocolaire et ministre d’État, il aura l’Energie dans son escarcelle et entre pour la première fois dans un gouvernement, après avoir été candidat malheureux à la primaire des Verts pour la présidentielle de 2012. L’ancien animateur d’Ushuaïa avait déjà été pressenti pour rejoindre un gouvernement Hollande en janvier 2016 après avoir été l’un des artisans de la Cop21.