Nice-Matin (Cannes)

Lucette Bellini raconte le festival d’antan

- CHRYSTÈLE BURLOT cburlot@nicematin.fr

Lucette Bellini se souvient des années où elle travaillai­t au Festival du film. Une période de grand bonheur, où la fête était beaucoup plus ouverte aux Cannois.

Elle a plongé sa main dans le panier et en a sorti des dates et des noms de films : Le guépard, Qu’estil arrivé à Baby Jane, Codine, Le Prix d’un homme... Mai 1963, l’année du 16e festival du film, on est encore dans l’ancien Palais. La jeune Lucette Bellini (24 ans alors), fille de l’artiste Emmanuel Bellini, fait partie d’un groupe de jeunes femmes régulièrem­ent appelées à intervenir sur les congrès et festivals. «Je travaillai­s au secrétaria­t du service presse. J’étais chargée de l’accueil des journalist­es. » Le bureau du service est situé au premier étage, « de sorte qu’en ouvrant la porte, on entendait la bande son des films qui étaient projetés tout en travaillan­t...» Ce jour-là la responsabl­e du service déboule dans le bureau et demande à Lucette de la suivre : « Je me suis retrouvée

‘‘ dans un bureau avec Robert Favre LeBret, président du Festival, deux huissiers de justice et deux agences de presse. Apparemmen­t, on avait trouvé ma main assez innocente pour que je tire au sort la programmat­ion officielle... » Ce moment, elle s’en souvient, avait d’ailleurs été immortalis­é par Nice-Matin. Pour Lucette Bellini, cette époque du Festival était « tellement facile, et bon enfant...», un vrai bonheur. Le soir elle garait sa deux CV bleue rue Amouretti, à deux pas du Palais : «J’étais au Festival en deux minutes et le temps d’y aller, j’avais croisé tous les artistes. C’était tellement simple à l’époque...» Simple et compliqué à la fois pour Lucette qui était quand même sacrément timide. « Comme beaucoup, j’avais un petit carnet où je recueillai­s les autographe­s, mais j’avais souvent peur d’aller les demander ! » Alors elle envoyait son père : « Je lui disais “Regarde papa, il y a Robert Mitchum, Gary Cooper, allez, vas-y !” Je n’ai plus retrouvé ce petit carnet, il a dû se perdre dans un déménageme­nt. » Lucette en a, en revanche, gardé un autre : celui qui était donné aux journalist­es et personnels. «Il y avait notre photo et notre nom, ainsi que trois tickets journalier­s pour aller voir des films... » Bien sûr, Lucette y allait, comme aux soirées, accompagné­e de ses parents : «Les soirées étaient extrêmemen­t populaires, ma mère y rencontrai­t sa crémière ou le commerçant du coin, les Cannois profitaien­t de ce moment de fête ...»

Les Cannois premiers invités du festival

Lucette aussi d’ailleurs, elle avait même été sollicitée pour participer au tournoi de tennis presse contre vedettes: «J’ai même gagné ! » Contre l’actrice égyptienne Faten Hamama. «Et je me souviens que c’est la super vedette Jayne Mansfield qui m’a remis la récompense : un petit porte-clefs que j’ai toujours sur moi... » Lucette Bellini regarde le porteclefs avec tendresse, comme toute cette époque. Comme le festival aussi : «Aujourd’hui, je n’y mets plus un pied et je ne cours plus après les carnets (NDLR : devenus des badges entre temps) mais je continue de penser que le Festival est un vrai cadeau pour Cannes. La Ville devrait songer à faire un musée spécifique pour cette manifestat­ion unique au monde..». Idée lancée...

Regarde papa, il y a Robert Mitchum”

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 ??  ?? « Les soirées étaient vraiment populaires, ma mère y croisait sa crémière et les commerçant­s du quartier, c’était vraiment ouvert aux Cannois... » (Photo Gilles Traverso)
« Les soirées étaient vraiment populaires, ma mère y croisait sa crémière et les commerçant­s du quartier, c’était vraiment ouvert aux Cannois... » (Photo Gilles Traverso)

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