Antibes: Anthony, tétraplégique à cause d’un délinquant de la route
Anthony Denis, 32 ans, ne peut assister au procès. Il est cloué sur un lit d’hôpital, dix mois après l’accident de circulation dont il a été victime à Antibes le 27 juillet 2016, route de Nice. Il vit dans un sarcophage, tétraplégique, incapable du moindre mouvement, dépendant 24 h sur 24. Promis à un bel avenir professionnel, le jeune homme s’apprêtait à rejoindre la direction d’un grand hôtel niçois. L’après-midi du drame, il circulait à scooter quand Aymeric Vosgien, 23 ans, sortait en voiture du boulevard Beau-Rivage après une séance dans une salle de sport, lui a coupé la route. Outre le choc initial, la victime a été heurtée par un autre automobiliste. Me Jean-Denis Flori, avocat de la partie civile, souligne avec émotion la personnalité de «ce jeune homme », « complètement immobilisé, avec, dans son regard, une dignité, une force tant il aime la vie ». Le père d’Anthony, médecin niçois, en peu de mots bouleversants, témoigne « d’une souffrance à perpétuité». L’état de santé de son fils est irréversible. « Il ne peut respirer sans assistance. À tout moment, il peut s’étouffer. »
« Lâcheté ordinaire»
À l’heure du drame, la circulation était très dense, « Aymeric Vosgien, sans la moindre visibilité, s’est engagé », dénonce Me Flori. Un stop, un panneau clairement visible d’interdiction de tourner à gauche et des «zébras» sur la chaussée ne le dissuadent pas. Aymeric Vosgien n’a plus de permis. Non seulement parce qu’il n’a plus de points mais parce qu’un tribunal lui a annulé en 2015 pour un premier écart de conduite. Au moment de l’accident, il trompe les policiers en usurpant l’identité de son frère puis présente le lendemain un faux permis. Hier encore, il a tenté de reporter son procès. Une manoeuvre dilatoire refusée par le président Marc Joando. « C’est un prévenu avec sa lâcheté ordinaire », commente Me Flori. Me Offenbach, l’autre conseil de la partie civile, note que pas un seul euro n’a été versé à titre de provision. Les avocats demandent une avance de 1,2 million pour un préjudice qui pourrait atteindre les sept millions.
Arrêté à la barre
Marie-Nina Valli, procureur de la République, insiste : « Il y a une violation délibérée de son obligation de prudence. » « Une ligne blanche est un mur, on doit s’arrêter. C’est la seule action de l’automobiliste qui a provoqué l’accident. » Le comportement après l’accident du jeune homme indigne le parquet qui note « l’absence de repentir spontané ». « Ce n’est plus de la lâcheté, c’est de l’ignominie. » « Tout en sachant qu’on ne pourra jamais punir M. Vosgien à hauteur des souffrances provoquées », le ministère public demande une peine de quatre ans dont 18 mois sursis-mise à l’épreuve avec l’interdiction de repasser le permis de conduire. « Dans ce dossier de l’horreur », comme le nomme Me Bourgeois, « il y a de la souffrance des deux côtés » « On ne réparera par l’irréparable ». Le chauffard est condamné à trois ans de prison dont un an avec sursis et deux ans de mise à l’épreuve, reconnu coupable de «blessures involontaires avec violation délibérée d’une obligation de prudence ». Un an de prison a été ajouté pour l’usurpation d’identité. 800 000 euros de provision ont été alloués. Le jeune homme, employé d’un snack, a été arrêté à la barre et conduit immédiatement en prison.